Chacun pour soi ft Yeon Do Hwa

Ce sentiment de vide, d'erreur de rien ne va. Cette boule dans la gorge. Cette envie de se rendormir, de rester endormie jusqu'à ce que tout aille mieux. D'ignorer le monde juste quelques jours, quelques semaines. S'enfermer en soi pour s'effondrer en silence et sans témoins. Ça avait commencé la veille au soir, brutalement. Un petit quelque chose qui avait contrarié Haneul juste avant d'aller dormir. Puis elle avait visité Romeo. Elle avait flotté dans un mélange de jalousie, regret et paix pendant tout son rêve. Le réveil n'en avait été que plus brutal, suivi d'un petit-déjeuner sans énergie enfermée dans sa chambre à ignorer le monde extérieur. L'antidépresseur semblait la narguer alors qu'elle mettait enfin les mots sur ce qu'elle ressentait. Elle n'allait pas bien, aujourd'hui. Et il y avait tellement à faire. Alors Haneul s'était habillée et avait rejoint le gymnase, dans l'espoir d'y trouver un peu de réconfort. De pouvoir s'enfermer dans une bulle en étirant son corps, en courant. Si elle restait dans son coin, personne ne viendrait l'embêter et elle pourrait rassembler les morceaux de son elle publique, juste à temps pour parvenir à présenter une Haneul souriante et charmante au monde. Elle avait deux heures pour rejoindre son premier cours. Elle avait le temps. C'était bien entendu sans compter sur la vie, sur le monde extérieur. Une seconde d'inattention. Son pied cogna un sac de balles qui traînait (comment avait-elle pu ne pas le voir ?) et le sol se rapprocha dangereusement. Haneul avait les mains dans ses poches, elle n'avait pas le temps de les en sortir. Il y eut cette milliseconde de flottement puis un sentiment de légèreté. Et cette angoisse qui la serra immédiatement, semblant vouloir l'étrangler alors qu'elle réalisait qu'elle ne pouvait pas bouger. Son corps ne lui obéissait plus alors qu'il réagissait avec une rapidité qu'elle ne lui connaissait habituellement pas, du moins pas dans de telles circonstances, pas un jour comme aujourd'hui. Elle ne fit pas réellement attention, son esprit restant bloqué sur la panique de ne rien maîtriser, mais elle finit par ne pas réellement tomber, se contentant de mettre un genou à terre. Enfin non. Elle ne fit rien. Son corps mit un genou à terre, sans rien lui demander. Aussi vite que la sensation était arrivée, elle disparut, laissant Haneul les mains toujours dans ses poches, son corps équilibré. Prenant appui sur son genou et utilisant ses années d'entraînement, la jeune femme se releva, libérant ses mains et tournant sur elle-même. Plus loin, trois étudiants jouaient avec une balle, ne prêtant même pas attention à elle. Le jeune homme seul, lui, la fixait. Haneul n'était pas stupide. La colère l'envahit, faisant partie toute autre émotion ou presque : il ne restait qu'un peu de peur, d'angoisse alors qu'elle réalisait pleinement ce qui venait de se passer. « Qu'est-ce que tu m'as fait ?! Qui t'a autorisé à faire quoique ce soit ? Ça t'amuse de voler la liberté des gens comme ça ? » Elle fulminait et s'il avait été plus proche, elle l'aurait probablement frappé sans hésitation.

s’était-il déjà senti comme ça, une fois dans sa vie ? s’était-il déjà senti si mal, plus bas que terre, durant toute son existence ? s’il avait connu des jours pluvieux par le passé, rien n’avait jamais serré son cœur comme il venait de le ressentir à ce moment précis. des émotions dont il a bien du mal à mettre un nom dessus, mais si intenses qu’il en perdrait la tête. cette emprunte émotionnelle, foutu fardeau de son pouvoir ; il avait encore bien du chemin à faire, le garçon, car toutes émotions qu’il venait à ressentir par ce biais le surprenaient toujours. ou bien était-ce cette jeune fille, qui portait un poids bien plus lourd que le sien ? son esprit qui semble si embrouillé, si maussade, qu’il était reconnaissant que cela n’aille pas plus loin, que les pensées d’autrui restent bien à l’écart des siennes. et il a le temps de sentir cette pointe de colère éclipser peu à peu l’angoisse qu’elle éprouvait juste avant de récupérer les mouvements de son propre corps ; dohwa trop retourné pour tenir le moindre contact psychique plus longtemps.

il n’avait pas bougé, depuis qu’il l’avait aidée à retrouver l’équilibre, la sauvant d’une chute certaine. rien n’était dramatique ou mortel, peut-être s’en serait-elle sorti avec un hématome tout au plus. mais il avait réagit dans l’urgence, l’idiot ; comme un réflexe. comme il aurait volé au secours de l’un de ses camarades d’escouades lors d’un entrainement, d’une mission. tout n’était que bienveillance, et jamais il n’aurait cru être confronté à cette explosion de colère de la part de la jeune femme à laquelle il venait de pourtant venir en aide. moi ? qu’il questionne bêtement, la réponse alors plus qu’évidente, même pour les spectateurs de la scène s’il y en avait. original, comme remerciements. y’a pas de quoi. sa voix dont les émotions sont absentes, les traits de son visage qui se font plus fermes. non il n’était pas en colère, mais surement agacé par la réaction qu’elle venait de lui offrir. j’suis pas intervenu pour m’amuser, j’ai voulu aider mais je pensais pas que ton égo serait aussi heurté. ses mots qui deviendraient presque acerbes ; n’avait-elle jamais appris à être reconnaissante ?

Elle aurait pu, peut-être aurait-elle dû être reconnaissante. Mais Haneul ne voyait pas la chose comme une mauvaise chute évitée. Elle serait tombée, se serait relevée, aurait continué sa vie. Elle se serait fait mal, c’est sûr, mais ce n’était pas un drame. Elle avait vécu pire. Le Radiant avait été bien pire. Elle aurait préféré tomber plutôt que se retrouver privée d’elle-même, de son corps. Le jeune homme ne comprenait pas, probablement que Haneul n’aurait pas compris une telle réaction à sa place non plus. Mais il aurait pu essayer de comprendre ce qu’elle ressentait. Savait-il au moins ce qu’elle ressentait ? Là encore, Haneul aurait pu, aurait dû, se poser la question et donc ne pas réagir de cette manière. Mais la peur lui serrait encore le cœur, nourrissant sa colère. « Te remercier ? Pour quoi ? Pour m’avoir évité une chute qui ne m’aurait pas tuée ? Pour avoir violé mon corps, d’une certaine manière ? » Les mots étaient forts, mais elle comptait bien obtenir des excuses, d’une manière ou d’une autre. Elle n’y songeait pas, mais serait entièrement capable d’en venir aux mains. « Mon égo n’a rien à faire dans cette histoire, il s’agit juste de cesser de croire que vous, les Sudistes, vous pouvez faire ce que vous voulez du Nord et de ses habitants juste parce que vous avez gagné la guerre ! Qui vous autorise à nous prendre notre liberté aussi facilement ? Qui t’a autorisé à agir sur mon corps ? » Plus loin, le petit groupe de Fantastics décida de sortir en silence, les laissant tous deux. Pas pour la première fois, Haneul regrettait de ne pas avoir de pouvoir offensif, regrettait de ne pas pouvoir lancer de boule de feu ou le faire lui-même tomber via un courant d’air. Mais elle ne pouvait pas. Elle n’avait que sa colère, ses mots. Ne se rendant même pas compte que la vague dépressive était partie. Qu’elle se sentait mieux, d’une certaine manière.

son ton lui plaisait de moins en moins, et ses bras qu’il vient croiser contre son torse, ses sourcils qui se froncent. le discours qu’elle lui adresse, bien qu’elle en affirme le contraire, continue de lui faire penser que son égo a surement été touché par son action. et même plus que ça, finalement ; peut-être que le réel problème n’était pas ce semblant de sauvetage, peut-être que la raison de sa colère était bien plus profonde que ce qu’il n’y parait. pourtant compréhensif à l’ordinaire, il estime cependant qu’il ne méritait pas de tels mots pour un si petit incident.

loin de savoir qu’il avait face à lui une demoiselle qui avait, par ce qu’il pouvait déduire de ses paroles, très surement grandit dans le nord du pays, cela dit le but premier de son geste n’était certainement pas de la faire se sentir plus petite que lui. non, ça ne lui ressemblait pas, et ces accusations à tort heurtait peut-être, à son tour, son égo. oh mais je pense que ton égo est bien plus concerné que ce que tu veux me faire croire. qu’il réplique alors, ne remarquant même pas le petit groupe cherchant à s’éclipser discrètement, laissant le gymnase vide pour les deux protagonistes. et tu penses que tu vaux mieux que moi, avec ton speech sur la guerre ? depuis quand y’a de la discrimination dans ce que je viens de faire, hein ? tu réagis comme ça à chaque fois que quelqu’un essaye de t’aider, même si c’est maladroit ? ma pauvre. son calme olympien qui serait presque déstabilisant pendant qu’il argumente avec la jeune femme qui semble au bord de l’implosion pourtant. écoute, j’ai vu quelqu’un manquer de tomber, j’ai voulu aider, et c’est tombé sur la personne la plus ingrate que j’ai pu croiser ici, c’est tout ce qu’il s’est passé. pas d’histoire de guerre, de nord, de sud, rien de tout ça.

Les mots manquaient presque à Haneul sous le choc. Déjà, une petite partie de son cerveau lui criait qu’elle allait trop loin, qu’elle était celle en tort, qu’elle devait s’excuser et s’arrêter là. Mais une autre lui ramena un souvenir. Cet été. Dans le parc. Cette sensation de piqûre, puis cette absence de contrôle de ses jambes. Elle se souvenait encore de la sensation de peur qui l’envahissait alors qu’elle se rendait compte qu’elle n’allait pas s’en sortir seule. Elle était une professionnelle, pourtant. Elle connaissait les risques du métier, les avait vécus. Pourtant… Non. Elle n’était pas en tort. Elle n’étais juste pas habituée à ce genre de… risque. Une blessure par balle, manquer de se noyer ? Ça, elle connaissait, elle maîtrisait, savait comment réagir. Qu’on la prive de son propre corps ? Non. Peut-être était-il temps qu’elle se fasse à cette idée. Elle n’était pas sûre d’en avoir très envie. Alors que l’inconnu gardait un visage neutre, vide de tout hormis l’agacement qu’elle avait l’impression de lire dans la tension sur son front, Haneul ne cacha pas son dégoût, sa colère. Ne se retenant plus et n’écoutant pas la voix de la sagesse qui criait à son oreille, la jeune femme fit deux pas en avant, s’approchant enfin du jeune homme. Elle avait l’impression de l’avoir déjà vu, croisé plusieurs fois. « Et en quoi serait-ce aider quelqu’un que voler son corps à une personne qui n’a rien demandé ? » Elle ne s’écoutait plus, ne sentait même pas le léger tremblement de ses jambes dû au choc : « Tu as peut-être cru que j’étais une demoiselle en détresse, eh bien tu as tort. Je n’ai pas demandé ton aide, je n’avais pas besoin d’aide. Alors ce que tu considères comme de l’‘‘aide’’, moi je vois ça comme une atteinte à ma liberté physique. » Elle était suffisamment proche pour le toucher, ce qu’elle fit en plantant un doigt dans sa poitrine, le transperçant du regard. « Et si tu t’imagines que la guerre et ses conséquences ne t’affectent pas c’est que tu es trop privilégié pour t’en rendre compte. Tout ici est impacté par ce que ton peuple a décidé de faire. »

son discours tenait bien la route, il ne pouvait le lui enlever. mais l’idiot ne comprenait pas pour autant pourquoi ils devaient débattre sur un tel sujet alors que la situation originelle ne s’y prêtait absolument pas. il n’avait aucune idée de ce que la demoiselle avait bien pu traverser avant d’arriver ici, et il n’était surement pas là pour remettre le moindre de ses traumatismes en doute. il l’observe s’approcher de lui, alors qu’elle continue à lui déverser sa haine et sa colère ; peut-être essayait-elle de la lui transmettre, il n’en était pas très sûr. mais qu’importe, le garçon n’était pas du style à sortir de ses gonds comme sa nouvelle amie lui démontrait en ce moment. son doigt contre son torse et leurs orbes qui se croisent, leurs regards qui se mélangent. et elle pouvait bien le lire de le sien, il n’appréciait pas son geste. peut-être même que la tension venait de monter d’un cran, mais il n’explosait toujours pas. je considère ça comme une aide, parce que c’est le moyen qu’on m’a donné pour le faire. or si tu es ici devant moi, tu dois bien savoir qu’on ne le choisit pas. mh ? pourquoi devait-il se justifier, déjà ? n’aurait-ce pas été plus simple qu’elle lui confie calmement qu’elle ne préférait pas qu’il recommence ? et tous auraient passé leur chemin, et elle ne serait pas en train de grogner avec une telle intensité. tout ce qui est impacté par la guerre ici visiblement c’est toi, et à ce que je sache je ne suis pas responsable de tes tourments. tu t’es sentie oppressée par ma manière de faire, j’en suis pas responsable non plus. non, même pas un tout petit peu ; il n’avait pas décidé d’obtenir la capacité de contrôler autrui de cette manière là. mais par contre, ne m’oblige pas à recommencer. qu’il lui adresse sèchement, un mouvement de tête qui lui indique la présence de son doigts contre lui. le garçon avait bien compris que son geste ne lui avait pas plu, et c’est qu’il était bien d’accord de ne plus le réitérer, à condition qu’elle ne le force pas à le faire.

Haneul avait l’impression de s’être pris un coup alors que l’inconnu lui répondait. Non. Elle n’avait pas choisi. Elle n’avait pas choisi son pouvoir. Elle n’avait pas choisi de recevoir le Radiant. Elle n’avait pas choisi d’être capturée. Elle n’avait pas décidé d’être ici. Et manifestement il n’avait pas conscience de qui elle était, de ce qu’elle avait pu vivre. De ses origines. Ses oreilles sifflaient presque alors qu’elle l’entendait parler de la guerre comme si… Comme si ça n’avait pas été si grave que ça ? Comme s’il suffisait qu’elle décide de passer à autre chose ? Comme si c’était si simple que ça ? Peut-être que dans d’autres circonstances, un jour où elle n’avait pas l’impression de se noyer en elle-même, peut-être que si elle ne s’était pas injustement énervée sur lui… Peut-être qu’elle aurait mieux réagit. Peut-être n’aurait-elle pas été si touchée par ses mots. Par l’ignorance de ces mots. Et était-ce réellement de sa faute, à lui ? Était-ce une si mauvaise chose qu’il n’ait pas conscience de tout ce que la guerre avait impacté ? Oui. Car l’ignorance blessait. Ne pas savoir était la porte ouverte pour recommencer, refaire les mêmes erreurs. Mais tout ça, elle n’en avait pas encore conscience Haneul ne s’était jamais sentie si en colère, ses pensées tournant en rond sur ce qu’il avait dit, sur ces insultes qu’il avait prononcées sans connaître leur impact. Sa main libre se serra en un poing, son pouce bien placé à l’extérieur. Ses jambes se raidirent, servant de racines à son corps. Il était concentré sur son doigt, s’il ne vit le poing arrivé, ce n’était que trop tard. Haneul mit toute sa force dans ce coup sur la mâchoire de l’inconnu. Elle eut mal, mais pas autant que si elle n’avait pas maîtrisé le geste, que si elle ne le connaissait pas quasiment par cœur. Son doit planté dans le torse du jeune homme se rangea enfin alors qu’il vacillait. Elle avait l’impression d’être en feu, d’avoir toute la force du monde, sa fureur effaçant tout le reste. « Tu es de la pire espèce. Tu es comme tous ces privilégiés qui refusent de voir combien ils ont de la chance. Tu dis que n’as pas choisi ? Félicitations ! La prochaine fois que tu sortiras de telles choses n’hésites pas à vérifier à qui tu dis ça. Pauvre petit chéri, tu dois penser que tu es à plaindre parce que tes richissimes parents ont décidé pour toi que tu recevrais le Radiant ! J’ai une mauvaise nouvelle pour toi : certains en ont plus bavé que toi. Alors à l’avenir assure-toi de la fermer et de ne pas voler aux autres leur liberté, sinon ce coup ne sera que le premier d’une longue liste. »

une douleur aiguë qui se diffuse dans toute sa mâchoire ; trop focalisé sur la demoiselle, il n’eut le temps de voir son geste venir. lui et ses réflexes presque divins venaient d’être déjoués par la colère de la jeune femme. et pendant ce court instant qui semble s’écouler si lentement, l’idiot réfléchit : avait-il était trop loin ? peut-être avait-il trop démesurés ses mots, et bien qu’il cherchait à la piquer avec ceux-ci, simple manière de se défendre, il n’aspirait pas à la blesser de la sorte. son équilibre qu’il perd l’espace de quelques secondes, le coup de l’autre le forçant à reculer d’un ou deux pas, sa main qu’il vient par automatisme glisser sur sa peau rougie et douloureuse. le regard dans le vide, alors qu’il essaye de réajuster ses pensé, à emmagasiner ce qu’il venait de se passer. les mots de l’étudiante qui vienne l’assommer un peu plus encore, ces vérités qu’elle lui crache au visage. le méritait-il ? peut-être bien, finalement. un peu perdu, le bougre. mais elle ne lui apprenait cependant rien de nouveau : il le sait très bien, que tous avait un passif différent, mieux qu’elle ne pouvait l’imaginer. ses yeux viennent retrouver le regard de la brune, et dans celui-ci il pouvait y lire toute la colère qu’elle ressentait par sa faute. son sang qui s’était quelque peu mis à chauffer aussi, n’appréciant que très peu être pris pour un antipathique insensible par celle qui venait pourtant de le frapper. il laisser échapper un rire ironique, alors qu’il se redresse, se replace devant elle, et se pencherait même un peu afin de planter ses orbes dans les siennes. tu penses m’apprendre quelque chose ? tu penses que parce que j’ai une tête de gosse de riche, que je ne sais rien de tout ça ? tu penses que j’ai jamais croisé quelqu’un qui en a plus bavé que moi, comme tu le dis si bien ? sa colocataire en était la preuve même. il se redresse, croise les bras contre son torse. félicitations, tu viens de te planter tout comme moi. n’hésites pas a vérifier à qui tu dis ça. qu’il prend soin de répéter ses mots.

Haneul n’avait jamais eu autant de mal à maîtriser ses émotions, à les apprivoiser que depuis qu’on lui avait administré le Radiant si bien que si la peur l’avait gouvernée, la fureur avait facilement pris le dessus, atteignant son paroxysme très rapidement. Lui faisant dire des choses qu’elle n’aurait normalement pas dites. Haneul regrettera son geste, ses mots, mais sur le moment elle ne ressentait qu’une satisfaction malsaine en voyant le choc sur le visage du jeune homme, ses yeux pétillants alors qu’elle le voyait porter la main à sa mâchoire. Elle n’était peut-être pas très grande ni épaisse, mais elle savait utiliser sa force et comment frapper. La plénitude de son acte, pourtant, ne lui était pas encore parvenue. Il lui faudrait quelques heures pour réaliser sa cruauté, quelques jours pour entièrement regretter. Et quelques semaines pour comprendre qu’elle ne supportait plus de perdre le contrôle de son corps comme cela venait d’arriver. Le jeune homme avait décidé de l’aider le mauvais jour, en soi. En tout cas, une lueur de satisfaction dans les yeux, la jeune femme encaissa sans broncher les paroles de l’inconnu. Elle ne s’estimait pas encore complètement vengée, non. Elle estimait toujours que le tort qu’il lui avait causé était incommensurable, lié à ces nuits passées enfermée, à ces heures sans savoir ce qui adviendrait de son futur, si elle reverrait jamais la mer. Non. En réalité, il ne pouvait pas comprendre parce qu’elle ne lui en avait pas donné l’occasion, mais qu’importe. Pour le moment, Haneul était trop furieuse. « Tête de gosse de riche ou pas, clairement tu refuses de te remettre en question. On dirait presque une phobie à ce stade, c’est pathétique. Continue de te rouler dans tes privilèges, j’ai mieux à faire. » Car elle venait de se souvenir d’une chose. Elle venait d’avoir une idée. Offrant un sourire carnassier au jeune homme, Haneul retourna sur ses pas, allant vers les bureaux administratifs. Elle tenait sa vengeance, du moins un peu. Et le pire dans tout ça, ce qu’elle ne voyait même pas sur le moment… C’était qu’elle allait mieux. La phase dépressive était passée, effacée par les blessures, les mots, la peur, la colère. Haneul n’est plus sûre de si c’est une bonne chose ou non.

le sourire qu’elle lui laisse avant de tourner les talons qui le laisse dubitatif quant à la situation. n’était-elle pas folle de rage, il y a quelques secondes encore ? à lui adresser des mots plus acerbes les uns que les autres, et pas toujours criards de vérité, d’ailleurs. comment pouvait-elle affirmer qu’il ne supportait pas se remettre en question en l’ayant croisé pour la première fois de sa vie. compte sur moi. qu’il parle assez fort pour qu’elle l’entende bien que déjà sortie du gymnase. il soupir, incertain de percuter correctement tout ce qu’il venait de se passer en si peu de temps. l’idiot reste planté là quelques instants, le regard perdu dans le vide, alors que son esprit s’affole. pour qui elle se prend, celle-là. oui, il était énervé ; et c’était pourtant une émotion bien difficile à décrocher chez lui, peut-être même que ses colères de toute sa vie se comptaient sur les doigts d’une main. celle-ci d’ailleurs vient retrouver sa joue douloureuse ; elle était peut-être folle mais elle avait bien sa place à l’armée, dohwa devait bien l’avouer. ses mains qu’il glisse dans poches de sa veste, il n’avait plus rien à faire ici et quitte la salle à son tour, la laissant vide derrière lui. ses traits sont serrés, presque effrayant, voilà même que les étudiants présents un peu plus tôt prennent presque peur lorsqu’il passe à côté d’eux, le bougre. et sa joue bien rouge par le coup qu’il venait de se recevoir : ses pas prennent automatiquement le chemin de l’infirmerie, où il espérait trouver quelque chose qui atténuerait ses douleurs.