(tw) I fall to the bottom, ft hyunsu

C’est quelque peu douloureux, il ne peut le nier.

Eero tente de cligner des paupières, le corps se sentant alourdi par une pression inconnue. Qui n’est aucunement de l’épuisement, puisque ses sessions d’entrainements se déroulent sans encombre. Sa gorge l’irrite, lui provoque des toussotements et un manque d’entrée de l’air. Ses sens s’embrument comme un épais brouillard, la lumière pâle peignant de fines bandes sur le mur en face de lui, indiquant que l’heure avait tourné entre temps. Il souhaitait fermer les yeux, sentant sa capacité brouillonnait dans son estomac et remonter vers sa trachée, vibrant dans ses muscles.

Et pressant contre celles-ci, avide et belliqueuse, luttant contre le contrôle de son possesseur en implorant d’être libérée. La réalisation se mêlant à son pouvoir, roulant et se rebellant à l’intérieur lui procure quelque chose de proche à de la panique, s’installant chez le brun lorsque le bout de ses doigts commence à s’engourdir. La nausée le rattrape, le bourdonnement dans ses tympans et la faiblesse musculaire, s’arrachant à quelques plaintes en luttant pour désencombrer ses voies respiratoires, obstruées par la strangulation pernicieuse qui continue son cheminement comme une première nécessité.

Eero eut un haut le cœur en découvrant une silhouette près de lui, ses doigts glissants en le repoussant vainement, la même supplication du bout des lèvres. Non. Non. Non . La douleur traverse sa gorge et il se replie sur lui-même, les paumes à l’endroit où les marquent apparaissent. L’automutilation lorsque sa magie ne trouve personne à qui s’enrouler, tout en retenant les larmes de cet étranglement qu’il essaie de maitriser et de repousser la personne qu’il veut l’aider.

Qui serait assez fou pour lui porter secours ?

Poussant les battants de la porte, le regard à l'affût, la sueur perlant sur son front, le jeune homme n'hésite pas une seconde. Ses pas le mènent rapidement devant le corps tordu de douleur, essoufflé et éructant qui se trouve dans un coin de la pièce.

- bon sang ! Siffle t-il entre ses dents.

Tous le savent, du moins tous ceux qui le connaissent,  Choi Hyunsu passe plus de temps à soulever des altères et à apprendre les arts-martiaux qu'à rester entre les quatre murs de sa chambre.
Habituellement accompagné d'au moins un membre de son escouade, il est resté seul aujourd'hui une fois les tortues réparties vers des flots plus sereins à leurs occupations habituelles, voulant rester encore un peu à suer et donner plus qu'il ne semble possible pour lui d'encaisser. Il se sait inutile sur un champ de bataille, un homme en santé voulant aider et se retrouvant à l'arrière de la ligne de front à réparer les blessures des autres. Il s'en mordait l'intérieur de la joue de dégoût parfois...

- Évite de trop bouger... Laisse-moi te regarder ! Commandes t'il avec un ton à la fois doux et agacé en repoussant les mains faibles du garçon qui se trouve face à lui.

Il ne voit pas bien les marques de la souffrance de celui qu'il tente d'aider, mais les symptômes lui semblent clairs pourtant.

- Je vais poser mes mains sur ton cou, fais moi confiance.

Hyunsu espère que son interlocuteur comprend ce qu'il lui dit et qu'il ne va pas encore le repousser. Le temps de la guérison peut être long, surtout quand il ne sait pas bien ce qui provoque la souffrance. Mais ce qu'il voit semble sans appel, le garçon n'arrive pas à respirer.
À peine ses doigts effleurent son cou, la souffrance l'irradie et lui coupe la respiration en écho à ce que vit le blessé. Le Choi laissé un hoquet de surprise le prendre tandis qu'il enlève ses mains, bouleversé par le contact.

- oh la vache ... Souffle t'il, ses narines dilatées essayant de prendre le plus d'air possible.

Il doit l'aider, il doit poser ses mains à nouveau sur son cou et le libérer de sa souffrance. Pour ça, il doit vivre son empathie complète avec la douleur du jeune homme. Une douleur insupportable.
Hyundai sert les dents, tendant ses mains à nouveau devant lui, dans une fraction de seconde ses doigts allaient effleurer de nouveau son cou, mais cette fois, il était prêt, prêt à vivre le mâle.
Ses doigts touchent sa peau.
Hyunsu ferme les yeux. La douleur la lacération à la gorge, insupportable.

L’aîné eut un nouveau soubresaut, davantage de douleur jaillissant de sa nuque, des picotements partout autour de lui alors que cela se mélange avec la pression déjà exercée et écrasante. Néanmoins, cela semble soudainement s’atténuer, lui permettant d’inspirer avec difficulté, la respiration rauque et difficile. Un sanglot tombe sur ses lèvres, fort et déchirant, reflétant la douleur qu’il ressent à l’heure actuelle. Avant que son pouvoir ne commence à vaciller vers une autre source, bien plus palpable et nouvelle, créant une angoisse brûlante dans ses veines. Il cligne des paupières, essayant de trouver la raison, prenant de longues secondes à comprendre que le fou ne s’est pas écarté.

Au contraire, il essaie de le soigner. Eero essaie de maîtriser ses émotions chaotiques, le petit ne méritant pas qu’un lien invisible entoure sa gorge et la presse comme un collier étrangleur. De plus en plus fort et déposant une marque qui restera quelque temps, coupant les voies respiratoires et créant un désespoir de ce qui étouffe sans moyens de s’en déloger. Arrête , grogne le dragon auprès de son homologue qui se fait du mal, déchirant sa gorge et le laissant enrouer. Il se mord la lèvre, retenu un gémissement douloureux, bien que moins imposant que l’autre qui subit de plein fouet une strangulation élevée. Il essaie de se ressaisir lorsque l’oxygène afflue de nouveau et correctement dans son corps.

La maitrise quasi parfaite de sa capacité, le sentiment d’étranglement que ressent son interlocuteur s’interrompt brusquement. Sifflant un commandement brusque de retenir ce défaut au fond de lui, son corps s’efforçant de résister tandis que son pouvoir se rebelle et le déchire pour se libérer. Le silence tombe, lourd de leurs respirations laborieuses, le repoussant pour le laisser sur le côté. Tu es malade de faire ça. , accuse le brun vers le soigneur, gémissant lorsqu’il sent une vague enserrer sa trachée, qu’il réprime assidument. Ses nausées sont profondes, la douleur lorsqu’il déglutit lui arrache une grimace, sachant qu’un trait rougeâtre se forme peu à peu. Il voulait être en colère, mais il était bien autre. Je suis désolé. . C’est tout ce qu’il peut dire.

Personne ne mérite ça.

La douleur, intense et brûlante, prend la gorge de Hyunsu dés le premier contact de son épiderme sur la peau du garçon. Sa main reste ferme et douce, deux doigts seulement touchent son cou tendis qu’il enserre doucement la mâchoire du garçon. Il faut simplement qu’il se concentre sur la douleur et que ce dernier ne bouge pas de trop afin d’aller plus vite.
Comme un miroir à la souffrance de celui qu’il essaye d’aider, le visage de Hyunsu se crispe et ses dents viennent s’entrechoquer les unes contre les autres. Son autre main vient doucement prendre celle du jeune homme et la presse entre ses doigts. Le Geobuk sait ce qu’est la douleur, il en fait l’expérience et l’endure tous els jours, et à l’image de la tortue à la carapace dure et protectrice qui est représenté sur son plastron, le Choi ne peut se refuser à aider autrui.
La main tendue n’apporte certes que du réconfort et aucun pouvoir ne vient s’échapper du bout de ses doigts, mais, Hyunsu espére que ce réconfort suffira à diminuer la latence de la souffrance ressentie.
Et contrairement aux suppliques de l’autre jeune homme, il n’était pas près d’arrêter.

- Oui, c’est bien respiré. Encourageât-il doucement lorsqu’il vit le garçon reprendre lourdement son souffle sous ses yeux.

Quelque chose sembla changer même pour lui, au-delà de sa voix devenue rocailleuse en raison de la strangulation, il ressenti une forme de soulagement, comme si la douleur s’évanouissait d’elle-même. Ils luttent tous les deux.
Un instant, Hyunsu relève sa main et se sent à nouveau mit de côté. Ses sourcils se froncent, viennent se joindre en un pli unique au-dessus de son nez.

- Laisse-moi t’aider espèce d’idiot ! Grommèle-t’il, perdant un instant de son sang froid qu’il s’appliquait pourtant à revêtir lorsqu’il n’était pas en présence de son escouade.

Si le répit exista, il ne vécu qu’un instant avant qu’une rougeur terrible ne se dessine sur le cou du garçon qui vient à s’excuser, le visage déformé par le terrible effet de son propre pouvoir.
Cette fois-ci Hyunsu s’en mord la lèvre. Il doit réussir, passer outre ce qu’il ressent lui-même et aller jusqu’au bout en une fois. Portant ses mains puissantes sur la mâchoire du souffrant, il fit glisser ses mains le long de son cou avec un geste ferme et délicat, ne cherchant pas à l’étrangler mais à l’enserrer.
La douleur fusa, se transférant à lui, créant une panique dans son regard et des perles de sueur sur son front, son pouvoir luttant contre un autre.
L’oxygène vient à lui manquer et tout en continuant de fixer ses propres mains, concentré, il se mit à pousser une série de jurons entre ses dents.

- Je vais y arriver putain … fuck… la vache … fuck … je vais y arriver…

Sa concentration ne baissait pas, et Hyunsu se mit à sentir ses paupières devenir lourdent face à la puissance qu’il devait mettre pour contrer les effets de l’automutilation. Nausées, trachée bloquée sentiment de déchirure, étouffement … Quel pouvoir affreux et fort possédait celui à qui il tentait de venir en aide, aspirant les souffrances sans les stigmates, le libérant ainsi lentement – trop lentement – de son terrible fardeau.

Eero frappe gentiment les paumes qui enserrent son cou, observant bel et bien son interlocuteur absorbait sa douleur pour la faire disparaître tout en remarquant les effets allant dans le sens inverse. Ce qu’il refuse de constater, finissant par relever ses genoux et offrir un coup de pied sur les côtes pour que l’autre s’écroule à côté et s’éloigne de lui. Le dragon n’en mène pas large, s’essoufflant en se mettant sur ses fesses et le regard courroucé vers son interlocuteur. Pourquoi tu veux m’aider ? . Le ton est plus agressif que désiré, toussant sous la voix rauque et l’écrasement sensible de ses cordes vocales. Il reprend peu à peu la maîtrise de sa capacité et de soi, bien que cela reste encore sur un flux tendu.

Il traine vers l’autre, en l’aidant à se redresser et à s'asseoir convenablement. Désolé, je ne voulais pas te frapper, mais clairement, ce n’est pas la solution d’essayer de me soigner. Tu l’as bien senti, non ? C’est douloureux. Ne le reproduis pas. , termine-t-il en octroyant une pichenette sur le front de son homologue. Une petite tortue têtue et un dragon qui le demeure tout autant, soulevant un sourcil interrogatif sous le vague souvenir de s’être fait traiter d’idiot. Il ne risque pas d’oublier ce mot doux, bien qu’habitué aux insultes bien plus vulgaires. C’est pour ton bien que je dis cela. Et encore, tu n’as pas la version complète de mon pouvoir, mais ne va pas plus loin si tu n'es pas capable de le gérer. .

Il se rend compte de la dureté de ses mots, se mordant légèrement les lèvres de frustration, toussant pour reprendre contenance. Enfin. Merci de m’avoir aidé. J’ai pu… reprendre la main. . Et ne plus se laisser aller par ses pensées intrusives et son automutilation basique et suicidaire. Si j’ai bien compris, tu soignes en prenant les maux des autres ? . S’il a bien ressenti la légère vague qui lui a permis de reprendre son souffle et sa maîtrise. Néanmoins, il éprouve de la compassion pour ce jeune homme, devant passer par bien des atrocités pour le bien des autres. Ce n’est pas une capacité simple.

Hyunsu sert les dents en recevant le coup dans ses côtes. Il se laisse tomber légèrement sur le côté, et pose sa main, libéré du cou du coup de l’autre là où c’est posé l’impact.
La force et la surprise le font basculer, heureusement pour lui, il sait ce que cela fait de prendre des coups, il en prend souvent, que ça soit pendant les entrainements ou lors des matchs de l’équipe de rugby des Geobuk.
Le visage redevenant statique, essayant de cacher au mieux son exaspération, le Choi laissa l’autre grincer quelques paroles avant que ce dernier ne s’excuse et ne l’aide à se redresser. Il y a quelque chose dans la manière d’être du jeune homme qui se trouve en face de lui qui agace profondément Hyunsu autant qu’il ne lui provoque une certaine sympathie.
Un entre deux absolument inconfortable.

- J’ai connu pire. Grommela la tortue en laissant sa tête tomber contre le mur qui se trouve juste derrière l’endroit où il a trouvé une position assise confortable.

Il avait connu pire, ou on pouvait dire… différent ? Toutes les douleurs ont leurs marques, leurs attribués, leurs manières de parvenir à se faire ressentir tel des agressions dans et à l’extérieur du corps. L’entrainement de Hyunsu consiste principalement à avoir la capacité de comprendre ces douleurs, de les encaisser pour mieux en guérir les personnes envers qui il porte des soins. Ce n’est pas choses faciles, surtout lorsqu’il s’agit de se préparer au pire, toujours au pire.

- Je pourrais gérer si tu étais plus coopératif. Ajoutât-il tout à fait sérieux, près à en découdre d’une manière ou d’une autre pour faire comprendre à son interlocuteur qu’il était là pour l’aider après tout.

Un remerciement fuse et Hyunsu se détend. Une douceur imperceptible se lit sur son visage tendis qu’il observe un instant le profil du jeune homme qui s’intéresse soudain à son pouvoir. Il a les traits fins, et serait certainement plutôt beau garçon si les sillons de souffrance ne durcissaient pas son visage.
C’était aussi quelque chose que Hyunsu avait apprit à reconnaître, les personnes habituées à souffrir et qui, comme lui, cachaient ces douleurs répétées derrière une façade plus ou moins solide.

- Plus ou moins… répond il peut certain de ce qu’il convient de donner comme détails ou non sur son pouvoir.

Il y avait tellement de détails, d’indications contradictoires sur comment approcher un tel don qu’il avait parfois du mal à comprendre ce que l’on attendait véritablement de lui.

- Mais j’ai besoin de toucher … marmonne t’il avant de mettre ses mains dans ses poches, esquissant une grimace, comme s’il confessait un pêcher face à un prêtre.

Son regard se porta à nouveau sur le garçon, l’ombre des strangulations passées ou présentes rougissant imperceptiblement son cou. Le Choi darda un instant son regard à l’endroit où ses mains s’étaient trouvées un peu plus tôt, espérant que son pouvoir puisse se manifester soudainement différemment, mais rien ne se passa.

- C’est ton pouvoir qui te fait ça ? finit-il par demander, à la fois curieux et désolé pour lui.

Il hoche la tête à la réponse, comprenant que son comparse semble davantage réserver quant à discuter de sa capacité, délivrant quelques informations sans aller dans les détails. « C’est pour ça que tu avais tes mains autour de mon cou. Pour prendre » la douleur et la conserver ? . Un soin bien particulier, conférant cauchemars et traumatismes pour les cas les plus violents, comme le sien. La strangulation n’a rien de pratique sur la santé mentale, surtout en observant les victimes se tordre de douleur, suppliant pour une goulée d’air. Même s’il ne résout qu’en cas d’extrême urgence pour un écrasement fatale de la trachée, sous les sons qui peuvent hanter toute une vie. Alors, non. Il ne souhaite pas qu’un gamin timide et paraissant empli de gentillesse et déjà assez tourmenté puisse considérer son malheur de ce qu’il vit au quotidien. Personne ne mérite de vivre ça et Eero n’est pas assez cruel pour le porter à d’autres.

Il acquiesce doucement aux paroles. Oui. Mon pouvoir a un besoin constant d’étouffer une victime et dans le cas où cela n’est pas possible, comme là, avec personne aux alentours, cela se retourne obligatoirement à moi. . Automutilation. Un inconvénient encombrant et perturbant à bien des égards sa santé mentale, retrouvant à chaque fois le souvenir d’un membre de sa famille essayant de l’asphyxier. Encore et encore. C’est comme le revivre à chaque fois et cela ne lui permet pas de sortir de son envie de suicide, pour enfin pouvoir souffler. Ou en avoir l’impression. Et encore, sois heureux que je le maitrise très bien. Il suffit d’une inattention pour que ça se déclenche. Je ne supporte pas qu’on me touche à cet endroit. .

D’où sa défense solide et son coup de pied pour l’en éloigner avant de lui faire plus de mal. Ne prends pas la peine de venir m’aider, tu risques d’avoir aussi mal que là. Ne viens pas me dire que tu n’as pas souffert, sachant que ce n’est qu’une partie de celle-ci. . Eero peut être bien plus violent dans cette mesure, le parfait petit soldat capable d’étendre en jonglant avec sa forme de combat. Est-ce que ça va ? , demande-t-il en approchant sa main pour venir vérifier s’il n’a aucune blessure visible ou un quelconque problème. Il s’en veut tout de même de ce qu’il a fait, même s’il la fait pour le protéger de lui.

Hyunsu resta assis un instant, son regard fixé sur le garçon qui lui faisait face. Il ne devait pas avoir l'habitude d'être aidé ou de demander de l'aide et bien que le Choi puisse comprendre cela, à son corps défendant, il trouvait toujours ce genre de réaction un peu stupide, surtout lorsqu'une personne pouvant réellement vous aider se trouve face à vous.
Le Geobuk hausse les épaules pour toute réponse à la question sur son pouvoir. Il pourrait certainement le décrire avec plus de précision, mais il n'en voit jamais vraiment l'utilité, il peut soigner ... C'est tout ce que l'on a besoin de savoir ; qu'il souffre ou non cela ne regarde que lui après tout.
Les yeux du guérisseur s'écarquillèrent à la description du pouvoir de son interlocuteur et il fut un instant paniqué pour lui. Ce pouvoir était démentiel, à la fois dans son apparition que dans l'effet que cela pouvait avoir sur son propriétaire, inconsciemment Hyunsu serra fort la mâchoire à en faire rouler un muscle sur sa joue, ses sourcils se fronçant en une mine concernée et inquiète.

- Parfaitement maîtrisé...

Hyunsu laissa un rire nasal et narquois lui échapper en laissant sa tête retomber sur sa nuque, observant le plafond.

- Tellement bien maîtrisé, que je t'entendais t'étouffer depuis l'autre côté de la porte.

Ce fut en reportant son regard sur le garçon que Hyunsu remarqua qu'il semblait le dévisager à son tour et l'ausculter à sa manière pour voir les traces de potentielles blessures.

- Je ne te dirais pas que je n'ai pas eu mal, mais j'ai l'habitude qu'on va dire.

Les cernes sous les yeux de Hyunsu semblèrent soudainement plus foncés encore à la lumière de la pièce, ou bien. Était-ce seulement lui qui sentait le tiraillement plus lourd sous ses paupières, quoi qu'il en fût, il secoua la tête en soupirant avant de passer son pouce et son index sur ses yeux avant de se pincer le nez, une légère migraine commençant à lui monter au front ?

- Oui, je vais bien. Je ne reçois pas les stigmates quand je soigne juste...

Le jeune homme s'arrête un instant cherchant ses mots, mais n'en trouvant pas de mieux pouvant convenir.

- Juste la douleur, toute la douleur. Puis elle disparaît au même rythme que celle dans le corps de la personne que je touche... C'est comme un écho de ce que ressent l'autre... De l'empathie physique, on va dire. L'inverse de ton pouvoir visiblement...

C'était une discussion qu'il avait eue mille fois avec le personnel ici, comment rendre son pouvoir utile, et pourquoi il semblait si limité à autrui et pas à lui-même, ce qui lui aurait permis d'aller sur le front en première ligne et de se battre sans jamais être vaincue. Mais non... Il était cantonné à l'arrière-garde, un point fondamental de sa souffrance à lui au quotidien.

Il soulève un sourcil en l’observant, penchant légèrement la tête sur le côté. Loin de lui l’envie de paraître intimidant, néanmoins, cela survient avec force sous les propos et le souffle du nez. C’est vrai, tu m’as entendu. Comme il est juste de dire que ton contrecoup est l’empathie de la douleur, le mien est l’automutilation. Parce que je préfère que cela retombe sur moi, qui est plus réceptif à la strangulation. Que quelqu’un comme toi, qui n’a rien demandé et qui pense aussitôt que la maitrise se cloisonne à ce qu’on peut faire de ce qu’on peut gérer. Je peux comprendre, c’est plus simple de venir en aide alors qu’on ne le demande pas. Mais tu as raison, je ne le maîtrise en totalité. . Le ton n’est en aucun cas jugeur ou même véhément. Il est évident que son interlocuteur ne peut pas connaître son traumatisme infantile, qui lui remet en pleine face dès que son pouvoir s’active. Ni de ses pensées dépressives et de regarder dans les yeux vitreux, ceux qui sont face à la crainte de mourir, étouffer. Pire encore, de ne pas vouloir être aidé parce qu’on veut mourir en souffrant.

Il écoute attentivement les paroles de l’autre, hochant la tête avec un sourire tordu. Je fais souffrir et c’est toi qui récupères celle-ci. Bon combo. L’habitude, on ne l’a jamais, je pense. Sinon, on ne s’écroulerait pas comme ça. Dans ton cas, tu joues un rôle primordial puisque tu prodigues des soins, tout en devant te ménager pour ne pas accumuler les douleurs. Hum. . Ces limitations offrent des potentialités limitées, en raison des cas graves ou internes qui ne seront pas détectés et si Hyunsu récupère un dixième ou la totalité de la souffrance acquise, c’est s’appuyer sur un poids mort en combat. Ce qui peut mener à une vigilance accrue pour ne pas perdre un blessé et celui qui soigne. Il dodeline de la tête à ses propres pensées. Cela dure quelques secondes ou bien cela peut aller à plusieurs dans le cas où les blessures sont profondes ? Je suppose que celles internes, sont plus difficiles ? Comment tu arrives à compenser ? . Qu’il ne lui dise pas qu’il attend que cela se passe, il en soulèverait un sourcil d’incrédulité.

Dans le fond, Eero sait qu’il peut dévier son pouvoir sur autre chose qu’envers lui-même. La différence étant qu’il désire ardemment se faire étrangler, souvent accumulées avec ses pensées suicidaires. De même, il ménage volontairement ses sentiments pour que son courroux ne s’envoie pas au fauteur de trouble qui va rouler des yeux et tomber au sol en priant qu’on le libère. Le dragon s’estime chanceux d’être assez docile pour ne causer de grabuge dans l’enceinte de l’établissement et aux alentours. Tu as besoin de quelque chose ? Je me sens quand même redevable parce que tu as subi alors que tu n’avais pas à le faire. . Qu’il souhaite mourir est une chose, sans toutefois entrainer dans son sillage.

Hyunsu laissé un léger soupir sorti de ses lèvres tandis qu'il observait son interlocuteur, il le regarde par-dessous, son menton posé sur sa poitrine, les bras de chaque côté de son torse bien écartés pour prendre appui derrière lui, pour se sentir solide face au garçon qui semble à la fois sur de lui et tranchant dans ses paroles. Et pourtant, pourtant, il le complimente à sa manière, et le Choi n'est assez pas stupide pour ne pas l'avoir remarqué, alors il lui sourit, ou plutôt il laisse son visage se détendre, la pression et l'angoisse que la douleur du pouvoir du garçon avait créé en écho en lui commençant à s'estomper doucement.
Leurs pâleurs se faisaient les reflets de l'un et de l'autre, malgré leurs carrures différentes et leurs états, ils se ressemblaient finalement beaucoup plus qu'ils n'auraient pu le penser. Mais le guérisseur n'était pas dupe, derrière cette façade d'assurance se cachait quelque chose de plus sombre, quelque chose qu'il n'avait pas envie de découvrir.

- ça peut durer. Plus la blessure est grave plus cela semble prendre du temps et...

Hyunsu hésite un instant, doit-il vraiment tout dire au garçon qui se trouve face à lui, doit-il donner des détails ? Est-ce que cela pourrait se retourner contre lui ? Après tout, il n'avait pas vraiment le droit d'utiliser ses pouvoirs en dehors des entraînements, pourtant, il le faisait tout le temps, parfois malgré lui, et aussi parce que sa trop grande compassion prenait souvent le dessus.

- ... Cela me fatigue, la douleur en s'estompant, ça épuise comme si c'est moi qui avais été soigné.

Hyunsu se retient de dire que son pouvoir ne fonctionne pas sur son propre corps, car cette faiblesse supplémentaire est une contrainte à ses yeux et une encore lus grande faiblesse, que ferait son escadron s'il venait à être lui-même blessé ?

- Alors je m'entraîne, pour devenir plus endurant, plus fort, plus rapide... C'est comme ça que je fais. Et j'essaye d'oublier à quoi la douleur ressemble.

Depuis qu'il était arrivé sur l'île, il n'avait eu de cesse d'essayer d'être une personne utile, comme s'il pouvait enfin vivre sa vie pour lui, et c'était le cas, mais il avait du mal à le voir.

- Dis-moi juste comment tu t'appelles. J'ai besoin de rien. Autant que le peu qui m'a été donné serve après tout.

À ces mots, Hyunsu ramène ses bras sur ses genoux, les laissant ballants sur ses cuisses en tailleur, observant ses mains avec un regard vide et dénué de la moindre compassion envers lui-même ou son pouvoir.