it all starts with a sparkle (pv Sejun)

L’été bat son plein, et ce pour son plus grand bonheur. Sa saison favorite, celle qu’elle attend avec impatience dès lors que le vingt-et-un septembre est passé. Les souvenirs d’Hawaii lui reviennent toujours en tête, tous remplis de joie et de bonheur. Cependant, aujourd’hui, ils lui laissent un certain goût amer en bouche, acide. Elle se dit que c’est parce qu’ils appartiennent au passé, mais sait très bien que ce n’est pas l’unique raison.

Luna beach deviendra rapidement le lieu où on pourra la trouver la plupart du temps, si ce n’est pas déjà le cas. Dès son arrivée à Yeosu, lorsqu’elle a appris son existence, elle s’est précipitée pour s’y rendre. L’odeur de l’iode et le bruit des vagues qui s’écrasent sur le sable l’ont tout de suite apaisé, bercé l’espace de quelques instants, balayant ses pensées.

[...]

Elle retire ses chaussures, les attrape d’une main avant de faire un premier pas sur le sable chaud. Sous les rayons du soleil atténués par la fin d’après-midi, elle relève la tête, admire encore une fois ce tableau qu’elle commence à connaître, et qu’un jour, elle couchera sur une toile.

Sans attendre, déjà en souffrance à cause de l’horrible sensation d’être un poulet dans une rôtisserie, elle s’en va vers le petit bâtiment près du remblais, dans lequel est établi le poste de secours, mais aussi un petit fourre tout rempli de sceaux et de pelles pour les enfants, des jeux de balles et de raquettes, mais surtout de parasols. Il est possible d’emprunter, à condition de laisser une pièce d’identité ainsi que son numéro de téléphone.

Lorsqu’elle arrive sur le pas de la porte du bâtiment qui est grand ouvert, elle signale sa présence avec un “bonjour” timide et presque mielleux, mais assez fort pour être entendu. Elle imagine qu’il y a quelqu’un assigné à la garde de ce dernier, peut-être un ou plusieurs maîtres nageurs, ou encore des employés.

Lua est déjà ailleurs, pense au coucher de soleil, mais surtout à la glace qu’elle s’achètera incessamment sous peu.

Lua est perdue dans ses songes. Rêveuse depuis qu’elle est petite, elle n’a pourtant pas pour habitude d’avoir la tête dans les nuages lorsque le moment ne s’y prête pas. Elle alors met la faute sur l’océan et la chaleur, refuse d’être la coupable de son propre moment d’absence.

C’est une voix qui la ramène sur terre et la fait légèrement sursauter. Honteuse d’avoir divagué autant, ses joues se teintent de rose alors qu’elle relève la tête vers le jeune homme devant elle. Elle cache sa gêne en lui donnant sa carte d’identité de manière un peu précipitée, espère que le regard de ce dernier se pose sur la carte et non sur son visage. Cependant elle se décontracte relativement vite, lui aussi a l’air tout aussi troublé qu’elle.

- Oui ! Merci ! Je voudrais emprunter un parasol.

Elle lui offre un sourire, puis saisit un stylo pour ensuite inscrire son numéro de téléphone dans le carnet qu’il lui tend. Son écriture est à son image ; douce et soignée. Une fois toutes les formalités complétés, elle range ses affaires dans son sac de plage, puis ajuste rapidement le pan de la chemise blanche oversize qu’elle porte comme une veste légère au-dessus de son maillot de bain. Celui-ci tombait un peu trop sur son épaule et son bras, la gênant légèrement dans ses mouvements.

- Est-ce qu’il y en a avec une base pas trop haute ? Je vais juste le poser sur le sable pour faire un peu d’ombre.

Si de base elle n'admettrait jamais qu’elle est incapable de planter un parasol de manière satisfaisante, pour le bien de la cause, il lui faut faire des sacrifices. Cependant ce fait n’est pas un rôle, et c’est bien ce qui l’embête.

Le rose poudré sur ses joues tend dorénavant sur le fushia alors qu’elle fuit son regard, préfère le poser sur une bouée posée juste à côté d’elle.

- Sinon il va s’envoler parce qu’il sera mal installé… Et je vais le perdre ou le casser.

Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire.

Elle ne se rend même pas compte qu’elle sourit, attendrit par la scène qui se déroule sous ses yeux. Les pleurs de l’enfant ne durent que quelques secondes, sont rapidement balayés par la douceur du secouriste qui prend le temps de s’occuper de lui et de s’assurer qu’il aille bien. Nombreux sont ceux qui font attention aux autres, sont conscients de leur environnement. Cependant beaucoup n’y font pas vraiment attention, jugeant inutile de trop donner, ou ne se rendant même pas compte de l’impact que leurs mots et gestes peuvent avoir. Elle avait le cœur sur la main, aidait tous ceux qu’elle pouvait. Aujourd’hui elle peine à faire confiance, préfère simplement rester dans les apparences, mentant sur la plupart de ses intentions et sentiments.

Mais ça n’a pas l’air d’être le cas du jeune homme qui doit être légèrement plus âgé qu’elle. Sa voix est calme, posée alors qu’il offre la friandise au petit dont le regard s’est tout de suite illuminé. Elle regarde l’enfant partir calmement avec un sourire aux lèvres.

- Ne t’excuse pas. Tu as fait ce qu’il fallait faire. Elle marque une pause, alors qu’elle suit du regard la direction que le petit a prise en repartant. - Plus de bien que de mal, c’est le principal.

Tout de suite après elle sonde les environs, fait exprès de ne pas le regarder de nouveau. Elle apprécie le calme pour écouter les vagues, mais ce n’est pas pour autant qu’elle irait s’isoler à l’autre bout de la plage. De plus, elle ne veut pas le retenir trop longtemps et l’empêcher de faire son travail.

- Je pensais aller m’installer là-bas ! Elle indique la direction à prendre en tournant la tête. - C’est l’emplacement parfait pour admirer le coucher de soleil et pour se baigner ! Il n’y a pas trop de monde !

Le ton de sa voix transmet son enthousiasme, fait ressortir sa personnalité solaire qui se manifeste sincèrement lorsque le sujet s’approche de près ou de loin à l’océan. C’est bien l’une des seules choses qui n’est pas jouée et inventée de toute pièce.

- J’espère que l’eau est bonne !

Sans s’en rendre compte, elle se tourne vers lui avec un grand sourire. Lorsque ce qui est cher à son cœur rentre dans l’équation, tout autour d’elle devient plus beau.

Il a l’air de beaucoup mieux connaître Luna beach qu’elle, et ce n’est certainement pas pour lui déplaire. Ça lui prouve qu’il aime réellement l’océan et qu’il est attentif à ce dernier. S’il a pris le temps d’explorer et de trouver un endroit qui a su le charmer, c’est qu’il n’est pas juste là pour être là, à occuper un poste seulement pour gagner un peu d’argent. Parce qu’il y en a beaucoup qui viennent à la plage sans réel intérêt à part celui de jouer avec le sable ou se baigner. Peu sont ceux à construire quelque chose autour du magnifique univers que représente l’océan, indomptable et vaste, gorgé de trésors destinés à être découverts ou à rester protégés en son cœur pour l’éternité. Cependant, ce n’est pas pour autant qu’elle éprouve de l'antipathie à leur égard, au contraire. Lua a inévitablement un petit quelque chose pour ceux qui viennent à la plage, et ce peu importe leurs motivations. Ils lui arrachent toujours un sourire, les leurs étant contagieux.  

Mais il y a quelque chose en plus envers ceux qui la rejoignent dans ce monde. Et le jeune homme a tout l’air d’en faire aussi partie.

- Oh ! Ce serait avec plaisir !

Elle joint ses deux mains pour légèrement applaudir avec enthousiasme, accentuant ce trait qu’elle veut mignon avec un petit mouvement de la tête sur le côté pour mettre en lumière sa longue chevelure ébène.

- J’ai préparé une salade de mangue et de fraises avant de venir. J’apporte toujours plusieurs couverts au cas-où j’en fasse tomber dans le sable. On pourra partager ! Ce sera mon moyen de te remercier.

Encore une fois, elle le regarde avec des yeux scintillants en lui offrant un sourire. Il reste cinq minutes, elle peut bien attendre. Il ne faut pas qu’elle le dérange plus longtemps, alors elle tourne les talons pour aller s’installer un peu plus loin, à l’ombre du bâtiment. Mais après quelques pas, elle se retourne brusquement. Ce n’est pas spécialement voulu, mais sa chevelure vole encore une fois en suivant le mouvement de son corps.

- Au fait ! Je m’appelle Kaluahine, mais on m’appelle Lua. À tout de suite !

Puis elle se retourne et s’éloigne, pose une main sur sa joue comme si elle était particulièrement troublée par ses propres actions. Cependant elle sait très qu’il connaît peut-être déjà son nom puisqu’il a vu sa carte d’identité quelques instants plus tôt. Mais rien ne lui confirme qu’il y ait fait attention.

Lua s’était retournée pour lui offrir un sourire suite à son compliment vis-à-vis de son prénom. Il n’est pas difficile de remarquer qu’il est particulièrement enthousiaste, au point où il n’a pas l’air de trop savoir ce qu’il fait et comment il fait. Elle trouve ça amusant, et assez mignon, bien qu’elle ne l’admettra pas. Son regard est porté sur l’horizon, mais il dérive de temps en temps sur le local des secours pour se donner un repère dans le temps, suivre les cinq dernières minutes qu’il reste avant que Sejun termine son shift. Et quand elle croise son regard alors qu’il est en train de se changer, le rouge prend instantanément ses joues d’assaut. Elle n’a presque pas le temps d’apercevoir quoi que ce soit, mais ce qu’elle a vu est amplement suffisant pour que les rougeurs restent encore un bon moment. La chaleur sera blâmée à sa place.  

Le boucan pas possible qui suit presque instantanément la fait rire, lui permet alors de détourner son esprit sur autre chose, et c’est pour le mieux. Elle sort la bouteille d’eau de son sac, ôte le bouchon avant de boire quelques gorgées, comme pour avaler une pilule magique qui supprimerait des images. Décidément, il fait vraiment chaud aujourd’hui….

- Ne t’excuse pas ! Tu as été plus rapide que la lumière.

Si Sejun est solaire, elle fera en sorte de l’être tout autant. Qui se ressemble s’assemble, et elle a bien l’intention de devenir son amie. Il lui faut des alliés. Peut-être qu’il s’avérera utile et qu’il lui donnera des pistes de recherche concernant son objectif principal. Lua ne sera pas difficile, tout est bon à prendre pour parvenir à ses fins.

- Je m’en suis douté ! On voit aussi que tu l’aimes. Ça me fait plaisir. Je n’ai pas rencontré beaucoup de personnes l’aimant autant ! On doit se comprendre sur bien des points.

Elle le suit en essayant de se caler sur le rythme de ses pas. La brise commence gentiment à l’embêter, la décoiffant. Avoir les cheveux dans les yeux n’est pas agréable, alors elle sort de son sac de plage une pince en forme d’hibiscus rose qu’elle utilise pour attacher sa chevelure.

- Qu’est-ce qui t’attire autant chez elle Sejun ?

Les mains jointes dans son dos, elle se penche légèrement en avant pour captiver son regard.