little bird ⸝⸝ evie & minoh.
Minoh marchait, sans trop savoir où il allait, ses pieds le guidaient d’eux-mêmes sur ce sentier qu'il empruntait souvent, son petit appareil photo battant contre sa poitrine à chaque pas. Son regard sautait de détail en détail : la lumière du soleil à travers les branches, les ombres qui dansaient sur le sol, le bruissement des feuilles sous la brise. Tout captait son attention, mais rien ne le retenait vraiment. C’était toujours comme ça dans sa tête, tout allait vite, trop vite parfois.
Il aimait ces promenades en solitaire, même s'il lui arrivait de penser à Nevada. Son magnifique cheval lui manquait tellement... Et le garçon aurait voulu être à ses côtés, sentir sa présence apaisante. Mais sur cette île, Nevada était loin, comme tout ce qui semblait compter vraiment. Alors qu’il s'approchait d'un virage, un mouvement à la périphérie de son champ de vision le stoppa net.
Il plissa les yeux, cherchant l’origine de ce qu’il venait de voir. Là, près du bord du sentier, un petit oiseau.
L'animal ne bougeait presque pas, une aile repliée contre son corps de façon étrange, comme brisée. Sans réfléchir, il s'accroupit, le cœur battant un peu plus fort. Tout ce qui bouillonnait dans son esprit s'apaisa d’un coup. Il ne restait que l’oiseau, frêle et vulnérable, et l'urgence de l'aider.
Le coréen retira le bouchon de sa bouteille, y versa un peu d’eau, puis, délicatement, le pencha vers le petit bec tremblant qu'il tenait doucement entre deux de ses doigts pour l'entrouvrir, essayant d'y faire tomber de petites quantités d'eau fraiche pour l'aider à s'hydrater.
Ça va aller, petit gars...
Autour de lui, personne directement mais il savait que le sentier était très fréquenté, surtout par les sportifs ; il entendait d'ailleurs leurs pas résonnant en écho lointain. Mais pour lui, le temps semblait suspendu. Accroupi au milieu du sentier, seul comptait cet instant, cet oiseau blessé qui réclamait toute son attention.
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OUTFIT — Elle avait besoin d'air, Evie, besoin de s'échapper ailleurs qu'entre les murs de sa chambre qui pue l'alcool lorsque sa colocataire ne s'y trouve pas, la nausée qui accompagne ses nuits alors qu'elle tente désespérément d'arrêter de réfléchir. Vider son esprit de toutes pensées avec l'espoir qu'elle arrivera à s'endormir sans que son pouvoir s'active, un fléau qui l'accable malgré les maintes fois qu'elle aura scandé adorer ce don qu'elle a de pouvoir localiser qui elle le veut bien.
Evie, elle est épuisée, incapable de se reposer, incapable d'être en paix avec elle-même parfois. Et tout ça l'énerve, bien franchement; la galloise sait pertinemment qu'elle doit vivre avec les désagréments de cette mutation, mais elle n'avait pas imaginé de tels effets néfastes dans sa vie de tous les jours. Peut-être qu'un peu d'air l'aidera à faire du sens dans tout ça, peut-être les rayons du soleil sur son visage l'aideront à apaiser son esprit, celui-ci sans doute victime d'un certain trop plein. Peut-être tout ira mieux d'ici quelques semaines, lorsque sa routine sera établie. C'est comme ça qu'elle tente de se convaincre, Evie; de belles paroles prononcées à elle-même, le gaslight gatekeep girlboss à l'état pur.
Son corps s'arrête, ses pas refusant de la guider bien plus loin, le champ de vision distrait par une silhouette légèrement hors du sentier. Et soudainement éprise d'une vague d'inquiétude, elle s'élance timidement vers le jeune homme recroquevillé, se positionnant similairement à ses côtés. Ses iris qui fixent le faible oisillon sans savoir que faire, les doigts tremblants, le coeur qui bat un peu trop fort à son goût. Est-ce qu'il va s'en sortir? La tête se relève en direction de l'autre âme devant elle, occupée à abreuver l'oiseau. Et ce n'est qu'à cet instant qu'elle prend réellement le temps d'analyser la situation; l'aile brisée, l'énergie presque absente, le bec qui peine à rester ouvert pour accueillir les quelques gouttes d'eau qui coulent en sa direction.
Il faut... L'urgence dans ses paroles, son regard qui scrute les alentours à la recherche d'objets propices pour l'aider, l'instinct de survie qui bat son plein pour ce petit être sans défense. Il faut lui faire une attelle, peut-être? Plus les paroles s'échappent d'entre ses lèvres plus elle se demande, Evie, ce qu'elle fait ici. Sans savoir d'où cette affection pour l'animal sort, sans savoir pourquoi elle a l'impression que ses yeux se remplissent de larmes. Et il y a cette envie qui la prend d'appeler sa meilleure amie qui s'y connaît maintes fois mieux en la matière qu'elle, en conflit avec cette pensée au creux de son encéphale qui lui dicte que cette situation semble un peu ridicule sans pourtant pouvoir contrôler ce qu'elle ressent.
Do Min Oh aime ce message
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