Confessions of the Gentlemen

Les notes de musiques virevoltent dans une symphonie douce, les phalanges jouant un morceau d’un classique envoûtant. Les sonorités lourdes dans cette atmosphère si apaisante, laissant les troubles s’immisçaient et créaient un accent dont il se doute en découvrant une carcasse qu’il a si souvent pu émettre des idées vivaces, comme un Glissando pratique chez celui qui se questionne en permanence. Il fait savoir qu’il est présent, sous les clefs qui se promènent autour de leurs silhouettes avec fracas, soulignant la régularité de la perfection musicale que le phénix représente.

— Je peux t’entendre de là où j’étais, fit le brun en passant un bras autour des épaules de son interlocuteur. Son hypersensibilité à l’ouïe lui permet de déceler ce qui vibre différemment. Qu’est-ce qui te rend si morose ? Allons un peu plus loin.

A travers ce parterre d'étoiles. Loin de loin l’idée même d’être un sentimental conquis, mis à part pour sa Berceuse, puisqu’il est du genre à fuir les Ostinatos, à moins de comprendre certaines logiques humaines qui cherchent sans cesse à se pavaner. Toutefois, pour cette ombre qui n’a eut de cesse de se laisser convaincre par sa maniabilité, demeure une sympathie inégalée malgré ses ambitions arbitraires. Callum est un maestoso qui s’exécute comme cela lui chante, loin des idéaux et des bonnes conduites, poussant toujours les personnalités à s’élever vers ce qu’ils n’osent jamais.

— On peut s’amuser un peu, qu'en dis-tu ? Regarde, mes notes s’alignent. Essaie de toucher celle dont tu ressens le plus d’affinité.

Le pouvoir activé, cela va lui permettre de déceler ce qui dérange son homologue, sans, néanmoins l’émettre de vive voix. Nul besoin de mot lorsque les sons peuvent l’exprimer dans une beauté caractéristique. Si un grand violoniste est joué en fond, ou du moins, pour les amateurs qui sauront reconnaitre les motifs dressés, dérivant entre joyeuseté, mélancolie ou colère. Des sentiments qui se déforment, qui se partagent et attendent un mouvement du petit pour s’exécuter avec prestance. Callum ne fait jamais dans la simplicité.

Song Yejun est populaire, connu pour marquer les esprits d’une manière ou d’une autre. Les entre-deux sont assez rares ; on l’apprécie ou non, les nuances cachant bien souvent quelques mensonges. Il est le genre de personne avec qui on voudrait être proche, ou qu’on aimerait tout simplement être. Il a cette confiance qui rend son charme tout particulier, cette gentillesse qui fait fondre les cœurs, ce statut qui force l’admiration ; cette image qui lui donne les airs du parfait prince charmant. Pourtant il n’en a bien que l’apparence. Il fait des cœurs sensibles son terrain de jeu, les brise sans vraiment s’en soucier ; “ Pretty privilege ” dont il abuse. Mais il n’en est pas responsable, ceux lui ayant confié leurs cœurs ne peuvent que se blâmer. N’est-ce pas Icare le seul coupable de sa propre tragédie ? Ne s’est-il pas brûlé les ailes uniquement parce qu’il a eu l’audace de s’approcher du soleil en pensant qu’il pourrait l’atteindre ?

La tortue sait ce qu’elle vaut, et si ça n’a pas toujours été le cas, le passé appartient au passé, seul le présent compte. Peu sont les personnes l’ayant connu à son arrivée à Fantastic Row, peu savent qui il était. Invisible, discret, perdu… On a commencé à entendre son nom que plus tard, lorsqu’il est sorti de l’ombre pour faire son entrée sur scène. Il avait alors terminé de tout enterrer pour faire place au renouveau. Aujourd’hui, c’est comme si celui qu’il était n’avait jamais existé.

[...]

C’est Callum qui le trouve en train de ruminer, essayer de faire redescendre la colère et calmer ses nerfs. Yejun sort tout juste d’une conversation où les mots ont volé, blessé de par l’impact qu’ils ont eu sur l’un et l’autre. S’il a fait semblant d’être au-dessus de ces fantaisies, la réalité en est bien loin, et elle l’a rattrapé plus vite qu’il ne l’aurait imaginé.

Avec un petit sourire, il salue son ami, se sent presque coupable de l’avoir dérangé, et ce même si ce n’était pas forcément le cas. Cependant, il mentirait s’il disait qu’il n’était pas content de le voir ; le phénix a toujours été de bon conseil. “ Un petit jeu ne fait jamais de mal, non ? ” Callum à ce quelque chose d’inexplicable qu’il apprécie tout particulièrement. Son calme est contagieux, et Yejun commence à s’apaiser, comme si le chef d’orchestre possédait ce genre de pouvoir.

“ Les notes. hm. “ Il les regarde défiler devant ses yeux, dures comme douces, aiguës comme graves. Il n’a pas l’ouïe aussi fine que son ami, mais il sait ce qui sonne juste, et c’est naturellement qu’il se laisse guider par ses propres gestes, ses doigts finissant par se poser sur les notes qui semblent résonner directement avec ses sentiments.

Beaucoup sont fausses, font grincer des dents de par leur enchaînement illogique, digne d’un enfant qui écrase lourdement ses mains sur le clavier d’un piano. Et pourtant, dans ce chaos, il y a celles qui sont parfaites, feraient presque frissonner les musiciens aguerris, ceux qui n’ont pas besoin d’aide pour accorder leurs instruments. Yejun termine sa mélodie avec un “ la ” ; neutre et parfait, à l’image de celui d’un diapason qu’un violoniste viendrait délicatement poser près de son oreille. La colère cache la tristesse. “ Alors, qu’en penses-tu ? ” La tortue le regarde avec un faible sourire. Callum saura, parce qu’il est le chef d’orchestre ; Yejun ne fait rien au hasard.

Il dodeline de la tête, comme un chef d’orchestre qui recherche la bonne combinaison pour la plus belle des symphonies.

— Petit Vibrato et Dissonance. Qui t’a donc blessé et faire accroître ta tristesse ? Ce grincement qui rend douloureux, sous ta neutralité parfaite qui me fait presque sourciller.

Cet amas de vanité persiste dans son analyse, les tonalités ne peuvent mentir. Aucun ne peut tromper celui qui s’est acharné durant des années à ses compositions les plus pures, loin de son tempérament belliqueux et abject. N’en déplaisent aux plaisantins et aux couards, face à ce Virtuose qui sait déceler les sentimentalités que chacun persiste à conserver pour soi. Le bras se resserre comme des griffes autour de la nuque, amenant son ami à continuer son chemin avec lui, loin de la cacophonie ambiante qui le dérange par ses sons biscornus.

— J’ai entendu tes babillages. Une personne chère ayant causé tes troubles et ton Decrescendo d’humeur ?

Callum ne peut partager ce semblant d’émotions qui pataugent son homologue dans un tremplin de tourments et de questionnements, créant des fausses notes et des irrégularités fantomatiques qui ne cessent de voltiger sous le poids des propos et de leurs rendus. Il ne peut deviner sans que l’on lui exprime avec véridicité, toutefois, il peut se montrer à l’écoute dans des intentions amicales. Ses intentions ne sont jamais dans les meilleures optiques, à quelques discordances près. Ainsi, ils se rendent vers une promenade à l’écart des autres, sur ce tapis de constellations qui peut rendre l’attention moins alerte. Parfait pour lui.

— Ne me ment pas. Tu es un peu fait comme moi et on ne peut être aussi percuté que lorsque que cela est encré profondément. Ce n’est pas n’importe qui.

Une forme de coercition, bien qu’il demeure tout de même curieux sur l’état de celui qu’il a vu muer en une autre forme. D’oisillon boiteux qui n’osait déployer une aile à cette ombre d’arrogance qui se dessine dans l’embrasure pour mieux saturer son air de ses privilèges. Pour le voir ainsi ébranler, rien ne semble anodin, persistant entre les deux et il est évident que l’aîné ne restera pas dans le silence. Pas un façonneur de péchés.