you. me. bed. now

Il doit bien avouer que la concentration n'est pas au beau fixe. Les songes sont fixés loin de sa ligne de conduite, à savoir, le film. Il sait qu'il a perdu le fil à un moment donné et il ne peut même pas accuser ses pensées. Celles-ci sont calmes à l'heure actuelle, déviant vers celui qui est à ses côtés depuis qu'il est entré dans sa chambre. Nova. Allongé à côté de lui dans la pièce du dragon, ayant remercié sa cheffe d'escouade d'être partie pour leur laisser un peu d'intimité tous les deux. Une soirée cinéma de prévu, bien qu'il puisse s'empêcher de dévier en continu vers son voisin.

- Tu veux la canette ?

Cette fameuse boîte au trésor, contenant un peu d'alcool et dont l'aîné a déjà englouti la moitié à lui seul. Par besoin, par nécessité ou par ennui, il ne sait pas vraiment. Le plus évident serait le trouble qui s'immisçait en lui, finissant par glisser un peu plus entre les couvertures pour s'offrir un peu de confort après cette journée éprouvante. Depuis leur soirée qui s'est terminée sur une note amère, il n'a pas bien dormi, réfléchissant à comment mieux se comporter. Quelle attitude adopter. Ce qui finit par le faire gémir de frustration, enroulant un bras autour de la taille de son comparse pour ne plus y penser et s'y acharner.

- Ça te dérange ?

Son geste soudain. Conduisant le phénix à d'apposer contre lui et se mouvoir auprès de sa chaleur. Il se sent à son aise, dans son élément. Loin de son quotidien dans lequel il a l'impression de se noyer, ne sachant comment nager ou s'agripper à quelque chose. Il doit changer, mais ne sait pas de quelle manière. Les habitudes reprennent très vite leurs places et le laissent dans un comportement qui n'est pas le sien. Toutefois, il ne désire plus retrouver son ingratitude face à quelqu'un qui fait des efforts pour lui.

- Tu peux te mettre contre moi, comme tu veux. Je t'avoue que je ne suis le film que de moitié. Tu me distraies.  

Honnêteté. Il essaie. Ses conversations diverses et ses rencontres, juxtaposer par cette volonté d'être différent se bat en son sein avec violence. Il souhaite passer un bon avec lui, que le plus jeune se sente bien en sa compagnie. Ni plus, ni moins. Il n'a pas le droit de concevoir plus tant que son partenaire n'est pas à l'aise.

C'est la première fois qu'il reste plus de quelques minutes dans la chambre de son copain, première fois où il matte un film tranquillement avec lui, dans son lit. Le phénix a déjà eu le temps d'observer la pièce pendant les précédentes visites, trouvant toujours un nouveau truc à voir ou à retenir, parfois insignifiant. Cependant, il reste du côté d'Eero, n'allant jamais déranger celui de Yubin. Ses yeux sont rivés sur l'écran, son cerveau suivant le film en gardant les lèvres closes. La question du brun force ses iris à se défaire de la télévision pour se porter sur son visage, un sourcil rehaussé.

››› Tu veux vraiment m'inciter à boire de l'alcool ?

Il le taquine, une fine esquisse sur ses lèvres. Eero était bien parti pour s'enfiler la canette à lui tout seul. Nova tend le bras pour la réclamer, l'attrapant entre ses doigts et la portant à ses lippes pour substituer quelques gorgées. Pas assez pour sentir sa conscience se balancer, mais suffisamment pour éprouver une sensation de chaleur dans le creux de son ventre. Pour le taquiner, le colérique garde la canette de son côté. Leur dernière soirée n'a pas tant affecté le plus jeune, il s'est raisonné de manière à ne pas se prendre la tête avec davantage de question. Il a bien compris que ce n'était pas le bon moment pour poser des questions sur les traumas de son ami d'enfance, ni pour entamer des sujets sensibles quand ses états d'âmes et ses pensées néfastes. Pour une fois, le phénix agit comme un adulte, avec maturité et pas de caprice. Le bras autour de sa taille, il sent son coeur s'agiter sensiblement dans sa poitrine.

››› Non ? Pourquoi ça devrait me déranger ?

Eero l'a déjà embrassé et pris dans ses bras, sans oublier la scène dans la cabine de la grand roue. Non, ce n'est pas son bras autour de sa taille qui va le faire flipper et s'enfuir tel un lâche. Au contraire, le brunet se rapproche un peu en observant les expressions du dragon. Les paroles de ce dernier sont assez surprenantes, surtout les derniers mots sur sa distraction. L'humeur joueuse, Nova se colle un peu plus contre son corps, passant une jambe par-dessus les siennes. Son torse est à moitié contre le sien, une main sur épaule et l'autre bras replié pour se maintenir dans cette position.

››› Comme ça, je te distrais ? C'est l'alcool qui te rend soudainement honnête, Eero ?

Peut-être que pour lui aussi, l'alcool l'aide à se décontracter. Il n'est pas ivre, à peine euphorique. Un petit rire lui échappe, tandis qu'il vient embrasser la joue de son partenaire. Les siennes sont légèrement rosées, pas à cause de l'alcool, mais de la chaleur qui se dégage entre eux. Son esprit lui dicte de ne pas être un idiot, de ne pas reculer bêtement. Il a passé le cap d'éviter les contacts ou de réagir comme un imbécile dès que l'autre fait un pas dans sa direction.

Il souffle du nez, les lèvres relevées en un sourire qui se veut plus jovial qu’il n’oserait l’avouer, bien que son regard soit plus équivoque. La position prise par son cadet lui donne l’opportunité de mieux l’avoir dans ses bras, glissant ses phalanges sous le tissu pour apporter sa marque contre l’épiderme chaleureux.

— Non. Mais tu réussis toujours à me faire penser à toi et oublier tout le reste.

Il se laisse embrasser sur la joue, dérivant sa tignasse vers son voisin et incliner celle-ci pour attraper les lèvres avec douceur. Rien de bien précipiter ou de passionner, se retirant presque trop tôt à son goût. Un simple baisé de planter, au goût de l’alcool qui perdure encore sur le bout de ses chaires. Il va encore tâtonner sur les limites, tout en respectant tout ce que son ami d’enfance réclamait auparavant. Qu’il n’a pas su lui octroyer, à cause de ses craintes et de son égoïsme épuisant. Le dragon cherche donc des alternatives pour que cela ne devienne que planant comme en cet instant.

— Parce que tu suivais le film ? J’avais commencé, mais je pense à toi, ce n’est pas un secret. Et plus tu te rapproches et restes comme ça et moins, je suis concentré sur cette soirée ciné, Nova.

Ce prénom vibre sur sa langue comme une menace tendancieuse qui se délie, tendant le bras pour venir attraper la canette alcoolisée et en prendre une nouvelle gorgée. Il ne veut pas s’enivrer, pas durant ce moment et en si belle compagnie, toutefois, cela ne lui donne même pas plus de courage qu’à l’accoutumée. Seulement une excuse, un petit secret qu’il garde pour lui.

— Tu veux que je sois encore plus honnête ? Je pense que le film passera en second plan si on continue sur cette lancée. Il croise son regard et secoue la tête, les oreilles roses. Pas de pensées déplacées, je ne t’ai pas invité pour ça. Et je te rassure tout de suite, ce n’est pas ça le problème. Juste… Ce n’était pas prévu pour ça.

Il préfère se justifier une seconde fois, se sentant misérable et pathétique dans sa démarche, avant de soupirer face à sa bêtise. Il couvre la bouche de son homologue pour ne pas l’entendre, le coinçant entre ses bras et dodelinant de la caboche.

— Ne réponds pas. Continue de regarder le film.

Avant que tout cela ne prenne une autre direction, laissant une traînée incertaine d’appréhensions dans son sillage et lui causant des frissons qu’il n’apprécie pas.

Le plus jeune frissonne sous les doigts frôlant sa peau, peut-être pas encore habitué au contact direct. L'idée qu'Eero pense autant à lui et puisse lui faire oublier le pire le rassure. Nova n'est plus autant dérangé par les lèvres de son aîné et les baisers offerts, prenant doucement goût à ces échanges. Un brin trop doux à son goût, mais il n'ose pas se l'admettre à lui-même pour l'instant. C'est encore compliqué pour lui de se dire qu'il a des envies particulières envers l'autre, surtout de cet ordre-là. Pourtant, il comprend le principe d'être en couple et d'aimer une personne, mais son cerveau peine un peu à faire la part des choses. Il cligne des paupières aux paroles prononcées, ne comprenant pas tout de suite le sens véritable de cet aveu.

››› Ouais, je suivais le film, pourquoi ? Enfin, plus maintenant et je ne pense pas être capable de me concentrer à nouveau dedans, si tu continues de me regarder comme ça.

Dans quoi s'engagent-ils d'un coup ? Un terrain inconnu qu'ils tâtonnent du bout des doigts, sans savoir s'ils franchiront la limite ou s'ils resteront derrière, bien sagement. Nova veut bien faire les choses, ne pas faire n'importe quoi en se précipitant comme un ado en chaleur. Il ne veut pas non plus compter sur l'alcool pour se dérider et oser des choses. Eero s'en abreuve à nouveau, sous le regard scrutateur du phénix. Devrait-il lui retirer cette fichue canette ? Non, après tout, il lui a certifié qu'il tenait  bien la boisson. L'honnêteté de son camarade le surprend un peu, même beaucoup. Il fronce les sourcils, ouvrant ses lèvres pour répliquer, avant de fermer la bouche. Quoi ? Que doit-il répondre à ça ? Ses joues prennent en intensité, devenant rouge.

››› Je n'ai pas pensé de travers, arrête. C'est toi qui... Il se pince les lèvres, l'air grognon. Merde, tu me chauffes limite avec tes paroles.

Il râle, lui donnant une tape sur l'épaule. Pourquoi se comporter de la sorte pour finalement dire qu'il ne songe à rien de déplacé ? Lui non plus de pensait pas à ça, du moins, pas avant qu'il se lance dans le sujet et le perturbe. Eero l'empêche d'en rajouter une couche, mais le brunet ne se gêne pas venir attaquer son cou et le forcer à relâcher un peu de pression sous la surprise, se libérant un bras. Ce geste lui permet d'attraper le poignet et tirer dessus, mordant aussitôt sa main couvrant sa bouche. Il laisse une belle marque de dents entre le pouce et l'index.

››› Tu fais chier, Eero.

Cet idiot fait un pas dans sa direction, d'une manière assez équivoque, et là il recule. Nova montre son mécontentement en tirant à nouveau sur le poignet pour apposer une nouvelle morsure sur le bras de son partenaire. Il vient même récupérer la canette pour prendre une gorgée supplémentaire. Sa main libère le poignet, mais attrape le visage de son aîné pour presser les joues et venir l'embrasser, avec beaucoup moins de retenue et quelques gouttes d'alcool qu'il passe dans le baiser plus humide. Une douce vengeance pour titiller ses nerfs et le mettre légèrement à rude épreuve.

Quel clébard.
Néanmoins, la morsure lui octroie un air outré sur le début, bien vite remplacé par un rire qui ne pensait pas capable d’émettre. Ce bourdonnement qui sort du cœur, se déployant vers la gorge et explose en frémissements lorsque des lèvres se pressent contre les siennes, plus alerte que jamais. Il souffle de surprise, se rattrapant à grande vitesse, basculant sa silhouette et se dressant au-dessus de son interlocuteur avec quelques maladresses. La canette se stabilise par un miracle insoupçonné, l’ordinateur se défait un peu plus loin dans le lit en pleurant de ne pas finir sa course au sol. Et les jeunes se retrouvent emmêlé avec des couvertures dans une position différente et le souffle plus court.

— Je fais toujours chier ? s’exclame-t-il en se séparant, les bras de chaque côté de la tête du cadet. Mais va falloir arrêter de me mordre.

Son air exprime le contraire, le sourire si franc qui se loge sur ses babines en baissant les yeux vers les marques ornant sa peau. Il expire un nouveau rire, se sentant presque idiot de penser ainsi, alors qu’il se penche pour reprendre les lippes délaissées de son comparse. D’y apposer un baiser moins tendre cette fois, venant le chercher, jusqu’à l’explorer avec une nouvelle tendresse. Il s’y accroche, vient attraper ce qu’il peut, réduire la distance entre eux pour se faire écraser par leur chaleur et leurs soupirs. C’est ce qu’il désire, en cet instant, une simple connexion avec celui qui rend son cœur sens dessus dessous, pour lui adresser un sourire qu’il octroie si beau. Si candide dans son expression, tant elle est honnête.

— Tu étais vraiment obligé de me mordre ? Il questionne, trainant ses lippes ici et là, en cherchant les zones sensibles de son partenaire. Avec lenteur et taquinerie. Même si ça ne fait pas mal, il y avait d’autres moyens.

Pour ce même résultat. Il essaie de mieux se positionner, se redressant sur ses genoux et baissant la tête vers le jeune homme. C’est si surprenant de se retrouver ainsi, que cela échauffe ses sens et le bout de ses oreilles, permettant de reprendre un peu sa respiration et de glisser ses mains sous le haut de Nova. Rien de particulier, souhaitant, comme les autres fois, recevoir de sa chaleur par ce biais. Qu’il le sente sous lui, le cœur tout aussi battant le sien, frôlant les côtes et revenant déposer de douces caresses vers le bas du ventre. Avec douceur et simplicité.

Les paupières clignent face à ce retournement de situation, son corps contre le matelas et celui de son partenaire au-dessus du sien. Il l'a un peu cherché, il ne peut rien dire pour sa défense dans cette situation-là. Le brunet fait une petite grimace à l'exclamation du dragon et il fait exprès de rouler des yeux quand il le sermonne sur les morsures. Nova aime bien marquer l'autre, surtout pour se venger dans les moments où il le taquine. Le clébard n'a aucune intention d'arrêter de mordre, sauf quand les lèvres retrouvent les siennes dans un échange plus franc, sans pour autant être brusque. Les deux garçons se découvrent encore, marchant à tâtons dans la pénombre jusqu'à trouver leur propre lumière. Le phénix ne pensait pas réagir à cette proximité et à cette chaleur environnante, les frissons multipliés et les soupirs s'échouant contre les lippes.

››› ça ne te dérange ? Pour le fait d'être mordu et d'avoir quelques traces sur la peau, différentes de celles déjà présentes. Tu préfères quoi ?

Nova frissonne davantage quand Eero s'approche de zone plus sensible, se retenant de souffler en pinçant ses lèvres. D'habitude, il a trop d'alcool dans le sang pour capter tout ce qu'il fait, mais là, sa conscience est bien éveillée. Il peut sentir chaque sensation dans sa carcasse, chaque battement de cœur contre sa cage thoracique, jusqu'à la température qui grimpe et le sang circulant dans ses veines. Les mains de son aîné glissent sous son haut, l'empêchant de réfléchir correctement en déréglant sensiblement son encéphale. Peut-il rester raisonnable dans ces moments-là ? Nova ne sait pas ce que l'autre pense, ni ce qu'il désire réellement en le touchant.

››› Tu as déjà... Enfin, tu vois, quoi. Demande-t-il en parlant d'un sujet plus intime. Tu penses à quoi ? Là, maintenant.

Quand il pose ses mains sur son épiderme, passant des hanches à son ventre, en s'approchant souvent des zones érogènes de son cadet. En temps normal, le brunet est impatient et irrationnel, mais il ne veut pas l'être avec le plus vieux. Lui-même se permet de venir défaire quelques boutons de sa chemise, sans tous les défaire par crainte de le voir se reculer. Sa main remonte se loger à l'arrière de la nuque, rapprochant son visage pour l'embrasser. Il dérive ensuite vers la mâchoire, frôlant une partie de son corps qu'il sait très sensible, mais pour une raison différente. Le colérique dépose ses lippes contre la peau fine de son cou, dans des baisers chauds et légers. Il sait qu'à tout moment, Eero va le repousser, sa bouche titillant sensiblement les marques visibles contre la gorge.

Un faible sourire se glisse sur ses babines, face à cette réserve soudaine.

— Oui, souffle-t-il avec simplicité en remontant ses paumes avec lenteur. La question lui fait cligner des cils. Ce que je pense ? Toi. Je pense à toi.

Il se laisse faire, sous les boutons de sa chemise qui disparaissent, appuyant un peu plus sur la peau de son interlocuteur. Davantage en se baissant vers les lèvres, dans une embrassade qui ne dure pas assez à son goût, la faible surprise sur ce qu’il se passe par la suite. Il s’immobilise en le sentant dériver vers sa nuque, en essayant d’apaiser ses muscles, sa conscience, tout ce dont il est capable pour changer sa vision de cet endroit qu’il déteste tant. Que cela soit bénéfique et non plus un moment traumatisant comme il a pu le concevoir par le passé, pas dans un moment aussi intime et tendre qu’à l’heure actuelle. Sur chaque petite cicatrice qui se présente sous les chairs, qu’il doit voir comme des horreurs imparfaites, des stigmates de son échec et sa faiblesse.

— Tu cherches à faire quoi, exactement ?

Il déglutit, rencontrant quelques difficultés à se retenir entre le repousser pour d’autres câlineries et celui de résister et de faire comprendre au phénix qu’il change, désirant devenir une autre personne. Comme il aimerait qu’il soit et oubliant ses tremblements et son souffle court. Il ne veut pas être décevant et ingrat, sous les lèvres crispées et le regard conciliant pour ne pas le froisser. Il n’en veut plus, rejetant tout cela en prenant sur lui. Il peut. Même quand Nova se recule et qu’il essaie de lui décocher un sourire. Maladroit et un peu étrange, sous les rétines pétillantes de divers sentiments. En partie à cause de sa crainte qui fourmille dans ses veines, comme celle d’un amant qui se penche et offre un remerciement silencieux par ce baiser. Ponctuer par les mains qui se sont faufilées de nouveau.

— Je peux ?

La demande à propos du tissu qu’il tient, du bout de ses doigts. Il ne se précipite pas, néanmoins, il est tout aussi échauffé de son copain à procéder par étape. De ne pas se réduire à tout ce qu’il pense aux problématiques qu’il cause. Pas à l’heure actuelle, lorsque ses lèvres se promènent, découvrent le corps sous le sien et s’enivrer de ses sensations. En un ton plus léger et partagé.

Quelle étrange atmosphère. Ce n'est pas trop la réponse à laquelle il s'attendait, alors qu'elle est logique. Il pense à lui. Nova passe le sujet de la première fois, ce n'est pas le moment d'être curieux sur le genre de partenaire qu'il a pu avoir par le passé. à la place, il se concentre sur tout autre chose, comme défaire les boutons de son vêtement ou chercher ses lèvres pour un nouvel échange. Et doucement, il dérive vers la peau marquée de son cou, dans une tendresse infinie pour ne pas le perturber et être rejeté. Le phénix voudrait changer la sensation qu'il ressent en permanence, que ce ne soit pas une pression étouffante sur sa trachée, mais plutôt des frissons de plaisir dans tout son corps.

››› à te détendre.

Il ne cherche rien de plus dans son initiative, seulement à le détendre quand les lippes frôlent et embrassent cette zone sensible chez le dragon. Qu'il ne soit pas surpris plus tard, si jamais il vient dessus par inadvertance et dans un moment plus intime. Eero ne l'a pas encore repoussé, il fait sûrement un effort surhumain pour se contenir et laisser le luxe à son cadet de découvrir une partie qu'il n'apprécie pas forcément chez lui-même. Il peut sentir les réactions contre ses bouts de chair, surtout en s'approchant de sa pomme d'Adam. Nova s'arrête tout de même de malmener son cou et ses nerfs, reculant son visage pour observer l'expression sur le sien. Il ne tient pas rigueur du sourire forcé ou crispé, se doutant déjà de pourquoi il affiche cette mine indéchiffrable.

Un soupir s'échappe sous les mains de son partenaire, tandis qu'il opine pour répondre positiviment à sa question. Il lui donne l'autorisation de faire ce qu'il a en tête, sans essayer de bouger ou de le ralentir d'une quelconque façon. Au mieux, il l'aide en se redressant légèrement pour virer son tee-shirt et le laisser tomber au sol.

››› Ce sera beaucoup plus simple comme ça, non ? Il sourit, détournant son regard vers le haut à moitié déboutonné. Tu veux le retirer ?

Il préfère demander qu'agir sans réfléchir, pour une fois. Le brunet ignore si son aîné est à l'aise avec le fait de se dévêtir devant lui. Nova n'est pas pudique, il n'a rien à cacher sous ses vêtements, alors il donne son accord pour toutes les requêtes de son compagnon concernant sa tenue. Les choses se déroulent simplement entre eux, même si le plus jeune ignore complètement jusqu'à où ils iront et à quel moment ils vont s'arrêter. Un brouillard règne toujours autour des deux garçons, dans l'incapacité de savoir où ils se dirigent réellement. Peut-être qu'Eero connaît un peu le chemin, mais ce n'est pas le cas de Nova.

Les iris tombent vers cette partie qui se découvre pour la première fois, échouant ses paumes vers ce qu’il peut pour en découvrir les pourtours comme on frôle un tableau avec délicatesse. La chaleur de ses phalanges qui s’animent, remontant vers le col de sa chemise, basculant celle-ci par-dessus sa tignasse défaite depuis longtemps. Ainsi, retirer une couche et prendre une inspiration silencieuse, déchu vers celui qui l’observe avec expectation. L’appréhension de ce constat, le phénix bien plus docile pour convenir à son aîné, craignant de le dénaturer pour son égoïsme latent.

— Je pense que ça répond à ta question. Il chasse ses pensées, le buste penché pour y avaler les réponses dans un baiser spontané. On sera sûrement mieux.

La proximité des corps, lové l’un contre l’autre dans leur forme la plus pure. Les cajoleries paresseuses, dansant dans une brûlure au fond la poitrine, provoquant des sourires et l’embardé d’un cœur qui ne se sent pas mérité cette déflagration dont il ne porte de nom. La passion d’adolescent, se mouvant comme des plumes qui enflamment sur leur passage, sous les bouts de chairs qui s’apposent dans des sillons sur cet épiderme laiteux rien qu’à lui. De fredonner des louanges à travers une souplesse qu’il dissimule bien, ce danseur qui sait comment se mouvoir sans alourdir celui d’en dessous. Les yeux se levant avec régularité, pour mieux vérifier si tout se déroule bien du côté de son compagnon.

D’essayer d’entrevoir des réactions, des soupirs ou un quelconque sentiment qui lui permet de se dire qu’il est sur la bonne voie. Sous les paumes fébriles qui se veulent assurées quand les questionnements ne cessent de torturer son pauvre esprit embrumé par le besoin de ce rapprochement délicat. De venir mordre la peau en guise de réponse à ce qu’il a sur son bras et sur sa main, en plus d’une certaine possessivité qui se dépeint dans sa manière d’agir envers son copain.

— Tout va bien, Nova ?

Qu’il espère, qu’il embrasse après son attention farouche et soufflant un rire sous les grognements. De se permettre, d’oser descendre les mains à la lisière de ce qui est encore interdit un peu plus bas. Sous les lippes qui délirent d’embrassades vers la nuque et leurs jumelles. Eero le contemple, le marque de la beauté qu’il perçoit comme un peintre à sa muse. Sans les mots, toutefois, les deux ont toujours été plus éloquents par les gestes.

Ses prunelles scintillantes se déposent sur la peau découverte, admirant en silence chaque petits détails qui peuvent sauter aux yeux du Phénix. Il l'imprime dans sa mémoire, l'enregistre dans un coin de son encéphale. Cette silhouette qu'il trouve attirante, sans jamais l'avoir réellement réalisé. Nova respire lentement, comme s'il cherchait à calmer ce vacarme dans sa poitrine ou tout ce qu'il pourrait se jouer dans sa tête, de bien ou de mauvais. Eero a bien répondu à sa question, il ne peut pas dire le contraire et ça lui fait plaisir qu'il ne soit pas réticent à agir avec lui, qu'importe le prétexte ou la raison. Les lèvres se retrouvent pour un baiser brûlant la conscience de l'oiseau, les ailes rabattus pour ne pas s'envoler loin du dragon.

La gêne persiste un peu en sentant la chaleur de son corps contre le sien, peau contre peau, pour la première fois depuis des décennies à se heurter, sans jamais s'accrocher. D'entendre le myocarde suivre un rythme étrange, sur une mélodie encore inconnue aux oreilles du plus jeune. Des notes qu'il apprécie, qui le font doucement vibrer sous l'harmonie des organes faisant écho dans leur poitrine respective. Dans sa position, le brunet peut ramener ses mains dans le dos et tracer des arabesques sur l'épiderme, découvrant ainsi les formes du bout des doigts. Il est comme un enfant, curieux de ce qu'il touche et de ce qu'il trouve, de savoir ce qu'il peut garder pour lui sans se faire gronder par un adulte.

C'est la première fois qu'il aime. Rien à voir avec une coucherie suite à une soirée arrosée, sans sentiments, juste pour satisfaire un besoin primaire. Là, il se sent différent, autrement. Le tambour dans sa cage thoracique ne cesse de résonner dans ses oreilles, lui faisant doucement perdre la tête. Eero parvient à lui soutirer des soupirs et des frissons, parfois un soubresaut quand il approche ses mains d'une zone plus sensible. Il en perd parfois son souffle, la respiration retenue, avant de souffler plus lourdement.

››› ça va.

Il est perdu en réalité. Son cœur semble heureux de cette proximité, mais son cerveau continue de s'interroger. Ce serait plus facile s'il parvenait à lâcher prise et à s'abandonner entièrement à son aîné, en cessant les questions qui tournent en rond et les appréhensions idiotes qui n'ont pas lieu d'être. Que ce soit aussi simple que leur baiser, que les souffles emmêlés ou que leurs mains dévoilant un peu plus de passion au travers de quelques caresses délicates. La carcasse du phénix se fige légèrement en sentant les paumes descendre plus bas, à la limite de son pantalon de survêtement. Son rythme cardiaque vient de s'accélérer, les battements se fracassant violemment sous les os.

››› E-Eero...

L'envie n'est pas de l'arrêter, mais d'être sûr qu'ils empruntent le bon chemin. Son désir ne cesse de grandir et de prendre de la place, sûrement autant que chez son partenaire. Pour autant, prévoient-ils de franchir une première limite ? Ce n'est pas dans son intention de l'empêcher, bien au contraire, il est déjà trop piqué pour ça.