love is lonely ⸝⸝ ilsung & minoh.
La lumière du soir s’éteint doucement, laissant place aux premières ombres de la nuit. Le terrain de tennis est désert, juste un filet tendu, quelques balles, une raquette et lui. Ses muscles vibrent encore de l’effort, son souffle irrégulier témoignait de sa course incessante. Le silence autour semble l’avaler, mais ça ne l’atteint pas. Ses pensées filent trop vite, toujours en mouvement, comme des balles qu’il aurait du mal à rattraper.
Il aime ces moments. Être seul, loin des autres. Pas besoin de parler, de faire semblant. Ici, c’est simple : frapper la balle, bouger, respirer. Et quand la fatigue s’installe, ses pas freinent la cadence puis le ramènent inévitablement vers les vestiaires.
Les vestiaires sont déserts, aussi vides que le court. Il ouvre la porte et l’écho de ses pas résonne dans la pièce. Il se laisse tomber sur le banc, la raquette à ses pieds. Le silence semble plus lourd maintenant. Il ferme les yeux un instant, laisse ses pensées s’éparpiller.
Sans vraiment réfléchir, il commence à chanter. Une mélodie qui traînait dans sa tête depuis un moment, des paroles qu’il improvise, sans se soucier du sens.
What am I now? What am I now? What if I'm someone I don't want around? I'm falling again, I'm falling again, I'm falling...
Sa voix résonne, se mêle au vide de la pièce. Il pense qu'il n’y a personne pour l’écouter, et ça lui va bien. Ses épaules se détendent, il oublie tout. Ici, dans ce moment volé, il se sent libre, juste lui.
Ilsung avait toujours été un solitaire, ça n'avait rien de nouveau. Mais placé dans une escouade sans aucuns camarades nords-coréens, il se retrouvait avec un emploi du temps différents de ces camarades. Rendant un peu difficile la communication avec eux, bien que toujours possible. Il ne cherchait pas forcément à se lier avec les membres de sa nouvelle escouade, tout du moins, pas encore. En fait, le jeune homme tentait encore de se faire à sa nouvelle liberté, surtout après les années enfermé. Un des choses qu'il adorait faire depuis son arrivée, s'était courir. Il avait toujours été sportif, corps musclé sans être ostentation. Mais pouvoir de nouveau bouger comme il l'entendait et profiter de la vitesse produite par ses muscles étaient un véritable bonheur. Alors, il allait courir sur les terrains destinés à cet effet, en début de soirée en général, quasiment tous les deux jours, parfois tous. Cela faisait un bien fou à son moral et l'aidait à rester maître de ses émotions. Ce qui était dur, menaçant d'exploser dès qu'il entendait une personne chanter les louanges des mentors, et surtout de wildfire.
Sa course finit, le jeune mutant se rendait vers les douches, après un rapide passage pour récupérer ses affaires de toilettes, quand il entendit une voix douce s’élever dans les airs. Il n'avait vu personne durant sa course, mais il se sent intrigué par cette voix, se sentant presque obligé de la suivre. Devant la porte du vestiaire, qui n'est pourtant pas le sien, loin des habitudes du jeune homme portant bien élevé, il finit par l'ouvrir, observant le jeune homme face à lui, détenteur de la voix si mystérieuse qu'il entend depuis tout à l'heure. Alors que les notes meurent dans la gorge de son vis-à-vis, Il Sung qui n'est pourtant pas le plus bavard ne peut s'empêcher de prendre la parole. « Tu chantes drôlement bien. » Avec une voix comme celle-ci, dans son pays, il aurait vite gravit l'échelle sociale pour se frayer un chemin dans les hauteurs, reconnus comme génie par les pontes du régime.
La voix qui brise le silence le surprend comme une balle de tennis sortie de nulle part. Ses paupières se soulèvent lentement, ses pensées jusqu’ici dispersées se rassemblant autour de cette nouvelle présence. Il voit un homme, debout près de la porte. Grand, solide, l’air sérieux. Ce n’est pas quelqu’un qu’il reconnaît, mais la phrase résonne encore dans sa tête. Tu chantes drôlement bien. Le compliment se mélange à son propre souffle, irrégulier après l’effort, tandis qu’il se demande depuis combien de temps cet étranger est là.
Un léger courant d’air semble passer dans la pièce vide, mais c’est surtout une vague d’embarras qui le submerge. Chanter, c’était… son truc à lui. Un exutoire, un moment volé, rien de plus. Il ne le faisait jamais devant personne et savoir que quelqu’un l’a écouté le rend soudainement conscient de chaque fibre de son corps. Ses doigts qui traînent encore sur sa raquette, la sueur froide sur son front, ses vêtements un peu collés à sa peau après l’effort. Il a envie de disparaître dans le sol.
Le silence s’étire une fraction de seconde trop longtemps, assez pour qu’il se sente stupide. Qu’est-ce que je suis censé dire ? se demande-t-il. Il racle discrètement sa gorge avant de répondre, sans vraiment oser regarder l’inconnu dans les yeux. Merci... E-Enfin... Je crois. murmure-t-il. Sa voix est plus basse qu’il ne le voudrait, comme si son propre son l’écrasait.
Il hésite un instant, ses pensées courant en tous sens. Fuir ? Faire comme si de rien n’était ? Mais l’idée de simplement tourner le dos après avoir reçu un compliment lui paraît encore plus inconfortable. L’idée qu’un étranger l'ait surprit à chanter lui donne la sensation d’être à découvert, comme si chaque aspect de lui était exposé sous une lumière crue. Et pourtant, ce même sentiment, aussi gênant soit-il, le retient. Quelque chose dans cette interaction, dans le regard posé sur lui, le pousse à rester.
Il prend une inspiration plus longue, tentant de se recentrer, puis observe l’homme un peu mieux. Ce type ne semble pas moqueur. Il a plutôt l’air… curieux ? Il ne sait pas que son pouvoir s'est activé alors Minoh pense qu'il est là de son plein gré. Alors il le pense intrigué, peut-être. Quelque chose dans ses traits fait écho à un sentiment que Minoh connaît bien, celui de ne pas vraiment savoir comment interagir avec le monde. C’est étrange, mais l’aura de l’inconnu est différente des autres.
Sans bouger de son banc, il replace sa raquette à côté de lui et se penche un peu en avant, cherchant des mots qui ne le trahissent pas. Il ne sait pas pourquoi il lui dit ça, mais il le fait. C’est pas vraiment quelque chose que je fais pour les autres, tu vois... dit-il, sa voix un peu plus affirmée maintenant. Juste... un truc à moi. Pour m’évader. Il serre légèrement ses mains, sentant encore cette tension en lui. On va encore le trouver bizarre, il le sait. Son esprit, toujours en mouvement, continue d'analyser la situation sous toutes ses coutures.
Ma voix... Ça t'a amené ici ? demande-t-il finalement, surpris de lui-même d'oser relancer la conversation. Il ne sait pas pourquoi il demande ça. Peut-être parce qu'il a l’impression que cet homme-là comprendrait, d’une certaine manière, ce besoin de solitude, ce désir de s’échapper.
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Ce n'étais pas réellement dans les habitudes de Il Sung d'observer les gens à leur insu. À vrai dire, à part pour des missions bien précises, il évitait plutôt les autres. Bien plus heureux dans sa paisible quiétude, loin du bavardage incessant des autres. Mais quand il avait entendu cette voix, il n'avait put s'empêcher. Il s'était rapproché silencieusement et avait observé l'autre jeune homme intrigué. Avant de finalement ouvrir la bouche pour le féliciter, brisant aussitôt la magie du moment. Le ramenant aussi efficacement à la réalité que l'autre, comme si jusqu'à présent, il n'avait pas été vraiment lui-même. Pourtant, quitte à être là, autant rester et il continue d'observer l'inconnu, qui ne sais pas ou se placer. Comme un enfant qu'on complimenterait pour son travail pour la première fois. Ou quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'être écouté. Pour ce qu'il en sait... Ça fait des années qu'on lui avait apprit à recevoir un compliment, à en donner, à vivre en société et parler le politiquement correct. C'était plutôt rafraichissant de voir le jeune homme comme ça, du coup. De rien. C'est sincère. Même si, Il Sung n'avait pas vraiment la réputation d'ouvrir la bouche pour se perdre en babillage, au contraire.
Mais face à l'inconfort de l'autre jeune homme, qui se fait de plus en plus visible, le nord-coréen se rend compte qu'il a peut-être fait une boulette en ouvrant la porte - et la bouche - et en le complimentant. Toujours dans l'embrasure de la porte, il finit par la fermer, après tout, il devait se changer et prendre une douche comme l'autre garçon, donc pourquoi pas faire ça dans ce vestiaire au final. Il n'avait pas pour habitude de prendre des décisions impulsives comme celle-ci, mais pour une raison obscure, il en a envie. Désolé. D'être entrer comme ça, je cherchais un vestiaire avec douche à la base. Il ne ferait pas plus, ne s'excuserait pas plus que de lui donner cet échappatoire là pour se sentir un peu mieux. Après tout, même lui ne comprenait pas réellement pourquoi il avait ouvert cette porte. Déposant son sac de sport dans un des casiers ouverts, il farfouille dedans, tout en prêtant une oreille attentive à l'autre jeune homme, cherchant les affaires dont il a besoin pour se laver. Avant de se poser contre la rangée, dos à celle-ci, pour regarder l'autre garçon. Tu devrais chanter devant les autres. Vraiment. T'as voix a un vrai pouvoir. Il n'y avait qu'à voir comment elle l'avait attiré ici, comme une abeille par le pollen. Mais tant que tu es satisfait de ce que tu en fais... Il comprenait la solitude, ce besoin de s'isoler du monde pour faire ce qui permettait de retrouver un certain contrôle sur le reste de sa vie. Lui, il courrait, faisait du sport. L'autre chantait. Evie, une de ses camarades d'escouade allait se saouler . Sejun jouait au plus dragueur. Chacun avait ses mécanicismes, il ne pouvait que respecter le choix de l'inconnu, en ne cherchant pas plus loin.
Face à sa question, un léger sourire, microscopique, étire ses lèvres vers le haut. Avant qu'il ne hausse finalement les épaules. À vrai dire, je cherchais surtout un endroit pour me doucher. J'ai entendu ta voix et... Je suis venu ? Il passe la main dans ses cheveux, avant de soupirer. Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes, surtout que vu l'heure je suppose que plusieurs vestiaires doivent être disponible mais bon... J'ai vu voir à qui appartenait cette voix d'ange. Bien loin de sa façon d'agir donc. Incapable de comprendre vraiment ses motivations, ni qu'il n'avait pas totalement son libre arbitre dans ce choix. La question posée ayant trouvé sa réponse, il finit par se détourner de l'autre jeune homme, enlevant son T-Shirt et son pantalon et nouant rapidement sa serviette autour de sa taille. Il finirait se déshabiller dans l'espace de douche. Il n'avait jamais été réellement pudique, il faut dire que l'armée l'avait bien rapidement habitué à s'en foutre. Une douche; était une douche. Je vais me doucher du coup. Tu devrais profiter pour faire pareil. Parce que ça se voyait que le jeune homme n'avait pas réellement eu l'occasion de se doucher pour le moment. Une douche, après le sport, y'a que ça de vrai, selon Il Sung. Sans attendre son reste, il part donc sous la douche, pour une dizaine de minute, le temps d'enlever la sueur et tout ce qui va avec l'effort physique. Se foutant bien de ce que ferait l'autre garçon, en attendant. Même s'il espérait qu'il soit encore là quand il reviendrait, pour au moins lui demander son nom.
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