easier to let it burn

Pas la peine de mentir. . Leurs regards se croisent, instaurant un certain inconfort entre les deux. Le dragon est bien trop honnête pour se montrer déférent, lorsqu’il a déjà aperçu des repas esquivés ou des mensonges pour ne rien avaler. Pire encore en prenant le poignet pour le soulever devant leurs yeux, vers les marques sur les phalanges définis par cette habitude. Cependant, il ne l’a jamais jugé ou mis en avant la problématique devenue malsaine et dangereuse. Il lui lâche doucement son poignet en penchant très légèrement la tête sur le côté, la menace certaine de ne pas venir lui déblatérer des mensonges. Nous ne sommes pas des gamins, je ne vais pas te réprimander. . Il n’est, dans un sens, personne l’un pour l’autre.

Toutefois, il peut comprendre, d’où le manque de jugement. Il lui fait un signe de tête de le suivre, puisque rester devant les toilettes n’est sans doute pas la meilleure des solutions. Qu’est-ce que c’était ? . Le repas. Du plus petit aliment à plus imposant, même s’il suppose que tout et rien n’est tout de même suffisant pour régurgiter la totalité. Eero n’est pas à ce stade, cependant, il prend du temps pour manger et le réalise souvent en solitaire pour ne pas déranger les autres à cause de sa lenteur. Ainsi que la cuisine, les effluves lui permettent de se remplir l’estomac, sans avoir besoin de mettre tout cela dans sa bouche et de l’engloutir à la fin. L'offrant à quiconque le souhaite et il connait suffisamment de petits gloutons pour cela.

Hum. Je vois. C’est la seule fois que tu t’es rendu ici aujourd’hui ? . Est-ce le premier rendu ou bien est-ce que cela est un autre parmi les innombrables déjà présents ? Il ne serait pas étonné du second choix et encore une fois, il ne démontre aucune animosité. Il ne peut pas en vouloir à quelqu’un qui ne va pas spécialement bien et qui essaie de trouver des solutions à ses pensées, à sa vie et à ses maux. Ça ne te dérange pas si je bois quelque chose ? Tu veux, toi aussi ? . Pas de nourriture. Une boisson, au moins un liquide à engloutir pour avoir un semblant dans l’estomac qui en manque cruellement.

Son assurance, son insolence, des armes pour se protéger de la réalité. Celui qui clame sa liberté, encore hanté par les mots d’un paternel sans pitié. Les chaines du passé qui ne cessent de tinter, accrochées à sa cheville. Les tatouages pour s’émanciper de ce regard déformé. Jamais assez bien, jamais assez fort, jamais assez beau, pour satisfaire les standards d’une famille déviante. Une obsession des rondeurs, des calories ingurgités. Lui qui se noyait dans l’alcool et autres substances capables de faire taire les voix dans son crâne.

La honte d’être surpris. Le soulagement peut-être. L’air fier malgré sa faiblesse. Il se l’était juré Haoran, de ne plus laisser qui que se soit lui faire du mal. Avouer, c’était prendre un risque. « Qu’est-ce que tu veux Sherlock ? » Son poignet récupéré, la bouche rincé, il aurait pu prendre la fuite, mais ses pas le mènent vers l’autre. « Qu’est-ce que ça peut foutre ce que c’était ? C’est pas important.»  Il ne l’avait pas gardé dans son estomac. Il était la le résultat. Toujours le même depuis trop d’années. Un coup à sa réputation de plaisantin, de celui que rien n’atteint.

« Dis donc, t’as l’air de vouloir vachement de détails. T’es un de ces pervers qui aiment se nourrir de la faiblesse des autres ? … C’est la première fois. » qu’il concédait, au fond de lui, rassuré de ne plus avoir à supporter seul ce secret qui le rongeait. « De l’eau. » De quoi se remplir l’estomac sans culpabilité. Enfin, il observe sa main, cette marque sur son doigt qui hurlait son mal être, que personne ne remarquait. Lui, il avait su. Comment ? Alors à son tour d’attraper le poignet du dragon, cherchant une trace. Rien. « Tu fais pas partie du club pourtant… » L’incompréhension, c’était tout ce qui se lisait dans ses pupilles.

Il est tellement habitué par le phénix aux insectes que le ton véhément et les mesures agressives pour se protéger ne l’atteignent plus, en se contentant de rouler des yeux et d’adopter pour la nonchalance. Il ne réagit même plus à la férocité des mots, hochant la tête avec simplicité comme un adulte attendant avec patience que la crise de l’enfant passe d’elle-même. Voilà. Les derniers mots s’écorchent, mais se libèrent dans un souffle, ce qui lui suffit à comprendre qu’il n’a pas réitéré aujourd’hui. Eh bien, viens. Allons dans la cuisine pour aller boire quelque chose. . Même de l’eau, tant qu’il y a quelque chose. Ce n’est pas la meilleure option, toutefois, il préfère cela que de le retrouver la tête dans la cuvette pour un second round. Image qui serait, ni charmante, ni même appréciable.

Il cligne des yeux en s’arrêtant, se retournant avec les sourcils et le regard presque mauvais de son poignet attrapé. Qui se dégonfle en baissant les yeux vers la source de la confusion et soufflant du nez, attendant sagement que l’autre lui permette de s’en dégager. Oui et non. Disons qu’on n’utilise pas la même méthode, tous les deux. . Eero a saisi avec netteté le désagrément, ce que l’un ne peut dissimuler sans connaissances au préalable, mais il attend de passer les portes de la cuisine pour continuer sur sa lancée. Toi, tu te vides, moi, je me gave. . Bon. Il sait qu’il taquine, mais il aime bien le tempérament de feu des oiseaux qui s’enflamment aussitôt et qui demeure un régal pour ses yeux et ses pensées intrusives.

Le dragon sort des verres et l’eau très rapidement, en même temps que quelques casseroles et autres petits ustensiles. Les odeurs. Quand tu as le nez totalement dedans, tu finis par ne plus avoir faim. . Il n’a aucun mal à délivrer ce petit secret puisque l’autre en fait tout autant. De plus, Haoran pourrait essayer cette technique, mais les habitudes sont très difficiles à perdre une fois marquer depuis les années. La marque en atteste avec lourdeur et s’il est rebuté par la cuisine, les effluves sont ses ennemis. Ça doit te donner un dégoût affreux, tu dois tout fuir comme la peste, je suppose ? . Les repas, cette salle, tout ce qui peut être combiné ou rapprocher de la nourriture.

Silencieux, chose rare, presque obéissant, à suivre celui qui avait deviné ce secret trop lourd à porter. Des années de souffrance, les réflexions incessantes sur son physique disgracieux. Une rébellion à coup d’encre et de bijoux incrustés dans la peau. De quoi faire se retourner son père dans sa tombe. Un sentiment de satisfaction quand il imaginait la rage dans son regard. La tête légèrement penchée sur le côté, le poignet rendu à son propriétaire, il essaie de comprendre. Sa satisfaire des odeurs, pour remplir son estomac ? Etrange. Pas plus que lui, quand il mettait son doigt au fond de sa gorge.   Tu sais cuisiner ?  Contrairement au phoenix, un danger pour les autres. Raison pour laquelle il s’était inscrit au club de cuisine. Pour combattre sa faiblesse, ne plus se laisser dominer par des troubles qui prenaient trop de place dans sa vie.

Le verre d’eau roule entre ses mains, avant d’en boire une gorgée.  Ouais. Je déteste ça, mais je me force. Hors de question de perdre et de me laisser écraser par cette merde.  Son esprit compétiteur reprenait le dessus. A chaque fois qu’il se faisait vomir, c’était comme donner la victoire à son géniteur. De lui prouver que son éducation et sa violence avaient encore de l’effet sur lui. Hors de question de ployer le genou.   Apprend moi. A faire à manger.  S’obliger  à mettre le nez dans la nourriture, et l’éloigner lui, de toutes ces effluves qui l’empêchaient de s’alimenter. C’était plus facile, quand l’autre exposait sa vulnérabilité.

Le dragon, il rendait plus calme. Maîtrisant son impulsivité et une colère qui ne cessait de gronder au fond de lui. Si t’es assez patient. Haoran, pas toujours facile à supporter (jamais). C’était comme une lueur d’espoir, un moyen de se débarrasser de cette honte qui lui collait à la peau.

Oui. Je cuisine et je pâtisse également. . Il se rend compte que la plupart de ses relations amicales tournent autour de la nourriture, puisqu’il en réalise pour les autres bien plus qu’à lui-même. Devenant une habitude à offrir auprès des personnes qu’il côtoie et qui engloutissent le tout en lui octroyant des compliments qui le rendent perplexe. Au moins, son interlocuteur ne rechigne pas à un verre d’eau, ce qui l’arrange en continuant de son côté, acquiesçant face à l’esprit de compétitif et plutôt revanchard contre cette pourriture qui bouffe la vie. Sans pour autant savoir si la raison est justifiée et justifiable. Et tu n’as jamais essayé de faire par étape ? Pas manger dans une grande pièce avec toutes les odeurs et les plats, mais à part pour commencer ? .

Et arrêter progressivement de rendre le contenu à chaque bouchée avalée. La question le fait cligner des cils durant de longues secondes, surpris par la demande de son voisin. Il lui colle une pichenette sur le front, le sourire en coin face à la réaction du phénix à son encontre. Tous les mêmes. Je suis patient. Et je vais t’apprendre. On commencera par du simple et des choses plus faciles à digérer pour commencer. Est-ce que tu as des allergies ou des choses que tu ne peux pas manger ? . Il le menace du regard et d'un petit étrangement s’il ose lui dire « tout ». Il n’est pas absolument pas gêné, apprenant également à être plus pédagogue et un peu moins abrupt.

Je te pose tout de même une condition : on fera des petites portions et tu n’iras pas le rendre dans les toilettes. Je ne vais pas t’aider pour que tout soit balancer inutilement. . Que l’effort provienne des deux côtés. Eero comprend bien que la demande est justement faite pour cet objectif, néanmoins, il aimerait l’entendre de vive voix. On pourra alterner et faire quelques pâtisseries aussi. Tu pourras tâter d’autres senteurs comme le sucre, la farine ou le chocolat. Et la manière est différente aussi. . Cela aidera peut-être son interlocuteur à se familiariser avec ce monde culinaire et qui sait, soigner doucement le problème.

Ça le faisait sourire, d’entendre ce genre de mots. Haoran, il n’était pas connu pour prendre son temps. Bien au contraire. Persuadé qu’il pourrait mourir du jour au lendemain, c’était à toute allure, qu’il avançait dans sa vie. Je suis pas doué pour y aller en douceur. C’était tout ou rien. S’il connaissait les origines de son mal, il n’avait jamais cherché à le comprendre. Alors, c’était étrange d’en discuter avec un inconnu, en toute banalité. Je suis pas très constant sur mes repas L’appétit souvent coupé par les différentes drogues qui rythmaient son quotidien.

Surpris par la pichenette, la tête légèrement penchée sur le côté avant de boire une nouvelle gorgée. Je mange tout. Ça dépend juste des moments. Parfois, ça me pose pas de problème et parfois… Pas besoin de lui donner plus de détails. Cuisiner était un véritable défi, de quoi combattre les idées stupides que son père avait réussi à planter dans son esprit. Des mots si souvent répétés qu’ils avaient fini par devenir vrais. C’était plus facile, avec la franchise du dragon, de se confier. De demander de l’aide. Mettre sa fierté de côté pour accepter une main tendue.

Ca me paraît être un deal raisonnable Ne pas gâcher ce qu’ils auraient préparés. Haoran, il n’était pas difficile. Pour infos, une fois j’ai voulu faire des cookies pour mes potes de classe, ils ont tous été malades. C’était peut être mieux pour lui, de lui savoir à quel point son nouvel élève était mauvais, et potentiellement dangereux. Ce n’était pas dans ses plans, de tuer quelqu’un à coup de pâtisseries.

Il écoute avec attention, peu surpris que tout soit discontinu et peu raisonnable. Il relève son regard, stupéfait par la révélation. Comment ça ? Tu as bien suivi la recette ? Tu n’as rien ajouté ou tu as vérifié que rien n’était périmé ? . Des cookies ? Il cligne des cils à plusieurs reprises, se disant qu’ils vont revenir de très loin. Il se trouve très patient, heureux de posséder cette qualité pour les désastres des fourneaux. Ceux qui finissent par mettre le feu ou rendre malade les autres, demeure un mystère à son sens. Bon. On repartira de zéro. On va d’abord se mettre sur la cuisine avant la pâtisserie. Rassure-moi, le riz ne te pose pas de problème ? .

Si son interlocuteur lui répond à la positive, il devra revisiter ses croyances à penser qu’il peut accomplir des miracles. Il étrangle les gens, ce n’est pas un faiseur de talent, bien au contraire. Le mieux, c’est de faire des petits repas. Puis, progressivement, on ajoutera des garnitures pour compléter et tu verras par toi-même ce qui te fait envie. . Que cela vienne de son propre chef, en évaluant ce qui est le mieux pour son estomac et sa capacité à ingurgiter les aliments. Et ta connerie de « pas doux », tu vas apprendre. Ce n’est pas pile ou face, tu vas appréhender les odeurs et voir où sont tes limites. Le but, ce n’est pas de te refaire vomir. Ah. Aussi. .

Il se tourne vivement vers lui, le regard à la fois intimidant par sa tête légèrement penché et inquisiteur sur la façon dont il le fixe. Tu combles la bouffe par quoi ? . Il ne s’est pas posé la question avant. Dans son cas, les odeurs suffisent et étrangement, il a toujours quelqu’un pour lui donner un bout des pâtisseries qu’il cuisine. Décidément, il attire les gens par ce procédé. Tu vomis très bien, mais tu es quand même en forme, surtout pour brailler comme tu as pu me le faire quand on s’est croisé. On a des cours d’arts martiaux et autres, comment tu tiens ? . Et il sent qu’il ne va pas apprécier la réponse.

A toutes ses questions, il haussait les épaules. Ouais j’ai…plus ou moins suivi la recette ? Y’a juste des termes que je comprenais pas. Peut-être que j’ai foiré quelque part ? C’était même certain. C’était avec beaucoup de nonchalance qu’il prenait cette situation. C’était arrivé, il ne pourrait pas changer le passé. Le riz ? Oui c’est pas si compliqué ! Pas vrai ? C’était la meilleure solution pour combattre ses troubles. Haoran, il avait ce tempérament de feu, une obstination à toute épreuve, et l’envie de de gagner. Même s’il passait de mauvais moments, si la nourriture lui filait la nausée. Ce n'était pas suffisant pour l’arrêter dans ses idées. Pas toujours bonnes.

C’est pas un truc que je contrôle. Je crois que ça dépend de…mes humeurs. De la force de ses souvenirs. De la voix de son père qui parvenait parfois à ses oreilles pour lui rappeler qu’il n’était qu’un moins que rien, que son physique n’était qu’une honte pour la famille. Je suis prêt à essayer  tes trucs. Le reste fonctionne pas de toute façon. Aujourd’hui, il n’avait plus rien à perdre. Et à sa question, c’était avec beaucoup de franchise qu’il répondait Drogue. Alcool. Sexe. Le trio gagnant. Il n’était pas honteux de ses addictions. J’ai vachement d’énergie aussi. Il en avait toujours eu trop,  ce qui lui avait valu de nombreuses punitions, des heures enfermés dans un placard.

A quoi bon mentir, le dragon, il n’était pas stupide. Ça pose un problème ? Des addictions dans lesquelles il s’était retrouvé enfermé. Je me shoot à l’adrénaline aussi Un petit sourire désolé sur les lèvres, il ne le sait que trop bien, qu’il n’est pas fait pour se fondre dans la masse. Qu’il n’est pas fait pour ce monde, tout simplement.

De ce que tu penses à ce moment-là et si ça persiste ou non. Corrige le dragon sans émotions. Il ne le gronde pas, pas plus dans le jugement, mais dans la compréhension. Lui-même possède ses démons et rien de plus carnassier qu'au moment où ils s'immiscent dans l'esprit et n'en ressortent pas. De ce fait, tous les moyens sont bons pour s'en reporter à autre chose, faisant rouler les yeux du brun peu étonné. Autant tirer le jackpot, hein. Après, ta vie, tes choix. Il relève la tête pour l'observer. En quoi c'est un problème ? Tout est ta merde, pas la mienne. Si ça te bouffe, c'est ton souci et si peux faire sans, c'est du pareil au même pour moi. Il n'est personne pour lui autoriser quoi que ce soit.

Surtout pas envers une personne majeure et vaccinée, il n'a absolument rien à reprocher. Tu veux que je te gronde comme un gosse en te faisant un diaporama et un slogan pour dire "la drogue, c'est mal ?" Cela lui fait souffler du nez, amusé, ce serait si gênant. Encore pire si tu veux un cours sur les IST. Mais je n'ai franchement aucune envie de savoir ça. Tu ajustes comme tu le sens. Déjà, tu fais un effort avec la nourriture. Autant rester à échelle. D'ailleurs, tu sais battre des œufs ensemble ? Tu le fais et tu le verses dans la poêle pour faire une omelette. Si tu as fini, tu peux découper la viande en fine lamelle et commencer sa cuisson. Je m'occupe d'assaisonner le riz. On va commencer simple, avec des kimbap, que je puisse évaluer ton niveau. Autant partir du plus bas pour être surpris, dans le bon sens, et ainsi augmenter peu à peu le degré de difficulté.

Et s'ils vont assez vite et avec une belle efficacité, il pourra mettre lui laisser découper les légumes, qu'il a déjà disposés sur la table et prédécoupé dans le doute. Ses yeux traînent vers son coéquipier de cuisine, vérifiant avec quelques œillades s'il réalise bien les tâches confiées. Tout en étant prêt à intervenir s'il met le feu pour une omelette ou essaie de se trancher les doigts. Sait-on jamais.