dance on our own (jangmi&yubin)

Elle avait besoin d'air. L'atmosphère à Yeosu devenait trop difficile à supporter, et son âme n'a qu'envie de se déchirer en une infinitude de morceaux. Incapable de réellement faire la part des choses, de prendre ces importantes décisions qui lui revenaient pourtant, de contacter son demi-frère malgré la bombe à retardement qui guette son père. Et, après un bon mois de réflexion et de débats internes, elle décide finalement, Yubin, de prendre une décision pour elle-même. Parce qu'elle a besoin d'air, parce qu'elle a besoin de s'éloigner de l'hôpital, de leur appartement, de la ville elle-même.

De retour à Seongyeong, pourtant, elle a toujours cette impression de ne pas pouvoir respirer convenablement. Peut-être est-ce la culpabilité qui la ronge, elle qui délaisse son patriarche en mauvais état pour revenir prématurément à Fantastic Row. Peut-être n'est-ce qu'un peu de nervosité mélangé à une certaine fébrilité, une espèce de retour à la normale vers une vie dictée par une stricte routine qui l'empêche de se noyer trop profondément dans ses sombres pensées. Peu importe la raison, elle cherche à remplir ses poumons d'air frais, espérant peut-être que le changement de décor éclaircisse ses idées.

Mais rien y est. Peut-être a-t-elle besoin de s'occuper. Alors elle retourne à l'intérieur; ses pas veulent la mener en direction de ses quartiers résidentiels pour se changer, ses vêtements actuels n'étant nullement propice à l'entraînement des arts martiaux. Une des seules choses qu'elle connaît, l'un des seuls moyens qu'elle connaît pour empêcher son cerveau de trop penser. Le vide total, le besoin viscéral d'une distraction.

Debout au milieu du couloir, elle s'arrête. Quelque chose qui cloche, un objet non familier qui apparaît au coin de son regard, le tout suivi de bruits étouffés. Des pleurs? Elle fait volte face en direction du bruit, et ses yeux s'arrêtent sur la silhouette d'une jeune fille recroquevillée. Les souvenirs de sa première année sur l'île lui reviennent tel un tsunami, les émotions qui la frappent de plein fouet. Et elle décide, Yubin, qu'elle ne peut pas la laisser toute seule dans son désespoir. Hey, qu'est-ce qui se passe? Accroupie aux côtés de l'inconnue, elle tente de se faire douce, elle revêt son sourire le plus rassurant. Du moins, elle l'espère.

Tout était tellement nouveau pour jangmi. Elle qui avait vécu quasiment recluse pendant trois ans, le trop pleins d'information face à elle était déconcertant. Un trop plein constant. Les lieux déjà. Tout était neuf, beau, brillant. Loin de ce qu'elle avait connu et vu pendant la guerre. La capitale avait été plus que touchée et à cause des bombardements, ils avaient déménagés. Pour un logement de fortune tombant en lambeau. Il y avait le monde. Le pire, c'est que la rouquine savait qu'il n'y avait même pas la moitié des étudiants. Heureusement, ça lui laissait le temps de se réhabituer. Elle qui avait été un tel papillon social avant. Avant lui. Mais plus déroutant encore, il y avait le retour de rae han. Son amant d'un soir, amour de toujours au fond, qu'elle avait tant renié. Pour une morale qui l'avait emmené en enfer. Jangmi le pensait mort et le voilà de retour, bien en chair. Comme le phoenix qu'il représentait, battant la mort.

Alors quand elle était tombé sur cette dispute aux mots si violent, ça avait été la goutte d'eau faisant déborder un verre déjà trop plein. Ce couple, elle ne le connaissait ni d'ève, ni d'adam, mais ils avaient été là. S'insultant de tous les noms, hurlant des insanités au milieu du couloir. Jangmi, elle, à cause de la fatigue, du trop plein, ça l'avait ramené sur cette période maudite. À leurs voix se superposaient celle de son ex-mari. Leurs mots devenaient les siens et elle, elle était de nouveau prostrée. Tétanisée par cette situation, tellement qu'elle en fit tombé le plan qu'elle tenait entre les mains. Panique qui montait, poumons qui luttaient pour se remplir d'air alors que sa vue se brouillait à cause des larmes. Angoisse qui obstruait tout le reste.

Jangmi ne sait pas vraiment comment elle s'est retrouvé dans ce coin du couloir, cachée dans l'ombre, assise à même le sol. Elle sait juste que son corps l'y a emmené. Maigre sécurité alors que tout son esprit était sur off, tentant de revenir au calme, sans y arriver. Un trop plein qui sortait enfin. Elle était tellement déconnectée qu'elle sursaute quand une voix féminine résonne à côté d'elle. ses mains viennent essayer rageusement ses joues, comme pour cacher les faits. Mais de nouvelles prennent aussitôt leur place. « C'est rien, c'est rien, je vous assure. » Mais la voix tremblante de la rousse, ses yeux qui continuent de lâcher des torrents d'eau et ses hoquets traduisant sa quête d'air prouve bien que non, rien ne va. Que tout semble insurmontable à l'instant présent pour jangmi.

C'est rien qu'elle dit, malgré ses pupilles noyées par les larmes, malgré ses poumons à la recherche désespérée d'air, malgré ses lippes instables et tremblantes. Un portrait que trop familier pour Yubin qui a l'impression d'être propulsée dans le passé; de douloureux souvenirs de sa première escouade et de leur violence, l'âme qui se remémore la solitude, la déception et le désespoir. Des sentiments qui tiennent bons, alimentés par l'instinct qui dicte qu'elle ne mérite toujours pas sa place ici malgré ses succès, son rôle de capitaine, la confiance que plusieurs lui accorde.

Elle voit devant elle son reflet, le portrait craché de la jeune fille qu'elle était quelques années auparavant. Seule, apeurée, inquiète.
Désespérée.

Et elle hésite l'espace d'un instant, Yubin; elle se souvient de son désir d'être aidée et appréciée, mais de ce conflit interne avec ses pensées sombres qui préféraient la quiétude des moments solitaires. Peut-être était-ce ce que cette personne devant elle veut également, et tant veut-elle respecter ce souhait, tant elle sait pertinemment que ce n'est pas ce qu'elle a besoin. Ni cette inconnue, ni elle-même dans le passé. Les lèvres pincées, les poings serrés et les ongles qui tentent de transpercer l'épiderme, elle pousse finalement un long soupir avant de prendre une décision.

La voilà donc assise aux côtés de l'inconnue, émulant les événements que son subconscient aurait souhaité trois ans plus tôt. Parce que même si Rae Han a finalement pu la sortir du pétrin une semaine trop tard, peut-être si elle avait eu le courage de tendre la main dans le vide plus tôt, quelqu'un l'aurait attrapé. Peut-être n'aurait-elle pas eu besoin de se noyer seule dans sa misère avant qu'il soit trop tard. T'inquiète pas, c'est pas gênant. Évacue tes émotions, ça va te faire du bien. Elle tutoie son interlocutrice comme si c'était normal, une habitude peut-être malsaine née grâce à son aisance dans l'endroit, l'impression qu'elle connaît tout le monde sans réellement leur avoir parler. Elle ne se pose plus la question, Yubin. Après tout, ils sont tous dans le même bateau.

La tête se dépose contre le mur et ses avant-bras se posent sur ses genoux, l'esprit songeur, un timide sourire aux lèvres et les yeux qui se referment doucement. Les souvenirs qui reviennent au galop, autant les bons que les mauvais. Elle absorbe le tout, s'enivre des expériences et rouvre les yeux soudainement au rythme d'un énième soupir. Première année, c'est ça? C'est toujours difficile au tout début. Le regard toujours braqué vers le plafond, elle revoit malgré elle les événements de cette soirée où Rae Han dû la sortir de sa légion d'origine, faisant naître malgré elle une boule d'émotion au creux de sa gorge. Mais l'important, c'est de ne pas le vivre toute seule. C'est imposant, ça fait peur, mais ça va aller. Promis!

Elle laisse finalement sa tête vaciller sur le côté, les iris pointés en direction de la jeune fille à ses côtés. Moi c'est Yubin, au fait. Et si tu veux, quand tu seras prête, je peux te faire une visite guidée. Je connais cette île par coeur, je crois bien. Peut-être qu'une touche d'humour aidera à rompre la tension, relaxer les aises.

Ça avait été plus fort qu'elle. Jangmi n'avait pas pu empêcher la crise de panique, qui continuait depuis une dizaine de minutes déjà. Elle n'avait jamais été anxieuse avant, mais le retour à la normale, les changements en pagaille, tout cela faisait qu'elle avait explosé. Plus cette dispute affreuse. Elle détestait les enguelades à présent. Elle en devenait paralysée de peur. Alors elle vait tournée les talons, fuit vers un recoin sombre des couloirs et avait lâché les larmes qu'elle tenaient sous clef depuis bien trop longtemps. À travers l'eau coulant de ses yeux et sa respiration hachée, elle avait bien vu cette inconnu venir essayer de l'aider. Elle avait essayer de dire que tout allait bien. Mais même elle ne pensait pas avoir été crédible. Pas alors qu'elle tremblait des pieds à la tête et que chaque goulée d'air mettait un temps infini à entrer dans ses poumons..

La métamorphe mis un peu de temps à se rendre compte que l'inconnue s'était finalement assise à ses côtés. Sans être envahissante, elle offrait une présence douce et réconfortante. Chaleureuse. Ce qu'elle n'avait pas eue à ses côtés depuis des années. Depuis qu'elle avait déserté après cette nuit là. Les mots que l'autre prononce ont du mal à traverser la bulle de panique de la rousse mais ils y arrivent. Évacue tes émotions Ce qu'elle n'avait jamais fait. Alors elle pleure, pour la première fois. C'est long, mais finalement, elle s'apaise peu à peu, ne reniflant plus qu'aléatoirement. Tel un courant agité qui se calme après la tempête. À la question sur son année, jangmi n'arrive qu'à hocher la tête, incapable d'émettre un son de nouveau. Peur de sentir sa voix se dérober sous les émotions. Mais elle se concentre sur le babillage de sa camarade, revenant doucement mais sûrement à un état de calme. « Comment tu peux en être si sûre ? Que tout ira bien ? » Après tout, elle avait bêtement pensé que malgré sa faute avec rae han, tout irait bien dans son couple. On l'avait puni bien assez pour ça, y compris pour ses sentiments qui ne mourraient pas. Alors pourquoi cette fois-ci, ce serait différent ? Pourquoi dans cette école particulière, les choses changeraient ? Peut-être parce qu'ils devaient tous être cassé pour finir ici ? Elle n'en savait pas vraiment grand chose, mais elle avait envie d'y croire. « Je m'appelle jangmi. » Elle se mord les lèvres, ne sachant pas trop quoi dire face à l'attitude de la jeune femme face à elle. La rousse n'en a plus l'habitude, cela fait bien trop longtemps qu'on ne lui as pas réellement témoigné de gentillesse désintéressée. « Ce serait vraiment gentil. J'avoue que je me perds beaucoup, tout est si.... grand. » Alors qu'elle avait prit l'habitude du logement miteux et petit, la voilà à se perdre dans des dédales de couloirs, d'allées, de rues... À ne plus savoir ou donner de la tête. « Désolé. Pour tout ça. Tu n'étais pas obligée de rester. » Elle ne peut empêcher les excuses. on lui avait toujours remis le moindre ennui sur les épaules lors des derniers mois, alors c'était devenu une habitude. Mais elle mentirait en disant qu'elle n'avait pas apprécier la présence réconfortante de l'autre jeune femme.

Armée de cette compassion qui la suit malgré les embûches, elle s'assied, Yubin, à côté de cette inconnue aux yeux détrempés et à l'air paniqué. Et dès qu'elle prononce les mots magiques, évacue tes émotions, la voilà qui s'exécute. Elle ne sait pas trop si elle s'est permise un certain lâchez prise parce que quelqu'un lui a donné l'autorisation, ou si les sanglots et les pleurs se sont amenés par surprise, sans que la jeune femme ne veuille vraiment qu'ils s'échappent. Et elle la laisse faire. Sans oser lui tendre la main ou s'approcher davantage pour lui laisser son espace, sans vouloir s'imposer davantage. Tout ce qu'elle se permet de faire c'est de la regarder attentivement, presque envieusement; cette capacité d'évacuer lesdites émotions que Yubin n'a pas l'impression d'être capable d'avoir, le désespoir qui se bouscule au fond de ses entrailles et la colère qui crispe ses poids, les envies de pleurer qui font naître un blocage dans sa gorge qui l'empêche de respirer, qui ne font qu'empirer son anxiété.

Tout ça, pour être incapable de réellement pleurer lorsqu'elle en a besoin.
Tout ça, pour n'exploser que lorsqu'il est trop tard, et voir rouge.

Alors elle comprend cette réaction quelque peu acerbe de la jeune fille lorsque son état se calme. La vérité, c'est qu'elle n'en est pas certaine elle-même. Est-ce que tout ira réellement bien, comme par magie? N'avait-elle pas vécu l'une des pires semaines de sa vie à même cette école, elle qui s'était inscrite qu'en ayant un but en tête, celui d'aider son père? Tentative qui aura échoué sur toute la ligne. La déception face à cette ruse pharmaceutique, le don qui ne sert à rien, l'année passée si près mais si loin de lui, incapable de faire quoi que ce soit. Et maintenant? Mais elle est toujours là, Yubin. Alors elle sait que peut-être y a-t-il une raison de rester fort. Parce qu'on est tous dans le même bateau. Et même si y'a des gens ici qui n'agissent que pour eux, il y en a beaucoup plus qui préfèrent l'entraide. Alors on est jamais seul. C'est ce qu'elle se dit, c'est l'espoir qui la fait vivre. Parce qu'elle sait très bien qu'elle arrive au bout du rouleau, et elle prend toutes les opportunités qui se tendent à elle.

L'espoir de l'entraide, l'impression qu'elle serait peut-être capable de sauver quelqu'un à défaut de se sauver elle-même. Le besoin d'être le moindrement importante, à défaut de réellement le croire. Peut-être peut-elle apporter un peu de bien dans ce monde, jusqu'à ce qu'elle n'arrive plus à en faire partie. Une bombe à retardement au creux de son âme qui explosera un jour ou l'autre; et personne ne pourra la sauver en retour. Ouais, j'avoue que c'est vachement imposant quand tu entres ici pour la première fois. Et elle arrive à rire doucement, comme si son âme n'était pas noirceur. Ils devraient fournir une carte aux nouveaux, moi je dis. Genre on nous donne une carte de l'île mais une carte de l'école, non? Je sais pas? Bruh.

Entre deux rires, elle tourne son corps entier en direction de Jang Mi, les jambes maintenant croisées. Et elle pousse un énorme soupir, Yubin, une vaine tentative d'évacuer tout ce qu'elle peut ressentir face à cette situation ou en général. Le trop plein qu'elle arrive trop bien à masquer, parfois. T'excuses pas, voyons. C'est normal de réagir fortement quand t'es dans une situation du genre, non? Puis d'une simple poussée elle se relève, main tendue vers Jang Mi, sourire aux lèvres. Quand tu es prête.

Étrangement, après avoir pleuré pendant plusieurs minutes, pendant un temps qui lui semble bien trop long, jangmi se sent apaisée. Comme si, laisser ses pleurs sortir, avait été la solution magique à une agitation qu'elle ne maîtrisait plus. Elle reste marqué par tout ce qui c'était passé, mais avoir eu le droit, l'occasion de pleurer, sans se sentir jugé, sans se sentir coupable d'avoir disparue, sans se dire que tout était de sa faute, ça apaisait son cœur tourmenté. « Je suppose que tu fais partie des altruistes, du coup. » Léger sourire, à peine perceptible, qui vient relever le coin de ses lippes. Mais elle espère, secrètement, que yubin à raison. Qu'elle ne sera plus jamais seule. Même si , grâce à evie, elle sait que ce sera le cas. même si avec les retrouvailles, un peu brouillonnes avec raehan, elle fera tout pour que son cœur guérisse. Le futur continue de lui faire peur. « Merci. Pour ta présence.. » Nuls doutes, la personne face à elle était une belle personne. Une âme bien plus pure que celle teintée de l'infidélité de jangmi. Cette part d'elle qui était responsable de tous ses malheurs selon la métamorphe, qui ne se pardonnerait peut-être jamais son péché.

Avec attention, elle écoute la jeune femme face à elle. Sourire qui grandit un peu plus sur ses lèvres quand elle la voit s'agiter. Elle semble pleine et entière, c'est rafraichissant, face à elle qui se réprime énormément. « Je ne dirais pas non à une carte de l'école, c'est vrai. En plus, je crois que j'ai perdu ma carte de l'île à cause de ma crise. » Moue attristée, mais elle passe vite à autre chose, regardant l'autre jeune femme se lever et lui tendre sa main.  incertaine, jangmi ne peut s'empêcher de scruter le visage de sa vis-à-vis, cherchant l'entourloupe, avant de finalement prendre cette main tendue, comme ce qu'elle était : le début d'une nouvelle relation, loin de tout ce qu'elle avait connu. Un pas vers l'inconnu qui ne pourrait que la guérir. « Merci. Vraiment. » Qu'elle murmure malgré tout face à la jeune femme.

Elles sortent du recoin sombre où elle s'était terré et la rousse se retourne vers yubin « tu m'emmènes où en premier ? » Lueur de curiosité qui s'allume finalement dans les yeux de la jeune femme. C'est un frisson nouveau, celui de l'excitation de la découverte, qui la prend. L'envie de vivre, simplement.

Adossée contre le mur, le regard levé vers le plafond alors qu'elle lâche malgré elle quelques phrases inspirantes, les mots qu'elle aurait souhaité qu'on lui dise lorsqu'elle était dans la même situation; elle a envie, Yubin, de se laisser emporter par ses émotions au même rythme que Jang Mi. Pleurer fait du bien, cette boule à la gorge qui se dissout tranquillement, les muscles qui arrivent à relâcher leur tension lorsque la détresse passe. Mais elle n'y arrive pas, elle n'y arrive jamais. Elle lâche des paroles qui se veulent inspirantes, des mots qu'elle aurait souhaité qu'on prononce à ses côtés lorsqu'elle était dans une telle situation. Elle convainc une inconnue de vivre ses émotions, la chose normale et saine à faire.

Mais elle, elle n'y arrive pas.

Tout ce qu'elle sait faire, Yubin, c'est d'être là pour les autres à défaut de pouvoir être là pour elle-même. Ouais, peut-être bien. Un rire subtilement teinté de chagrin s'échappe au même rythme que ses paroles. L'altruisme mais à quel prix? Jour après jour, elle a l'impression de se perdre, le corps qui s'enfonce dans un gouffre sans fin, l'âme enveloppée par des ombres qui ne veulent qu'elle les rejoigne là où personne n'en revient. Les pensées qui ne la quittent jamais, qui ne font que se taire une fois de temps en temps. Et Yubin fait de son mieux pour les chasser alors qu'elle se redresse devant Jang Mi, la main tendue.

Et elle se demande si elle arrive bien à tout cacher sur les traits de son visage. Tout pour que les autres se sentent en confort; Jang Mi, son escouade, les autres dragons, les autres élèves. Sourire aux lèvres malgré tout en réponse à son énième remerciement, elle aide Jang Mi à se relever lorsque leurs mains se rencontrent. Tiens, prends ça. De ses poches elle sort une carte de l'île, comme par magie, comme si elle avait le pouvoir de matérialiser ce qu'elle veut sur demande. T'es grave chanceuse, tu sais? J'étais justement allé chercher une copie d'une carte pour une nouvelle élève dans mon escouade, au cas où elle perd la sienne aussi. Du coup c'est à toi, et j'en attraperai une autre quand on sera de retour dans le bâtiment principal. Yu-Mi, la seule élève de première année de l'escouade 32, la soeur de celle qui se dresse devant elle. Mais ça, ni l'une ni l'autre ne le sait.

Aaaaalors.... Les deux âmes au milieu du corridor, l'une qui regarde l'autre avec des yeux remplis de trépidation, l'autre qui a le regard à nouveau levé vers le plafond, les bras croisés. Elle laisse finalement échapper un lourd soupir, un geste qui permettra finalement à Yubin d'avoir l'esprit un peu plus clair, moins embrumé par les pensées néfastes qui l'auront pris d'assaut. On est à East Side, du coup je peux te montrer le gymnase, la piscine, tout ça? Et quand on aura tout vu, on pourra retourner dans le bâtiment principal? Un plan infaillible, croit la capitaine.

Même si elle aurait souhaité ne pas le voir, jangmi ne peut s'empêcher de voir le reflet de la tristesse et de la lassitude dans les prunelles de yubin. Elle s'était effondrée, par un trop plein et la jeune dragonne l'avait aidé. Pourtant, la rousse n'arrive pas à lui rendre la pareille. Parce qu'elle sent, au fond d'elle, que sa nouvelle connaissance n'est pas prête encore, à lâcher prise. À laisser la douleur partir. Tout dans sa façon d'être lui prouve que c'est une bonne personne, une belle personne. Mais elle n'est pas prête à laisser ses émotions s'exprimer, même si elle aide les autres à exprimer les leurs. Jangmi ne peut pas lui en tenir réellement rigueur. Il lui avait fallu des années avant de finalement fuir pour enfin parler à evie. Même aujourd'hui, elle renfermait beaucoup de choses en elle, encore. Sa crise de larmes résultait plus de sa crise d'angoisse que d'un réel lâcher prise. Mais en remerciement pour la présence de yubin, elle ferrait tout pour lui changer les idées, et faire disparaître l'ombre dans ses yeux, au moins pour quelques heures.

Avec un sourire, la métamorphe accepte la carte tendu par yubin, l'admirant avec bonheur. « Merci beaucoup ! Elle me sera très utile ! » Elle la regarde rapidement, avant de la tendre aussitôt vers la jeune femme quand elle entend ses dires. « Oh non, je ne voulais pas la priver. Tu peux la garder, je demanderais à ma capitaine d'escouade si je peux en ravoir une ! ». Jangmi ne souhaitait pas poser de problème. Mais heureusement, sa nouvelle camarade la rassure en lui disant qu'elle pourra en récupérer une autre plus tard. Avec délicatesse, la coréenne glisse donc son nouvel objet dans la poche arrière de son jean, avant de reporter son attention sur yubin qui a repris la parole. « Il y a tout ça sur l'île ? Mon dieu, c'est immense en fait ! » Depuis son arrivée, jangmi s'était rendu compte qu'il y avait à faire sur l'île mais plus elle en apprenait, plus elle se disait qu'elle ne finirait jamais de découvrir de nouvelles infrastructures. « Allons-y pour ce programme ! Tu sais s'il y a des clubs ? Des salles de cuisines ? » Elle adirait cuisiner la rousse, alors si elle pouvait repérer les lieux fait pour, elle en ferrait un nouveau repère, c'était certain ! Elle partait pour une nouvelle aventure, mais elle ne se sentait plus aussi démunie, persuadée de s'être faite une nouvelle amie au détour du chemin.

La dragonne décide de joindre ses mains dans son dos, refusant de reprendre cette carte tendue à nouveau par Jang Mi. Non non je te jure, c'était qu'une carte de secours au cas où! Tu en as besoin, alors elle est à toi. De toute façon, ils peuvent en imprimer autant qu'ils veulent des cartes alors faut bien s'en servir, non? Elle dit vrai, Yubin; cette carte qu'elle s'était procurée par simple précaution n'aurait peut-être pas été utile dans son escouade, sans savoir si quelqu'un l'avait réellement perdue. Mieux valait pour tous que quelqu'un dans le besoin, en l'occurrence cette première année prise au dépourvu, en devienne l'humble propriétaire. La carte ne sera pas utile dans l'immédiat, la nouvelle étudiante qui pourra profiter d'une visite guidée grâce aux connaissances de la capitaine, qui énumère déjà un plan de match. Ouais, c'est vachement bien fait quand même. Y'a même un cinéma! Parce que Yubin n'a nommé que quelques immeubles du campus, sans même se soucier des établissements à autres vocations.

Ses mains reviennent devant elle, jointes à nouveau ensemble avec enthousiasme. Okay, let's go! Cette capacité d'être utile pour quelqu'un qui en a besoin aura permis à la dragonne de finalement retrouver un sourire un peu plus sincère, malgré l'absence de lumière au creux de ses iris. Ses mille et un tracas sont toutefois toujours bien présents au creux de son esprit même si repoussés bien loin dans un coin de l'encéphale, cherchant à être oubliés. Ah des clubs, ça pour en avoir, y'en a. Et elle s'apprête à en nommer quelques-uns, avant de réaliser grâce aux paroles de Jang Mi exactement où elle devrait commencer. Et il y a justement un club de cuisine! Y'a Eero dans mon escouade qui en fait partie, c'est un ex-ce-llent cuisinier, on le laisse tous s'occuper des repas comme il aime bien. I mean, je sais cuisiner bien sûr, je me débrouille mais c'est pas une passion pour moi. Elle a peut-être trop parlé, Yubin; et c'est une erreur qu'elle commet parfois, l'enthousiasme qui laisse guider ses paroles sans trop savoir comment s'arrêter, la capitaine toujours aussi fascinée par les talents de son tendre ami et camarade d'escouade.

Par contre, personnellement je suis dans le club d'astronomie, c'est calme, paisible. Et je suis présidente du club d'arts martiaux Sourire amusé aux lèvres, elle lance quelques innocents coups de poing dans les airs, mimant les mouvements qu'elle exécute à la boxe. Hésite pas à aller passer une heure ou deux dans certains clubs, même si tu ne sais pas si tu t'y plairas. On sait jamais, peut-être tu auras un coup de foudre? Yubin, elle aurait voulu rejoindre d'autres clubs. Quelque chose de sportif, ou quelque chose de calme, sans trop savoir si elle a davantage besoin de se défouler ou de relaxer son corps tendu. Pourtant elle n'ose pas sortir des sentiers battus, n'ayant connu que les astres grâce à sa défunte mère et la bagarre grâce à son père qui aura trouvé cette solution pour l'empêcher de se battre contre les autres élèves à l'école.  

Prise dans ses pensées, elle réalise à peine que ses pas les auront menés directement en face du complexe aquatique. Elle a l'impression de reprendre ses esprits en poussant la porte de l'établissement, invitant Jang Mi à y entrer. Okay, nous voilà au complexe aquatique. Y'a de tout ici, des piscines, des toboggans pour s'amuser, des gens qui pratiquent leurs pouvoirs, le club de natation, toussa. Mais on ne la retrouvera pas ici, du moins pas en présence d'autres élèves. La dragonne côtoie les lieux lorsque la nuit tombe, s'assurant que l'endroit est inoccupé avant de tenter de nager ou, du moins, d'apprendre par elle-même comment faire. Une faiblesse qu'elle cache à tous, de peur que quelqu'un s'en serve contre elle, de peur qu'on veuille la pousser volontairement dans l'eau et se moquer de sa misère. Allez, allons aux gymnases. C'est un peu plus ma tasse de thé, perso. Là où elle peut frapper sur autant de sacs qu'elle veut, lever les poids qu'elle a envie, complètement faire le vide de son esprit.

Face à la détermination de la capitaine à lui donner sa carte, Janmi finit par abandonner le combat. Elle saisit le papier pour le ranger soigneusement dans sa poche de jean, se jurant d'y faire attention comme si c'était le plus précieux de ses trésors. « Merci, vraiment. Tu es doublement ma sauveuse ! ». Mais les deux femmes ne s'appesantissent pas sur le sujets, et déjà, la conversation reprend sur ce qui peut se trouver à divers endroits du campus, Les yeux de la rousse s'écarquille de plus en plus, à mesure qu'elle se rend compte qu'en plus du campus, une ville complète est sur l'île pour leur faire supporter au mieux leurs études. Ces yeux se mettent même à pétiller, à la mention d'un club de cuisine.  « Il faudra que tu me montres où est ce fameux club de cuisine ! J'ai bien envie de le découvrir et peut-être de m'inscrire. » En disant ces derniers mots, elle ne peut s'empêcher de mordre ses lèvres, légèrement inquiète. C'est qu'elle ne savait pas si elle était réellement capable de s'intégrer à un groupe, après tout ça... Après Janghyun. Mais elle aimait tellement la cuisine.  «C'est bien que quelqu'un prenne soin de vous avec la nourriture ! C'est le premier moyen de gagner le moral ! » Du moins, c'est ce que disait son père, à chaque fois. Faces aux recommandations de la jeune femme, elle hoche doucement de la tête, incertaine de si elle le ferrait ou non. Elle tenterait le club de cuisine, c'était certain. Mais pour le reste... Rien n'était moins sûr.

Avec de grands yeux, la rousse observe le complexe aquatique.  « On est vraiment dans une école ? Il y a tellement de choses incroyables... Des fois, je me demande si je ne suis pas entrée dans un univers parallèle. » Et c'était vrai. Depuis son arrivée à Fantastic Row, Jang Mi en avait vu tellement et si peu à la fois qu'elle avait dut mal à tout associer avec la réalité. Toujours attentive, elle suit Yubin vers les gymnases et les parties consacrées aux autres sports.  « Tu y passes beaucoup de temps, non ? Dans les gymnases, je veux dire. » Depuis qu'elles avaient franchis la porte, et que sa nouvelle camarade lui montrait les divers lieux, une nouvelle énergie émanait d'elle, plus apaisée.  « On peut venir y faire du sport, même sans faire partie d'un club ? Imaginons, je veuille faire du cross-fit toute seule, je peux ? » Jangmi n'avait, bien évidemment, jamais fait de ce sport. Mais elle cherchait à comprendre et appréhender au mieux les règles de ce nouvel endroit. Et elle savait qu'elle manquait cruellement d'endurance et de qualités sportives. Alors si elle pouvait venir s'entraîner seule, sans personnes pour la juger, elle ne dira pas non, bien au contraire.