When the past finds us - ft. Narae

TW : Traitements médicaux lourds, exploitation médicale d’enfant, bébé médicament

C’est une nuit d’encre, une où on a l’impression que les étoiles ne brillent pas. Yejun est appuyé contre la balustrade de la terrasse, cherche la polaire sans pour autant la trouver. Elle est là, le restera jusqu’à la fin des temps, mais ce soir, il ne la voit pas. Il a quitté sa chambre une vingtaine de minutes plus tôt et s'est retrouvé ici sans savoir comment. Ses pas l’ont guidé, ont su mieux que lui où il voulait aller ; devait aller. La brise qui caresse son visage et le décoiffe est légère, mais beaucoup trop faible à ses yeux. Elle s’intensifie alors parce qu’il l’a décidé, est plus chaude qu’il ne le voudrait. Son regard est toujours perdu au loin, sans savoir sur quoi se poser. Il soupire, ignore pourquoi il est plongé dans cet état tout sauf agréable.

Le passé le rattrape souvent, beaucoup trop à son goût. Il se surprend à trop penser, trop de questions sans réponse et de réflexions coincées ailleurs, inatteignables. À ses yeux, c’est presque une honte de s’accrocher à ce qui n’est plus, à ce qui ne nous appartient plus, ou à ce qui ne nous a jamais appartenu. Il a l’impression de faire un bond dans le temps, revenir à ces années sombres, et paradoxalement douces. Il se souvient des murs, des bruits, des odeurs, du poids de l’atmosphère au sein de cet endroit qu’il n’a jamais aimé, qui l’a toujours effrayé. Il se remémore la souffrance enfermée à l’intérieur, gardée loin de ceux qui ont la chance de ne pas être retenus. Il n’était qu’un témoin, un spectateur ensuite devenu acteur, a contribué à retenir sa grande-sœur un peu plus longtemps parmi les vivants. Et finalement, beaucoup plus. C’est en fouillant les papiers pour le procès qu’il a vu, a lu les lignes qui ont eu l’effet d’un coup de couteau dans le ventre.

Ce n’est pas qu’elle qu’il aidait, mais aussi d’autres. Un corps en si bonne santé, ce serait du gâchis de l’utiliser uniquement pour une seule personne. C’est le déclic qui l’a poussé à se battre jusqu’au bout, mais aussi celui qui l’a complètement fermé. Peut-être que les choses auraient été différentes si ce n’avait pas été le cas. Mais on referait le monde avec des “et si”.

Malgré tout ce cauchemar, il y avait de la douceur, un amour inconditionnel qu’il ne pourra jamais oublier ; qu’il aimerait ne jamais oublier. Il se souvient de ces heures et de ces nuits qu’il passait aux côtés de Yeona, où il lui racontait ses journées, lui décrivait la couleur du ciel de cette dernière, la sensation de la brise dans les cheveux… Elle avait pris l’habitude de passer ses mains dans sa chevelure pour l’aider à s’endormir, et ça marchait à chaque fois.

C’est une habitude qui l’a toujours suivi, et ce encore aujourd’hui. Il utilise le vent pour recréer au mieux la sensation de la douceur et de la chaleur de sa sœur, sait pourtant que rien ni personne ne pourra la remplacer. Chaque jour qui passe l’éloigne d’elle, arrachant les souvenirs un peu plus. La peur d’oublier serre le cœur, est un sentiment terrible que malheureusement énormément d’autres vivent. Son visage devient flou, il peine à se remémorer son sourire, ses rires, le son de sa voix. Il s’accroche comme il peut à ce qui lui reste ; une photo et une vidéo. Le reste est parti en cendres lorsqu’il est parti, et maintenant il ne reste que des bribes de souvenirs qui s’effacent, à l’image des dessins sur le sable balayés par les vagues.

[...]

Yejun secoue sa tête, peste alors qu’il réalise qu’il s’est encore perdu trop loin, qu’il s’est aventuré sur un chemin qu’il aimerait barrer l’espace de quelques instants. Il regarde l’heure sur son téléphone, remet ce dernier dans sa poche avant de récupérer le verre de sirop de framboise qu’il s’est servi en sortant.

Une heure du matin.

Il boit quelques gorgées, repose le tout sur la table avant de se dire qu’il faudrait peut-être qu’il rentre dans une trentaine de minutes au maximum.

Et puis Pyo Narae apparaît dans son champ de vision. Visiblement, elle aussi est encore debout. Lorsqu’il croise son regard, il l'invite à le rejoindre d’un geste de la main, vient ouvrir la porte de la véranda un peu plus pour l’inciter à ne pas passer son chemin.

Son expression vidée par le passé se change alors en celle qui habille toujours son visage, ces yeux pétillants de malice et ce sourire qui lui est propre ; d’un charme au goût de poison. Il ne la connaît pas plus que ça, mais il l’apprécie. Son caractère semble bien être compatible avec le sien ; ils se ressemblent sur bien des points, mais les mots n’ont jamais été placés. Sans doute parce qu’ils n’en ont pas besoin

- Toujours debout ?

Il se retourne pour saisir son verre et le lever devant ses yeux comme s’il trinquait avec elle.

- Attrape un verre dans la cuisine et la boisson que tu veux si tu n’es pas fan du sirop de framboise. Tuons le temps ensemble.

Ses mots sont accompagnés d’un clin d’œil alors qu’il la laisse filer. Mais quelques secondes avant qu’elle ne passe la porte, il ajoute une dernière chose.

- Si tu y penses, prends le paquet de pim’s framboise que j’ai laissé sur la table ? On pourra le partager… Si jamais tu aimes ça.

Encore un sourire.
Il sait que ces gâteaux sont haïs par bien du monde.

TW : Maladie grave

SONG / OUTFIT - Il y a des soirs comme ça, où elle sent ses angoisses prendre le dessus sur son corps. Les membres de son corps sont lourds, un poids très gênant se fait sentir au niveau de sa gorge. Cette boule, cette putain de boule, qui parfois revient lui rappeler qu'elle ne sera jamais complètement heureuse et épanouie.

Et pendant les entraînements, ça s'est senti.
Elle était pas dedans, Narae. Elle a laissé échapper des cibles, a perdu de vue l'objectif, n'a pas été attentive à ses camarades. Elle s'en est voulue, mais elle a tenté de garder toutes ses rancoeurs pour elle pour ne pas impacter son équipe. Après tout, ils étaient ses amis les plus proches ici. Mais de la soirée, personne ne l'a vu. Elle a passé la soirée enfermée dans sa chambre, n'a rien mangé, s'est contentée de prendre sa douche et de filer s'assoir sur son lit, en tailleur, à faire des exercices de respiration qu'une sophrologue lui avait appris.

C'est un de ces soirs, où même si la lune brille et éclaire le chemin des égarés, Narae, elle, n'y voit que de l'obscurité. Ca l'envahit, et elle disparaît dans cette noirceur. Les exercices de respiration ne mènent nulle part, et c'est comme si son cerveau avait cessé de fonctionner pour l'obliger à subir de plein fouet ses angoisses. Et que c'est dur, de ne rien montrer. De faire comme si tout va bien.

1H du matin.

Elle ne dort pas, elle a passé la première partie de nuit sur son téléphone à regarder des vidéos débiles sur le net. Les angoisses sont parties, mais maintenant, elle a faim, et elle se souvient que Miguel avait cuisiné de délicieux tacos ce soir. Alors elle se lève, à pas de loup, pour ne pas faire de bruit qui pourrait déranger ses camarades et les sortir de leur sommeil. Alors, c'est naturellement qu'une fois dans la cuisine / salle à manger, elle se dirige vers le frigo pour voir ce qu'il restait du dîner. Elle sort alors une assiette d'avocat découpés avec des morceaux de poulet et se tourne pour la poser sur le plan de travail, lorsqu'elle voit Ye Jun, son copain d'escouade, debout sur la terrasse. Elle s'immobilise et le toise d'un regard à mi-chemin entre le choc et l'incompréhension. Qu'est-ce qu'il faisait encore debout à cette heure-ci?

Il l'invite à le rejoindre. La blondinette range ses cheveux derrière ses oreilles et attrape l'assiette, commence à s'avancer, avant de s'arrêter lorsqu'il lui montre la bouteille de sirop de framboise. Elle secoue la tête. Hmm. Non, je vais boire de l'eau. dit-elle avec une grimace, ya que l'eau qui fait passer la soif. Elle se prend un grand verre d'eau qu'elle se sert directement du frigo, puis le rejoint. Elle pose d'abord son assiette et son verre sur la table basse de la terrasse. Ah, attends, je vais le chercher. Après tout, un petit dessert pour son repas de minuit, ça peut être pas mal. Au passage, elle pense à prendre une fourchette et retourne sur la terrasse pour s'installer sur la banquette. Ses jambes nues viennent se croiser alors qu'elle s'assoit en tailleurs sur la banquette, son assiette entre les mains. Elle commence à manger un morceau de poulet avant d'écarquiller les yeux. Oh, bordel. Il a abusé sur le piment, non? marmonne-t-elle, parlant de Miguel. Sacré robot. Elle avale sa bouchée de poulet puis prend immédiatement son verre d'eau pour faire passer ça, avant de lever les yeux vers Ye Jun. Est-ce que c'est une indigestion liée au piment des tacos qui te tient éveillée? un sourire discret étire le coin de ses lèvres.

TW : Traitements médicaux lourds, exploitation médicale d’enfant, bébé médicament

Le présent nous berce, le futur nous tend les bras, alors pourquoi on revient toujours vers le passé ? C’est une relation toxique dont on ne peut se détacher ; parce qu’elle nous appartient, qu’elle est une partie entière de ce qui nous compose. On aime et on hait, avant de revenir à la case départ, suivre le cours d’un cercle vicieux dont on ne pourra jamais se détacher. Les bons souvenirs restent, tout comme les mauvais. On dit qu’il faut prendre le meilleur, mais si le monde est fait de nuances, alors comment pourrait-on ne garder que ce que l’on aime ?

Yejun se tourne vers Narae, esquisse un sourire, puis se met à rire en la regardant apprécier le poulet dont la chair est visiblement bien relevée.

- C’est Miguel, rien ne m’étonne avec lui. Il a quand même un sérieux truc pour ne pas du tout savoir doser les quantités.

À ses yeux, il ne peut y avoir meilleur robber que Miguel. Yejun imagine les autres escouades être vertes de jalousie, et il y a de quoi. Miguel est toujours présent pour mettre l’animation, leur offrir des moments et soirées inoubliables pour décompresser, se changer les idées ou tout simplement profiter. Il leur permet de créer de bons souvenirs à garder en entraînant le reste de l’équipe avec lui. Ces derniers font d’ailleurs maintenant partie du décor du jeune fantastic, de sa vie.

Il l’a embrassé cette dernière il y a un an, tirant une croix sur ce qui était dorénavant derrière lui. Ce fut la dernière fois qu’il a supporté les aiguilles, les murs d’un blanc immaculé trop parfait, de l’odeur et des bruits qui traînent en leur sein. Depuis il ne supporte plus l’idée de mettre les pieds dans un endroit trop blanc, d’entendre ou de sentir quoi que ce soit qui lui rappelle les terreurs noctures. Il en devient parfois maniaque, porte un masque lorsqu’il fait le ménage, l’odeur du “trop propre” lui donnant la nausée, il pète un cable lorsqu’on oublie d’éteindre le micro-onde ou encore le lave vaisselle ; les “bips” incessants qui rendent fou.

Finalement, tirer un trait est plus facile à dire qu’à faire, et Yejun n’est même pas certain d’en avoir vraiment envie. On dit que le rejet est plus facile que l’acceptation, et c’est vrai.

- Non et encore heureux ! Je remercie mon métabolisme de bien digérer le piment et les épices.

Il a toujours été en très bonne santé, particulièrement fort et résistant. Pas naturellement, mais grâce aux jeux trafiqué de la génétique

- J’arrivais juste pas à fermer l’œil.

Un soupir passe ses lèvres alors qu’il hausse les épaules, attrape un pim’s sur la table basse tout en venant se poser aux côtés de la blonde. Il s’amuse toujours de la voir déguster son tacos. Au vu de la couleur du poulet, il n’est pas vraiment pas difficile de deviner que Miguel a dû vider le pot de piment avant d’aller en racheter un autre, ni vu ni connu.

- Ça va, tu tiens le coup ? Tes gènes mexicains cachés te portent sur la voie des tacos ?

Il se permet une petite remarque, rit même à cette dernière. Son regard croise celui de Narae, et il l’observe, cherche la petite étincelle dans ses yeux qui lui dirait qu’elle est amusée. Et puis il le remarque, ce tatouage sur son bras.

- “how far you’ve come.” C’est beau. Est-ce que ça a une signification pour toi ?

Les tatouages l’ont toujours intrigué. Si certains en font pour l’esthétique, sur un coup de tête ou simplement à cause d’un pari, il sait que la plupart en font surtout pour graver quelque chose dans leur peau, quelque chose qui leur permettra de se souvenir pour ne jamais oublier. Lui n’en a jamais fait, et même si maintenant il pourrait, il ne le fera probablement jamais. On ne peut pas être donneur si on est tatoué. Et même si Yejun n’en est plus un, quelque chose reste au fond de lui, l’empêche de l’accepter.

- Évidemment, tu n’as aucune obligation envers moi.

TW : Maladie grave

SONG / OUTFIT - C'est fou ce que ça lui fait du bien, l'air frais de la nuit sur son visage chauffé par les émotions, le stress, les angoisses. Elle ne le dira jamais à haute voix mais là, tout de suite, assise sur ce fauteuil à la lumière du petit luminaire de leur terrasse, elle se sent déjà mieux. Mais bientôt, la sensation de chaleur sur ses joues va être remplacée par une sensation de chaleur désagréable dans sa bouche.

Le piment qu'utilise Miguel pour assaisonner ses plats était immangeable pour Narae. Mais, comme elle avait faim, elle allait se faire violence. Au pire, un verre de lait et ça partira. Un sérieux problème. reprend-elle après la première déclaration de Ye Jun alors qu'elle boit un peu d'eau.

Sa question, posée sur le ton de l'humour, cache en fait une curiosité qui la pousse à se demander pourquoi Yejun est toujours debout à cette heure-ci. Depuis qu'ils étaient entrés dans l'escouade 7, ils n'avaient pas pu échanger aussi longuement que comme ils s'apprêtent à le faire, et elle est certaine qu'il y aura un avant et un après cette nuit. Quand il parle de son métabolisme, elle ne peut s'empêcher d'esquisser un maigre sourire tandis que son cerveau lui rappelle qu'elle n'a pas la chance d'avoir ce même métabolisme.

Du moins, elle ne l'avait pas. Le Radiant a peut-être changé la donne, maintenant.

Yejun vient s'assoir à côté d'elle tandis qu'elle continue de manger le poulet piquant. Elle ouvre la bouche en grand et commence à souffler longuement. Tu sais quoi? C'est un miracle qu'il n'y ait pas de feu qui sorte de ma bouche là. et elle étouffe un éclat de rire pour ne pas réveiller les voisins et surtout Hyunsu, qui dormait Elle pique des morceaux d'avocats pour apaiser tout ça et ça marche. Elle se demande si elle na va pas manger QUE des avocats, finalement.

Alors qu'elle attrape son verre pour boire, elle entend Yejun parler du tatouage qu'elle a sous sa clavicule. Elle laisse planer un silence à sa question alors qu'elle fixe la phrase écrite en anglais, dans une calligraphie parfaite, qui embellit son corps, malgré la réalité qui se cache derrière. Elle grimace, puis finit par boire plusieurs gorgées d'eau, avant de poser le verre. Son copain d'escouade veut la mettre à l'aise, mais elle ne voit pas d'inconvénient à raconter. Après tout, personne ne lui avait demandé pourquoi ce tatouage. Il était un des rares. Elle ne voulait pas se confier à n'importe qui là-dessus, mais Yejun allait être, s'il ne l'était pas déjà, une part importante de sa vie et de ce qu'elle appelle "la famille qu'elle s'est choisie". Alors elle secoue la tête plusieurs fois. Non non, ya pas de mal. Elle se tourne vers lui et lui sourit, énigmatique. Tous mes tatouages ont un sens. elle baisse la tête pour regarder le principal concerné. Celui-ci particulièrement. Ouf. Ca fait mal, et son coeur se met à battre. Pour cela, une seule solution: un peu de détente. Elle se penche alors sur la table basse de la terrasse, la décale et sort d'en dessous de quoi se rouler un pétard. Du cannabis qu'elle avait elle-même préparé. Elle se fait son mélange, roule la feuille et sort de sa boite secrète un briquet pour allumer le bout du joint.

Hé. déclare-t-elle en remettant la boite sous la table. Ca, t'en parle pas à Wonseok. J'sais pas si tu le connais mais interdiction de lui en parler, il me tuerait sinon. Et à juste titre.

Elle tire quelques taffes sur son joint avant de le poser dans le cendrier. J'ai été malade. Genre... Gravement malade. Elle grimace, et se permet de prendre un pims histoire d'avoir un goût agréable en bouche. Du sucre, quoi. Elle finit par avaler la dernière bouchée, puis elle rajoute: En fait, pour tout te dire, je suis censée être morte à l'heure qu'il est. Elle acquiesce plusieurs fois, pensive, le regard droit devant elle. Elle reprend son pétard. J'lai jamais dit à personne. C'est encore difficile d'en parler. Et elle lui tend son joint. Et ça, c'est le seul moyen que j'ai trouvé d'en parler le coeur léger, sans m'angoisser.  Un allié de taille.

TW : Traitements médicaux lourds, exploitation médicale d’enfant, bébé médicament

Chacun a sa manière de s’évader, d'échapper à une réalité qu’on voudrait être factice. Il en faut parfois peu, un simple coucher de soleil faisant l’affaire. C’est regarder l’horizon, se demander ce qu’il y a au-delà, imaginer tout ce que l’on souhaite, des choses réalistes comme inatteignables. Et puis, il y a le “reste”, les méthodes sur lesquelles on ne pose aucune étiquette. Des moyens qu’on ne juge pas, qui ne peuvent être soumis à une morale. Si certains arrivent à passer outre les tourments, d’autres n’osent même pas faire un pas en avant, sans doute par peur de se blesser. “ Tu as ma parole, je ne lui en parlerai pas. ” Il ne ment pas, et ça s’entend dans sa voix.

Il lui donne de l’espace, regarde la fumée du joint s’envoler vers les étoiles, emportant avec eux un sentiment indescriptible qu’il ne pourrait pas nommer. La discussion tend vers des sujets lourds, mais l’atmosphère qui règne est légère, contraste avec leurs mots. On sent qu’il n’y a aucune once de jugement, aucun regard de travers. Yejun découvre une nouvelle facette de Narae, une qu’il n’aurait jamais pensé pouvoir exister. Elle est toujours solaire, souriante et bourrée d’énergie à un point tel où il a parfois du mal à la suivre, lui qui est constamment en mouvement. Elle est sa version féminine, et lui est sa version masculine. Ils dégagent la même énergie, un charme indéniable, et pourtant chacun ayant le sien.

Comme quoi, les apparences ne veulent pas tout dire, et ceux qu’on a en face de soi ne sont pas forcément ceux que l’on imagine être. Les réputations suivent, qu’elles soient valorisantes ou non. Mais au final, nous sommes tous humains.

“ Je comprends. Ce ne sont pas des sujets faciles à aborder. ” Il marque une pause, en profite pour reprendre un pim’s et une gorgée de sa boisson. “ En tous cas, je te remercie. Ça me touche que tu veuilles bien me partager tout ça. Même si le joint aide sans doute aussi. ”

Il a toujours cette pointe d’humour, mais elle n’est aucunement moqueuse. Yejun n’a pas forcément l’air d’être le plus sérieux, mais il est loin d’être le clown de service qui a pour job d’amuser la galerie. L’histoire de Narae le touche profondément, bien plus qu’il ne le voudrait. Il ne fait pas que concevoir ; il comprend. C’est un mot fort, orgueilleux et déplacé lorsqu’on ignore ce qu’il y a derrière. Mais ils se connaissent, et même si ce n’est pas encore très bien, elle sait probablement qu’il choisit toujours ses mots avec parcimonie. Alors l’utilisation de ce dernier n’a pas juste été lâché dans le vent ; il était réfléchi.

Avec un sourire, il décline poliment le joint qu’elle lui propose. Il n’a jamais touché à tout ça. Aux cigarettes, aux joints à la drogue… Tout ce qu’il a consommé, c’est de l’alcool, et ce jamais en grande quantité. Il a d’ailleurs mis beaucoup de temps avant de boire son premier verre. Aujourd’hui encore, il peine encore avec tout ça, mais il aime partager avec son escouade et ses amis. L’idée de boire sonne encore fausse dans son esprit, comme s’il n’en avait pas le droit. Et jusqu’ici, c’était le cas. Il n’a rien fait qui puisse le rendre inapte à être un donneur. Et même s’il n’est plus un, le blocage mental l’empêche de faire quoi que ce soit, de sauter quelconque barrière.

“ Je n’ai pas le droit de bousiller mon corps. ” Et puis il réalise, se fige complètement alors qu’il regarde ses pieds, incapable de regarder Narae. “ Je suis sincèrement désolé !!! Ce n’est pas du tout comme ça que je voulais dire les choses. Ça doit sonner comme une sorte de jugement hautain.. Mais je te le promets, c’est tout sauf le cas ! ”

Il n’est plus vraiment capable de faire face, simplement de ne pas être un connard et de respecter son amie qui lui parle de quelque chose qu’elle a toujours gardé pour elle. Un poids qu’elle traîne silencieusement, avec les souffrances qu’il implique.  

“ Je te demande pardon Narae. ”

Il finit par relever la tête vers elle, présente ses excuses, dont personne ne pourrait questionner la sincérité.

“ Ce sont juste des mauvaises habitudes qui sont revenues. Ce genre de chose qui reste. J’imagine que tu le sais sans doute beaucoup mieux que moi. ”