stargazing - amos

Sur le toit silencieux du campus, où les bruits de la ville s'étouffaient dans la distance, un petit homme contemplait le ciel nocturne.
Minho aimait les étoiles, elles lui rappelaient les graines d'orange qu'il avait autrefois plantées dans le petit jardin de sa grand-mère. Chaque fois qu'il dessinait, il sentait qu'il semait des étoiles comme on sème des graines, espérant qu'elles prennent racine quelque part dans l'univers. Un petit sourire se forma sur son visage en imaginant une constellation en forme de citron, brillant dans la voûte céleste.
Ce soir-là, Minho dessinait pour échapper à l'ennui. L'université était grande, vaste, et malgré les amis qu'il avait rencontré et la présence de sa nana il se sentait parfois aussi petit qu'une graine de piment dans un champ immense. Il pensait à sa mère, si loin de lui maintenant, et une légère mélancolie s'installa dans son cœur. Il ne s'agissait pas de tristesse non, Minho était fait de lumière, d'un éclat de joie qu'il partageait avec le monde, mais dans ces rares moments de calme, il se laissait aller à la réflexion.
Devenir un fantastic n'était pas aussi simple qu'il l'avait imaginé. Ses pouvoirs, aussi surprenants qu'ils soient l'avaient souvent amusé, mais à présent, il se demandait s'ils suffiraient pour accomplir de grandes choses. Les carottes pouvaient-elles vraiment changer le monde ? Il fronça légèrement les sourcils en dessinant une ligne hésitante sur son carnet. Peut-être que son pouvoir n'était pas de combattre les méchants comme les autres héros, mais d'apporter un peu de douceur dans un monde parfois trop amer.
Les étoiles semblaient briller plus fort à cette pensée, comme si elles approuvaient son raisonnement. Minho se perdit dans leurs lueurs, s'imaginant avoir réussi à étendre son pouvoir comme lui avait demandé son grand manitou. Il se demandait parfois s'il trouverait vraiment sa place dans ce nouvel environnement.

Un léger bruit le tira de ses pensées ; Minho se retourna et fut surprit d'apercevoir une jeune femme. Elle semblait enveloppée d’une aura particulière, comme si elle portait avec elle un fragment de la nuit. Ses cheveux noirs capturaient la lumière de la lune, tombant en une cascade soyeuse, et ses yeux, profonds et mystérieux, semblaient renfermer des secrets que Minho n’osait même pas imaginer.

 «Oh ! Salut, je m'attendais pas à croiser quelqu'un ici ! Attends, t'es pas là pour sauter du toit j'espère ?»

l'esprit absent. abandonné dans ces limbes amèrement sinueuses, peintes d'un noir qui n'est que réconfort puisqu'il efface la vision de leurs regards peinés, de la culpabilité imaginaire qu'ils déposent sur ses épaules déjà bien trop affaissées. comme une promesse déphasée, elle ne voit que les mensonges sur leurs visages, le temps n'est qu'une valeur sans équivoque, mais il n'efface rien, il compresse les êtres jusqu'à leurs implosions. elle voudrait crever, amos. elle voudrait hurler, amos. hurler qu'elle n'en a rien à foutre, cracher son venin sur la bande d'amorphes qui vivent sous ses yeux. y'a que les mots virulents qui la font vivre, y'a seulement quand sa voix gronde et que ses poumons s'affolent de ses paroles tranchantes qu'elle se sent comme avant. la louve reste silencieuse pourtant, les lippes faussement fermées en un sourire qui se voudrait timide. amos deviendrait une ombre, un voile de fumée qu'on repousserait de la main. c'est une douce peine qui se rajoute parmi les possibilités ravageuses qu'elle ne fait que fuir sans arrêt lorsque sa conscience semble revenir d'entre les trépassés pour rejoindre les vivants, pour contempler les étoiles de la ville qui défilent au ralenti sous ses pas aléatoire. elle cru que la solitude serait sa seule et unique compagne ce soir, mais non. paroles d’un homme qui rien ne semble avoir amoché, un des épargnés de la vie sans doute. et il en a de la chance.

de ses mots il arrive à lui arracher un léger rire alors qu’elle continue sa route pour s’approcher un peu plus afin de découvrir le visage de celui qui osé lui prendre son coin à elle. les reins venant appuyer contre le muret l’empêchant de se jeter dans le vide. pourquoi ça ? tu sauterais pour me récupérer ? sourcil qui se relève en venant planter un cylindre de nicotine entre ses lippes avant de lui balancer le paquet en guise d’invitation à se servir. quel héros. rétorque-t-elle, un petit sourire folâtre aux lèvres. oh, mais on est là pour ça, n’est-ce pas ? marquant une pause. être des héros j’veux dire. qu’elle clame pourvue d'une force qui ne lui appartient pas, survolant encore la réalité sous colorants. parce que tous n’auront pas cette happy ending, elle la première.  

Minho, face à cette inconnue, ressentit une vague de confusion et de fascination. Il l'observa, son sourire toujours accroché à ses lèvres, bien qu'un peu plus fragile maintenant. Cette fille, cette ombre enveloppée de mystère, était tellement différente de tout ce qu'il connaissait. Elle était comme une nuit sans lune, profonde et insondable, et il ne pouvait s'empêcher de vouloir comprendre ce qui se cachait dans ces ténèbres.
Lorsqu'elle lui demanda, avec cette lueur étrange dans le regard, s'il sauterait pour la rattraper, Minho sentit son cœur se serrer d'une façon qu'il ne connaissait pas. Il pensa à ces histoires que sa mère lui racontait autrefois, où les héros bravaient tous les dangers pour sauver ceux qu'ils aimaient. Mais ici, sur ce toit, avec le vent qui soufflait doucement et les étoiles qui les regardaient en silence, tout cela semblait si lointain, si irréel. Minho n'était pas un chevalier en armure, il n'avait que ses crayons et sa curiosité.  « Je ne sais pas si je pourrais sauter » murmura-t-il, non sans une pointe de tristesse. «Mais je ferais tout pour que tu n'aies pas avoir à le faire. Parce que personne ne devrait avoir envie de sauter. »
Elle était là, à côté de lui, et malgré ses mots acérés, malgré la fumée qui s'échappait de la cigarette qu'elle tenait, Minho cherchait à comprendre pourquoi elle était si triste, pourquoi elle semblait si seule. Et puis, dans un élan de sincérité enfantine, il haussa les épaules : « T'aimes regarder les étoiles ? Je crois qu'elles ne veulent pas qu’on les quitte si vite. Elles aiment bien qu’on reste ici, avec elles. Peut-être qu’elles se sentent seules aussi, là-haut, et qu’elles brillent juste pour qu’on les regarde et qu’on se sente un peu mieux. »
Il attrapa le paquet de cigarettes qu'elle lui tendit, plus par réflexe que par véritable intention de fumer. Minho n'avait jamais vraiment aimé ça, la fumée, l'odeur âcre. Pourtant, il apprécia le geste, ce minuscule pont tendu entre leurs deux univers. C’était une manière pour elle de lui dire qu’il pouvait rester, qu’elle acceptait sa présence, même si elle avait du mal à le montrer.  « Eh ben dis donc.... » Il y avait une profondeur dans ses yeux, un océan de sentiments qu'il ne savait pas naviguer, mais qui ne le faisait pas fuir pour autant. Au contraire, cela éveillait en lui une curiosité douce, comme lorsqu'il essayait de comprendre pourquoi certaines oranges étaient plus sucrées que d'autres.
« Tu as l’air de porter un sacré sac sur le dos » dit-il doucement, en faisant une petite moue. « Pas un vrai sac, bien sûr, mais quelque chose de lourd. Tu as déjà pensé à le poser? Peut-être que ce toit pourrait le porter un peu, juste le temps que tu te reposes ! »