collision ☆ emi

collision

L’entrainement s’était éternisé. Les Tortues avaient fini par se rouler tous dans la boue, désespéré de gagner le prochain match qui les ferait affronter une autre équipe de fantastiques. Voilà donc tous ces braves gaillards qui se mettent à courir en tentant tant bien que mal de changer de t-shirt ou bien de passer une veste sur leurs maillots trempé de sueur avant de se rendre dans leurs cours respectifs afin de ne pas louper els enseignements qu’on leurs prodiguait.
Hyunsu faisait – bien entendu – parti de cette joyeuse équipée sauvage dont la course effrénée n’avait d’égale que leurs mines couvertes de sueur, de terre et d’herbe. C’était le prix à payer lorsqu’on s’était engagé dans l’équipe de rugby après tout. Le Choi savait bien que ce sport intéressait moins de monde que la natation ou encore le volley-ball, mais il trouvait un certain réconfort dans ce sport qui lui permettait de prouver à lui-même et aux autres sa force et son endurance, lui qui ne pouvait le faire en mission.
Un petit groupe se détacha afin de passer par une porte. Un autre duo disparu à son tour dans le couloir et Hyunsu continua de courir observant un instant à l’intérieur de son sac à dos qu’il tenait fermement dans l’une de ses mains, si ses affaires y étaient toujours.
Ce fut à ce moment là que ce passa la collision. Le Choi ne vit pas le petit corps mince qui se trouvait sur sa route et qui n’avait certainement pas eu le temps de s’écarter pour le laisser passer.
Le choc fut percutant, Hyunsu le ressentit dans sa poitrine, le front de la personne dans laquelle il venait d’entrer sans ménagement cognant contre son torse avant de rebondir contre le mur. Dans une volonté désespérée de rattraper la personne avant qu’elle ne se cogne à nouveau, le guérisseur tendit le bras vers elle, mais se retrouva déséquilibré dans sa course suspendue.
Alors tout se passa très vite et pourtant aux yeux de Hyunsu cela dura une éternité. Il vit le visage de la jeune fille, la légère marque rouge sur son visage, il vit sa main devant lui presque la rattraper puis se lever vers le plafond à mesure que lui-même tombait à la renverse.
Le Geobuk ferma un instant les yeux en sentant son corps déjà tendu par son entrainement, percuter le sol et il serra les dents. Puis, tentant de reprendre immédiatement le contrôle de son corps, il se redressa avec rapidité, légèrement chancelant en balançant son sac dans le couloir pour avoir les deux mains libres et se dirigea vers la jeune femme, l’attrapant par les épaules.
Son égard se planta dans le sien, préoccupé et prêt à utiliser son pouvoir à tout moment malgré la douleur lancinante qui se faisait sentir dans le bas de son propre dos.

- Ça va ? Tu as mal quelque part ? Dis-moi ? Tu peux parler ? Tu m’entends bien ?

Les paroles étaient courtes, mesurées, mais forte, comme celles d’un infirmier – encore une chose qu’il avait apprise à faire ici – car plus les questions étaient courtes et nombreuses plus les réponses menaient à de véritables conclusions sur l’état d’un patient.

- Je suis désolé je ne t’ai pas vu sinon … sinon …

Sinon il aurait très certainement préféré se jeter lui-même contre le mur plutôt que de la heurter car après tout il était supposé soigner et non blesser ses prochains.  

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Ça avait été une rencontre frappante, on ne pouvait rien dire d'autre.

Pas facile la rentrée pour la japonaise. Elle avait eu beau se préparer à l'avance, ici, rien n'est prévisible vraiment. Heureusement, elle avait déjà trouvé un safe space, soit l'atelier du club d'arts manuels. Pour Emi, c'était évidemment le dessin. Elle n'y allait pas dans l'idée de s'améliorer, elle avait beaucoup trop d'expérience et même un following sur Instagram. Elle y allait vraiment plus pour le plaisir et pour rencontrer des gens qui partageaient la même passion qu'elle.

Elle revenait de là justement, quand ça avait frappé. C'était bientôt l'heure d'aller à son cours de... maniement des armes, un truc comme ça. Un truc qui l'angoissait énormément, parce qu'elle n'avait jamais touché à ce genre de choses. C'est avec son sac de tissus qu'elle se dirigeait vers son casier pour déposer ses affaires avant la prochaine étape de sa journée. Elle connaissait le chemin plutôt bien, de l'atelier à son casier, c'était presque quotidien comme route. Il fallait passer cette porte et...

Le choc avait été si brutal que sa voix avait figé à quelque part entre le point A du débtu du contact et le point B, là où elle s'était retrouvée. Elle avait rebondi sur ce grand corps jusqu'au mur, puis rebondi encore pour tomber au sol. Ça s'était passé vite, elle n'avait rien compris, rien vu. La seule chose qu'elle su, 0.4 seconde après l'impact, c'est qu'elle avait mal.

Mhh...

Clignant des yeux, elle remarqua enfin que c'était un garçon qui lui avait rentré dedans. Et sans doute d'une grande vitesse, car ce n'était pas qu'un simple accrochage. En plus, c'était un grand gaillard. Emi n'avait aucune chance de s'en sortir indemne, elle, toute petite et toute frêle naturellement. Vraiment, quelle drôle d'idée de l'avoir fait une fantastic, on pourrait la casser en deux si facilement.

Emi avait envie de dire que ça allait, que ce n'était pas grave, et continuer sa journée tranquillement. Mais ce n'était pas la réalité. Tout son corps lui faisait mal, mais elle ne savait pas encore mal comment.

Mal à la tête, définitivement. Elle devait déjà avoir une bonne bosse sur le front.
Mal au bras droit, celui qui était bien serré dans la ganse de son sac. Le coude, surtout, qui avait cogné en premier contre la porte. Égratigné profondément sur une bonne longueur lors de sa chute contre le mur, il était en sang.
Mal au coeur aussi. Ça avait été digne d'une montagne russe. Emi en était étourdie.

Euh... ça va étourdie... moyen bien... Mais t'inquiète. répondit-elle difficilement, toujours à la recherche de ses sens.

Elle tenta de se lever, mais c'était bien difficile. Elle réussit seulement à s'asseoir un peu mieux.

Oh non, mon bras...

Et là, c'était les nausées qui guettaient. Emi apprenait aujourd'hui qu'elle n'était pas à l'aise avec la vue d'autant de sang. Son t-shirt blanc d'entraînement était déjà tachée, et que dire de son sac en tissus.

Je vais... je vais aller à l'infirmerie. dit-elle en commençant à se lever tranquillement.

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Dans sa course idiote, Hyunsu n’avait pas prit conscience ni de sa vitesse ni de sa masse, il fallait dire qu’il n’était pas non plus le plus doué pour ce qui était de comprendre et d’apprivoiser son espace et son environnement. En raison de sa frénésie à s’entrainer, sa soudaine prise de masse musculaire de ces derniers mois avaient considérablement changé son corps qui jusqu’alors n’avait jamais été particulièrement impressionnant. Mais depuis qu’il était arrivé sur l’île, le Choi avait décidé de ne pas se contenter de sa place ni de son pouvoir et pourtant …
Pourtant en regardant, un peu désespéré, son œuvre Machaon, infirmier des champs de bataille, compris qu’il y avait parfois des conséquences imprévisibles au destin qui semble toujours vous poursuivre avec ironie.
Les quelques réponses qui lui furent donnée furent loin de le satisfaire, la jeune femme n’allait visiblement pas bien et chacune de ses paroles semblaient lui prendre à la fois un effort de réflexion et de locution. Hyunsu pouvait y déceler un début de commotion légère, certainement dû à la percussion de sa tête, et une trace rouge sur son front venait confirmer ses dires.
En cherchant à se redresser la jeune femme attira l’attention de la tortue à son bras et les yeux du jeune homme ne purent s’empêcher de s’écarquiller de surprise mais aussi d’horreur. Comment n’avait-il pas pu remarquer les traces rouges qui avaient commencée à tacher le vêtement de la demoiselle qui avait clairement été blessé encore plus sévèrement.
Le cœur de Hyunsu s’affola, honteux, en colère contre lui-même, contre la situation et contre son manque d’expertise.
Enfin les dernières paroles de la demoiselle le sortir de ses pensées troublées et le ramenèrent un instant sur terre.

- Attends !

Ne pouvant s’empêcher de la retenir, Hyunsu la rattrapa par le poignet presque trop fermement, ses sourcils se fronçant sur son regard d’onyx. Sa voix grave et un peu roque se répercutant en écho sur les murs.

- Je peux te soigner… non… je vais te soigner.

Plus doucement que ses gestes précédents, il tendit la paume de sa main vers le visage de la demoiselle, là où il décelait une bosse et un potentiel hématome et y collât sa large paume. Sous sa main le visage de la demoiselle lui semblait encore plus petit et mince. Il ne voyait plus le bout de son nez et sa bouche, un très court instant il remarqua qu’elle était plutôt jolie et fragile, et puis il se rappela qu’il devait surtout la soigner.
Instantanément une douleur vive frappât son propre front, il ne put s’empêcher une légère grimace en plissant une fraction de seconde le nez et les yeux. Puis la douleur disparut en même temps que la blessure de la jeune femme et il retira doucement sa main, ses yeux se plongeant dans ceux de sa victime.

- Est-ce que tu me laisserais regarder ton bras … je veux dire … il faut que je puisse observer la blessure et que tu enlèves ton… vêtement pour que je puisse te toucher pour te soigner.

Se rendant compte que sa demande pouvait paraitre inappropriée pour quelqu’un qui venait très littéralement de la percuter, Hyunsu montra sa main à la demoiselle comme s’il cherchait à donner patte blanche.

- Il faut que je puisse toucher l’endroit où tu t’es blessé tu comprends.

Le Geobuk n’était pas certain que cela suffise comme explication, mais après tout elle fenait d’avoir une démonstration de son pouvoir et il espérait que son visage habituellement taciturne et renfrogné se montrait sous un meilleur jour, peut-être comprendrait elle qu’il s’ne voulait réellement et qu’il était désolé de ce qui venait d’arriver.