you. me. bed. now

Le bégaiement sur son prénom lui fait relever le nez, se percutant contre l’autre avec un amalgame de sentiments en son sein. Il n’est pas habitué à entrevoir une vision aussi douce et mignonne de l’oiseau de feu, imprimant chaque rougeur dans sa mémoire pour ne jamais l’oublier. Toutefois, il finit par revenir sur les lèvres en un chaste baiser, se glissant à côté de lui et mieux se déloger. Il secoue la tête, venant enrouler son bras autour de la silhouette surprise pour le rapprocher de lui et lui offrir un cocon chaleureux.

— Ne pense pas mal. Corps à corps, il peut nettement comprendre que le dragon n’est pas réticent à cette envie, loin de là. Mais on passe d’amis d’enfance qui se chamaille sans arrêt à amant qui se câlinent dans le lit. Je t’avoue que je ne percute pas bien ce qu’il se passe en ce moment même.

Brillant d’honnêteté, lorsque le sourire se couvre avec un sentiment tendre et léger. Ces adolescents se sentent submergés, à juste titre, après le tumulte de ces dernières semaines, sans avoir avoué la totalité de ce qu’ils se trament dans leur myocarde joueur. Le dragon ne désire pas se précipiter, surtout sous cette forme mêlant intimité et impudeur dans un moment mêlé, ce qu’ils sont dans une certaine mesure. Et dans une autre, l’étrange impression qu’il manque encore un détail pour parfaire cette relation. Ce fameux mot qui s’échange du bout des lèvres, loin encore des deux côtés.

— On peut rester sur la première base, pour le moment. Se découvrir par les baisers et les caresses. Il vient croiser le regard de son comparse, avant d’embrasser son épaule. Tu vas bien, je vais bien, ce n’est pas l’envie qui manque, tu peux le sentir. Mais je veux vraiment être certain que… Que ce soit sur la même longueur d’onde ? Et ne viens pas me chercher, tu sais ce que je veux dire.

Il penche la tête, ne sachant s’il exprime clairement les bons termes. Il roule des yeux et vient se fondre dans l’autre, faisant semblant de s’attaquer à lui pour d’autres morsures ou des chatouilles inexistantes. Néanmoins, cela lui offre un sentiment de réconfort, de l’avoir dans ses bras pour mieux reprendre des papouilles avec ses lèvres, sous des embrassades douces et les mains qui s’aventurent avec délicatesse.

— Je… T’aime beaucoup, Nova.

Il ne peut pas délivrer plus de vérité qu’en cet instant.

Ils sont tous les deux paumés, à l'heure actuelle. Le phénix ressent une certaine frustration quand son compagnon change de position, un bras autour de sa taille pour garder une distance rapprochée. Il y a tout qui chavire en lui, comme un radeau qui tangue au milieu d'une mer déchainée. Les vagues le submergent, l'empêchant parfois de bien respirer. Que veut-il dire par là ? Comment doit-il penser ? Est-ce qu'il ne doit pas se faire d'illusion et se contenter d'un simple câlin comme celui-ci ? Il ne veut pas forcer les choses, encore moins son aîné à agir d'une manière s'il ne le souhaite pas. Lui-même ne sait pas trop ce qu'il veut ou ce qu'il ne veut pas, perturbé par ses sens et son instinct.

››› Moi non plus, je n'arrive pas trop à saisir. Autant être honnête, il ne peut pas cacher ses expressions ou ses réactions. à quoi crois-tu que je pense, exactement ?

ça l'intrigue, de savoir ce qu'il a compris. Nova est toujours au beau milieu de son vaste océan, à la recherche d'une île pour ne pas sombrer dans les abysses. Pour lui, Eero est cette fameuse île sur laquelle il souhaite s'échouer et vivre le reste de son existence. Pour autant, il ne désire pas se précipiter et faire les choses n'importe comment. Et, à la fois, il a des envies comme tout le monde. C'est assez particulier, jonglant entre raison et déraison. ça paraît toujours très simple dans les films ou chez les autres. Pourquoi ça ne l'est pas avec eux ? Pourquoi doivent-ils autant se compliquer la vie, quand tout peut être beaucoup plus facile ? Nova est très mal placé pour rendre les choses évidentes, pour accepter les événements sans vouloir les éviter ou les minimiser. Il apprend encore à s'ouvrir à l'autre, à accueillir ce qu'il ressent sans avoir peur d'une quelconque façon.

››› Ouais, si tu veux.  Acquiesce le cadet en hochant doucement son visage, avant de sentir les lèvres sur son épaule. Pourquoi penses-tu que je vais venir te chercher ? De quelle manière, d'abord ? J'allais seulement dire que je ne me force pas et que je ne veux pas que tu le fasses non plus.

Dans le sens où les choses viennent naturellement à lui, par envie. Il veut que ce soit pareil pour Eero et il sait que ça l'est. Les prochaines actions du dragon font éclater la bulle, déversant son lot de petits rires sensibles et d'injures sans menaces. Il se tortille dans les draps en suppliant l'autre d'arrêter son manège, mais se calme bien assez vite sous les cajoleries et les caresses délicates. Il était bien là, dans les bras de son copain, avant d'entendre ces quelques mots. Le brunet se fige, fixant son partenaire avec une mine étonnée, choquée. Il a bien entendu la déclaration, celle qui fait s'échauffer sa carcasse et son épiderme pour quelques rougeurs supplémentaires.

Qu'est-ce qu'il doit répondre à ça ? Son cerveau vient de fondre dans sa boîte crânienne, ne laissant qu'une enveloppe charnelle médusée, statufiée. Quand les connexions se font à nouveau, Nova bégaie un peu et se mord la langue par inadvertance, dans un juron. Il n'a pas l'habitude qu'on lui dise ce genre de chose. Les insultes, les bagarres, les critiques, les jugements, tout ça sont monnaies courantes avec lui, mais un "je t'aime" ? Jamais. Cet aveu le fait court-circuité, tandis qu'il ne cesse de chercher ses mots, une réponse, quelque chose pour ne pas décevoir son aîné. Eero doit sûrement attendre un retour, plutôt que voir l'oiseau déchanter tel un minable au cœur dégonflé.  

Il s’y attendait.
Bien sûr, de cette réponse qui ne vient pas, après cette révélation tombée sur ses lèvres et qui l’ont tout autant surpris. Son cœur s’effrite, avec l’espoir de s’être attendu à des paroles équivalentes aux siennes. Il ne peut pas lui en vouloir, si cela n’est pas réciproque, avançant son visage et y déposer un baiser sentimental, écartant la peine pour un sourire qui se veut rassurant. Autant pour lui que pour l’autre qui va sûrement essayer d’ouvrir la bouche et sortir une excuse qu’il refuse d’entendre.

— C’est quelque chose que je dis, Nova. J’avais envie, c’est tout.

Il accentue en secouant la tête, lui intimant de ne pas offrir des mots qui ne seront pas pensés pour ne pas le rendre plus pathétique qu’il ne l’est déjà. Il sera patient, il l’a déjà délivré par messages et par voie orale. Le dragon continuera de s’animer avec ce cœur un peu trop affectueux, malgré la rudesse de son caractère et son mental aussi déraisonnable que sa confession. Il s’immisce dans l’espace personnel de son partenaire, l’encombrant de sa carcasse afin de reprendre quelques embrassades attendrissantes. Dérivant peu à peu de leurs zones pour parcourir l’épiderme refroidi par ce qu’il n’aurait sans doute pas dû prononcer. Pas aussi tôt.

La culpabilité le ronge comme une trainée poudreuse, grignotant ses sens endoloris par l’égoïsme d’avoir osé délivrer des termes lorsque son compagnon n’est pas prêt à l’entendre, en connaissance de cause. Chaque souffle sur la peau est comme un éloge à la perfection qui se dégage devant lui, y laissant des baisers dans un délicieux message d’affection profonde. Et même ses phalanges frôlent comme on idolâtre sans toutefois le souiller de sa marque. Il éteint les exclamations par des succions plus appuyées, il murmure des « chut » du bout des lippes dès que la voix de Nova essaie de s’éclairer dans la chambre.

Il ne lui laisse aucun moment de répit. Ayant retrouvé le dessus sur la silhouette de son petit ami, plus bas contre lui, dans une cajolerie digne de ce qu’il mérite de recevoir. Consciencieux dans sa démarche, appuyant les pouces à la lisière du survêtement pour cloisonner la bouche de son homologue a davantage de surprise. Qu’il ne s’oblige à rien, puisque l’aîné sera capable de tout lui donner. Sans craindre le rejet, pas même l’arrêt et encore moins de continuer. L’esprit se découpe de manière méthodique, le temps suspendu ce qu’il offre sans besoin de retour. Il n’en a pas besoin. Il n’a jamais été la priorité de qui que ce soit dans ce monde et ne persévère plus à essayer de l’être.

Pourquoi bloque-t-il pour quelques mots ? Ils sont assez difficile à dire, pour la plupart des gens. Sont-ils aussi compliqué à entendre ? Pour quelques uns comme lui, qui ne savent pas comment les recevoir, ni les retourner directement. Une part de lui éprouve une profonde déception envers lui-même, de ne pas être capable de répondre par, ne serait-ce, deux petits mots. Moi aussi, juste ça, sans fioriture. à la place, il reste pantois devant son copain, les lèvres s'ouvrant et se fermant, sans aucun son sortant. La dernière fois qu'il a entendu que quelqu'un l'aimait, c'était ses parents. Et il n'a jamais su le dire en retour non plus, comme si ce n'était pas nécessaire de le formuler par les mots, quand il le montrait assez bien dans son comportement. Nova est ce genre de gamin, peu expressif sur ce qu'il éprouve, mais assez démonstratif quand il tient à quelqu'un. Néanmoins, il n'a pas songé une seule seconde qu'Eero voudrait l'entendre avouer, se confesser, se déclarer. Ou peu importe comme ils nomment cela.

Il sait que son partenaire revient vers lui pour le distraire, pour lui faire oublier cet épisode un peu froid où le phénix est resté de marbre. Ce dernier se sent idiot, même s'il cherchait une excuse pour se faire comprendre, rien ne serait assez suffisant. Eero détourne son attention par des embrassades, sous l'intention de ramener la chaleur entre eux et de vider la psyché encombrée de son cadet. Il patauge un peu, le brunet, avec ses propres sentiments. Dans un sens, ça l'agace, parce qu'il aimerait être plus expressif sur ce plan-là, plus sincère et direct, plutôt que passer pour un imbécile sans cervelle. Ce n'est pas le fait qu'il délivre ces termes qui est dérangeant, mais que le plus jeune ne soit pas encore capable de les entendre, de les assimiler ou juste de les rendre en échange.

››› Eero... Attends... S'il te plait...

Quelque chose l'embête, mais son compagnon ne le laisse pas parler, le couvrant de délicatesse dans un besoin de le faire doucement taire. Au final, celui-ci pince les lèvres en gardant les mots pour lui. Eero est déjà revenu à la charge, parsemant son épiderme de ses lippes et apportant quelques soubresauts quand il se rapproche de quelques sensibleries. Peut-être n'est-ce pas le moment d'entamer un sujet sensible, surtout pas dans leur condition. Nova passe l'éponge, se concentrant davantage sur les intentions du plus vieux. Les lèvres serrées se défont pour délivrer des soupirs discrets, alors qu'il porte sa main dans les mèches brunes du dragon. Simplement, peut-être pour attirer son attention et lui laissé une fine esquisse avec un sentiment coupable. Il aimerait lui demander ce qu'ils comptent faire ensuite, mais il craint de gâcher un peu plus l'ambiance. Sur fond d'un film servant uniquement à donner l'illusion d'un moment paisible, quand les deux garçons se font face avec plus d'intimité. Il le laisse faire, sans chercher à l'arrêter, mais en lui faisant comprendre qu'il est d'accord pour tout ce qu'il décide en cet instant.

Il le contraint.
Soupirant contre sa peau, il octroie un sens inverse, pour ne délaisser aucune zone. Des baisers papillons dans un compliment attaché. Comme des marques légères d’un admirateur auprès de son idole, dont il laisse sa présence par ce procédé, avant de disparaitre de cette grandeur qui poursuivra sa vie sans la sienne. Il s’y résout, avec toute la douleur et la peine qui boursoufle son cœur déjà bien abîmé, ayant choisi ses pénalités dès l’instant où sa romance a parcouru son myocarde pour cet idiot. En remontant vers les lèvres, entiché comme il ne peut se le permettre, même si cela réside dans un unique sens, lent dans la démarche, étirant les secondes de ce petit paradis que le phénix lui offre.

— Ne te force pas, Nova. Je ne te demande rien, d’accord ? Il lui octroie un baiser sur le front. Je le sais. Tu n’as pas besoin de le dire, je le sais.

Il l’espère du moins. Le dragon fait de son mieux, en sachant que ce n’est pas suffisant, qu’il devra fournir encore pour que l’autre puisse être assez confiant et lui dire tout ce qui lui passe par la tête. S’il demande concernant sa famille, ses traumatismes, ses pensées, il ouvrira les lèvres pour répondre à sa requête. S’il lui stipule de sortir de sa cage pour sauter, il y répondra tout en s’écrasant, tant que l’oiseau de feu vole et enflamme le ciel de sa silhouette. De son espace, saisissant qu’il est pour lui et être si désolé de le priver de tant de choses qu’il mérite.

— Je peux au moins me féliciter de réussir à te rendre pantois, l’oiseau. Plus un mot, s’essaie-t-il dans un humour hasardeux, tout en offrant un baiser sur les lèvres. Mais bien des soupirs agréables à l’oreille. Encore un sur la mâchoire. Que veux-tu que je fasse ? Tu es bien docile, tu me laisses tout faire ?

Il ne commande pas, bien que des deux, Eero a toujours pris les initiatives. Comme en ce moment, sans leur haut et à la frontière de se débarrasser du reste. Parce qu’il sait très bien que son partenaire n’est pas doué avec le vocabulaire et encore moins sur les sentiments. Il a appris tant de choses sur lui, se fichant bien si ce n’est pas réciproque, s’il ne s’est jamais intéressé à lui. Ou du moins, pas de la même mesure qu’il peut, quand il revient vers la nuque et ailleurs, s’installant avec confort entre les jambes de son homologue qu’il écarte pour enrouler celles-ci autour de sa taille. Et ainsi lui faire comprendre que sa place est ici. Qu’il ne part pas, que rien ne change du plan initial. Ce n’est pas parce qu’il est incapable de l’aimer en retour, ou de le dire de vive voix, que l’aîné va se dérober. Il essaie de lui faire gagner en confiance. Il sera capable pour deux, il pourra tout faire pour lui, même si rien ne vient jamais. Tant qu’il ne l’abandonne pas, il se contentera de ses bras autour de sa nuque et de cet échange intime.

Eero ne comprend pas.
Rien n'est à sens unique, rien ne vient que d'un seul côté. Ce n'est pas parce qu'il a du mal à exprimer ce qu'il ressent, qu'il ne le ressent pas. Son cœur bat la chamade à ses côtés, son esprit est parasité par la pensée de le revoir quand l'absence se fait trop longue. Il n'y a pas un instant où il ne songe pas à lui, d'une manière ou d'une autre, à s'inquiéter dès qu'il ne répond pas à ses textos. Nova ne veut pas qu'il pense qu'il ne l'aime pas, du moins, pas de la même manière. C'est faux, il s'est épris de lui à une intensité similaire, de deux âmes qui s'apprivoisent pour mieux fusionner par la suite. ça l'agace de ressentir ce blocage et d'avoir l'impression que son aîné recule par sa faute. Il ne se force pas, il ne s'est jamais forcé à quoi que ce soit. Bien qu'il ne sache pas comment lui répondre, ni ce qu'il peut savoir de lui.

››› Non, tu ne sais pas... C'est bien ça le souci. Ce n'est pas contre toi.

ça ne dépend pas des efforts du dragon, ni de croire que son cadet n'a pas suffisamment confiance en lui pour rendre ces quelques mots. ça ne dépend pas de l'autre, mais de lui-même. De trouver son propre équilibre pour ne pas avoir l'impression de chuter au moindre petit faux pas. L'incertitude dans son ombre, à le suivre partout où il déambule. La crainte de le perdre, mais aussi celle de le pousser à disparaître plus rapidement. De ne pas être confiant de ses propres atouts, après tellement de temps à entendre qu'il n'était rien de plus qu'un homme misérable et détestable. Il ne veut pas le malheur de son compagnon, ni de l'attrister à cause de son manque de répondant ou de sa fâcheuse manie à ne pas accepter les choses comme elles viennent, avec aisance.

Il a raison, l'oiseau est pantois, étrangement silencieux. Le bec cloué, dévoré par les baisers. Ses rétines restent ancrées dans celles de son vis-à-vis, les sourcils légèrement froncés. Il l'aime, d'une façon si intense, qu'il ne sait même pas comment doser pour ne pas partir en fumée. Et dans les yeux du dragon, ce n'est peut-être rien de plus qu'un enfant perdu, égaré. Ce même môme qui retient son souffle quand les lèvres dévient vers la mâchoire, tout en soulignant son comportement conciliant.

››› Tu peux tout faire, je te laisse faire ce que tu veux. Même s'il ne sait pas dire "je t'aime", il sait l'exprimer d'une autre manière. Je ne force en rien.

Que ce soit clair pour Eero, il ne se force pas à faire les choses. Ses jambes s'enroulent autour de la taille, les yeux toujours sur le visage pour comprendre ce qu'il cherche à faire. Nova revient sur les lèvres, sa main derrière la nuque pour le rapprocher et l'embrasser.

››› J'ai envie de tellement de choses avec toi. Tout ce que tu peux imaginer ou ne même pas concevoir. Tout. Absolument tout.

Qui ne lui en veuille pas pour sa réaction ou pour son manque de réponse. Cela lui viendra bien tôt ou tard, avec quelques efforts pour apprendre à s'exprimer pleinement.

La ligne de ses lèvres se soulève avec finesse, sous les baisers qu’il dépose à la lisière de la mâchoire et de la nuque de son partenaire tout aussi doux que lui.

— Je sais, Nova. Tu as toujours fait ce que tu as eu envie.

Il ne peut pas lui retirer cela, malgré ses doutes et ses craintes concernant tant de domaines. Parce qu’il aime un peu de trop, de manière maladroite et déséquilibrée, tout en essayant de prendre confiance en sa propre personne. Cette tâche est complexe, même quand il s’échoue sur les coudes pour se laisser entrainer dans un nouveau baiser qui fait languir, restant ainsi dans une certaine proximité avec son adorable partenaire. Tout lui parait si complexe pour des raisons qu’il ignore. Ou qu’il ne veut pas saisir pour le moment.

— On est deux alors. Mais je le sais, tu m’insultes et tu t’offusques assez en message pour me le faire comprendre, hum. Je t’aime comme tu es, chiant ou adorable. Juste toi.

Il fredonne tout de même sa réponse, caressant du bout de ses chaires l’épiderme qu’il trouve sous lui. En espérant lui faire entrer dans sa caboche qu’il n’a pas à se sentir coupable de quoi que ce soit. S’il ne peut pas expliciter ses sentiments, le dragon engagera les termes à sa place, jusqu’à entendre ce retour qui lui fera gonfler son cœur d’amour, plus qu’il ne l’est déjà. Il ne peut pas nier la peine que le manque de réponse octroie, cependant, il conçoit cela. Le phénix n’est pas expansif et il sera assez patient pour en être surpris le jour où celui-ci lui dévoilera la totalité de ce qu’il ressent.

— Maintenant que tu me donnes ton aval pour tout. Tu me laisses prendre soin de toi ?

La question semble vague, bien qu’il essaie de faire comprendre la nuance au vu de leur position et de ce moment privilégier entre ces idiots qui partagent la même chose, sans être honnête dans sa totalité. S’il le lui dit par les mots, le plus âgé aimerait approfondir le sujet par le biais des gestes, de ses cajoleries, de son regard éperdu. Il n’en a pas le besoin, mais éprouve une nécessité de le combler, pour se souvenir de leur première soirée qui se répètera – dans la mesure du raisonnable, pour la pauvre âme de sa colocataire. Des petits rien pour en faire un grand tout, c’est ce qu’il désire lui offrir. Une partie de lui pour en faire un " eux. ". Sans doute un peu moins, mais toujours un peu plus.  

Est-ce une reproche qu'il lui fait ? Ce n'est peut-être qu'une simple vérité qu'il ne peut pas nier, ni contredire. Nova en a toujours fait qu'à sa tête, dans tous les cas et dans toutes les situations, peu importe la personne face à lui. Il ne comprend pas pourquoi les choses sont si compliquées entre eux, quand ça paraît si simple chez les autres. S'il admettait plus aisément ses sentiments ou ses craintes, ce qui lui passe par la tête, tout serait moins difficile. Ce n'est pas le moment de penser à ça, surtout quand ils s'embrassent ou s'abandonnent un peu plus l'un à l'autre. Le brunet râle légèrement au commentaire du plus vieux, tel un enfant qu'on gronde pour son mauvais comportement.

››› J'ai vraiment l'impression que tu me fais des reproches. Marmonne-t-il en fusillant son aîné d'un regard courroucé. C'est bon, j'ai compris.

Qu'il l'aime, il l'aime comme il est. Nova souffle un peu du nez comme un buffle, mais n'ajoute rien de plus pour se plaindre. De toute évidence, les lèvres de Eero change rapidement son tempérament, le radoucissant au passage. Ses prunelles suivent les mouvements, pendant que son cerveau travaille en silence. Il n'est pas stupide, il voit bien dans quoi ils s'engagent tous les deux. Le dragon n'est plus seulement son ami d'enfance, mais bien plus que ça dorénavant. Alors pourquoi n'arrive-t-il pas à rendre ces quelques mots ? D'habitude, il n'a aucun mal à dire les choses, mais tout paraît différent avec Eero. En même temps, il ne dit jamais ce qu'il ressent, mais il le fait comprendre à sa manière, par les gestes et les insultes. Là, c'est tout autre chose qu'une colère, c'est bien au-delà de ce qu'il sait exprimer naturellement, sous le coup des émotions.

››› Tu as déjà ta réponse, bon sang. Tu attends quoi pour faire quelque chose ?

Cet idiot le fait patienter, sans savoir ce qu'il compte réellement faire par la suite. Le phénix ronchonne encore, venant pincer les côtes du plus grand pour le chercher. Que peut-il bien attendre de lui ou de cette soirée ? Nova n'est pas du genre pressé, pour le coup, mais plutôt à savourer ce moment paisible avec son aîné. Il a envie que ce soit doux et reposant, loin des tensions quotidiennes ou du stress octroyé par les entraînements, les missions, etc. Que ce ne soit qu'eux deux dans cette chambre, rien de plus.

››› Tu comptes faire quoi au juste ? Parce que tu me rends curieux... M'exprimer ton amour avec tes lèvres ? Ou me forcer à dire ce que tu veux entendre en me poussant à bout ? Il le taquine, jouant lentement avec le feu.

Il lâche un rire sous la pression exercée à ses côtes, amusé par la tournure de cette situation. Son cœur s’allège avec sensiblerie, essayant de vider son crâne de toutes ses craintes avec son compagnon. Il fait fi du rejet verbal pour se concentrer sur le plaisir immédiat, afin d’apaiser les torpeurs des deux côtés et que rien ne changera malgré ce manque. Il conserve l’espoir de l’entendre un jour, bordant son myocarde de bonheur et tarissant les yeux de leur tristesse.

— Hum, hum.   Il dodeline de la tête.   L’idée même de te montrer à quelle ampleur et de toutes les manières dont je t’aime, je crois que cette possibilité me plaît.  

Il chasse, avec une forte volonté, le reste qu’il ne veut pas obliger auprès de son partenaire. Ce n’est pas arrivé au bon moment et cela ne viendra pas plus par la suite, offrant un désordre qu’il se doit se réparer après sa confession. Peut-être un peu trop tôt, néanmoins, avec la culpabilité qui se mêle aux doutes et sans savoir s’il le regrette de l’avoir prononcé ainsi. Il ne veut rien entendre de plus que la satisfaction découlant des lèvres qui seront surprises, ajoutant un brun d’adoration qui lui octroie en sa compagnie. Il peut tout lui offrir, son monde, sa vie, tout de lui et le meilleur de ce qu’il peut lui offrir, avec un baiser. Pour le faire taire, cet oisillon qui geint beaucoup, mais qui ne fait pas grand-chose à côté.

[PETITS CHENAPANS, C’EST FINI LA LECTURE]

Eero semble avoir beaucoup moins de difficulté à employer ces trois mots pour décrire ce qu'il ressent envers son cadet. Celui-ci l'écoute à chaque fois et, à chaque fois, il est surpris de l'entendre. Ce ne sont que trois mots, rien de très compliqué à prononcer, alors pourquoi est-ce si difficile pour lui ? Nova préfère ne pas s'attarder là-dessus pour le moment, ça finira bien par se débloquer un jour et devenir plus fluide pour lui aussi. Dans l'immédiat, il se concentre sur son petit ami et sur ce qu'il peut avoir en tête actuellement. Il ne lui en veut pas de l'avoir dit, ni de le redire autant de fois qu'il le faut pour que l'autre comprenne et l'enregistre. Eero ne doit pas penser à mal face à la réaction du plus jeune, mais plutôt de se dire qu'il pourrait mieux l'accueillir à l'avenir. Tout est une question d'habitude avec le jeune phénix, comme de le voir si docile face aux actions de son aîné.