c**t. ft callum

— Dit donc, il claque la langue contre son palais, avec un faux ton outré. Harcelé est un grand mot. J’étais présent lors d’évènements fameux, c’est là la différence. Je n’y peux rien si je suis toujours là au bon moment.

Il s’étire dans cet endroit unique. Bien qu’il ne soit gêné par aucune chose, il doit bien admettre que la tête d’un dragon, faisant presque la moitié de la salle de simulation, qui le fixe comme un bout de viande, le rend perplexe. Peut-être, devrait-il admettre, que cela le rend animé devant les éventualités de se faire croquer l’entièreté de sa silhouette avant même de pouvoir ouvrir la bouche. Les propos le font basculer la tête en arrière et souffler toute son hilarité.

— Je tiens à te dire que je préfère le dragon à toi, Kiho. Lui, au moins, il dit des choses intéressantes. Dit-il en tremblant encore de rire, trouvant cela un brun barbare et cruel, tout de même. Je n’ai pas le concept à détruire physiquement ce qui est déjà cassé, tu sais. Et je ne mets à genoux que devant ma Berceuse. Mais pour revenir à Yubin. Il suffit de creuser là où il faut et elle s’effondrera d’elle-même. Puis, de prendre les braises et ça soufflera sur le reste.

Comme son ami de son escouade, celui avec son pouvoir de strangulation. Et d’autres encore, toutefois, il doit encore fourrer son nez ici et là pour déceler certaines particularités et pouvoir jouer en ce sens. Les hommes sont des êtres sensibles par nature, ricochant comme ses notes et détruisant par automatisme. Si l’un tombe, d’autres suivront dans le sillage.

— Elle a élargi son cercle, sans avoir changé. C’est différent de toi et de moi. Si nous sommes invulnérables, beaucoup ne le sont pas et ça commence par ici.

Il pointe sa tête, maux de tous les hommes. Insuffler une idée pernicieuse, un recoin de doute, un soupçon de crainte et tout devient une déflagration époustouflante. Sous des cris, des larmes et une juxtaposition de sentiments jusque-là réprimés. Il n’y a plus beau Concerto que d’apercevoir l’orchestre joué en une si belle symphonie.

Son rire résonne dans l’enceinte de la pièce, couverte par l’immensité de la bête et sa petitesse en tant que simple humain. L’échelle est intense par sa différence, ce qui passionne d’autant plus le musicien qui pianote dans le vide, en fredonnant sa propre symphonie.

— Pas lorsque la cible gagne en confiance, même faussée. Les notes virevoltent, sous le bleuté de la personne dont il parle. L’illusion d’une place qui lui paraît revenir de droit, ajoutant des personnalités qui l’entourent pour se sentir aimé, empli dans un cocon protecteur. Il claque des doigts, les notes se tordent avec douleur. Mais si tout disparait soudainement ? L’utilité qu’elle a pu posséder ne sont pas moindres, même si la finalité reste la même.

Il partage quelques pensées à la bête, riant tout en baissant le buste et présentant un respect un peu théâtral, mais évident dans son geste. Callum est arbitraire et ne sera jamais guidé par les sentiments, quand bien même la possibilité que ses proches soient dans une tragédie les consument. Il passera toujours en priorité, sa personnalité devant résonner comme celle du dragon envers sa propre existence.

— Eero ? Sa capacité d’adaptation est louable, mais il ne faut pas oublier que les traumatismes ne disparaissent jamais. On le laisse remonter la pente, sentir son cœur exploser de tout ce qu’il n’a jamais connu, partir à l’aventure en étant gardien de secrets. La chute sera plus douloureuse pour lui, puisqu’il suffit de planter les mêmes graines qui le condamne. Que tout ce à quoi il se raccroche lui tourne le dos et il se laissera couler.

Pas totalement. C’est un Decrescendo. En retirant ce qui l’élève, le dragonneau ne cherchera plus à remonter ce qu’il essaie tant de construire. Il crache ses idées auprès d’un collègue musicien, parsème des doutes et l’explosion se montrera d’elle-même.

— Je partage ton point de vue. Ma Berceuse n’a d’impact que de créer davantage de sentiments et de vivacité à mieux les appréhender. Lorsqu’on comprend leurs sens, il est aisé de chercher ce dont on a besoin et de retrouver ce qui nous appartient.

Sa liberté. Elle peut être son tout et sa tombe, toutefois, elle ne pourra créer qu’un semblant de noirceur plus profonde. Rien qu’une aide à ce qu’il traverse pour s’élever toujours un peu plus. Callum ne rejette jamais quoi que ce soit, car cela permet d’apprendre et ne pas tomber dans les pièges avares et stupides.