(tw) not again

– Vous croyez sincèrement que vos traumatismes peuvent n’avoir aucun impact sur votre entourage ? lui demandé-je, les sourcils haussés sous ma perplexité. Si tel est le cas… Honnêtement, éloignez-vous immédiatement de ces personnes, parce que cela voudrait dire qu’elles ne prennent pas vos maux en considération.

Je relève l’index, comme pour illustrer mes propos de façon plus théâtrale pour ne pas dire burlesque. Même si j’exagère volontairement mes propos, je comprends parfaitement ce qu’il essaie de me dire. Sa maladresse est touchante, même s’il s’en sert pour se dénigrer davantage.

– Vous ne pourrez jamais changer votre passé. Il est ancré en vous pour toujours… L’accepter et cesser de vous le reprocher serait peut-être un bon début pour vous permettre d’aller de l’avant et de pouvoir profiter du moment présent. Quoique vous en pensiez, vous le méritez, Eero.

Je lui offre un énième sourire. Celui-ci est plus doux que les précédents. La situation ne m’amuse pas, mais elle me touche très sincèrement.

– Je crois que les humains possèdent plusieurs facettes… comme une pièce. Il y a ce que l'on montre et ce que l’on est. Ce qui existe pour les autres et ce qui n’apparaît que dans l'intimité.

Je suis bordélique, c'est un fait. Même s'il existe peu de témoins pour l’exposer. Je fais partie de ces personnes qui s’interdisent de ranger. Mes affaires traînent partout dans mon appartement comme si je m'interdisais de leur trouver une place quelque part. Ce n’est pas sale, loin de là… Mais beaucoup de choses restent enfermées dans mes cartons, d’autres reposent au-dessus…comme si je me tenais prête à déménager à tout moment.
J’ai bien conscience de mon instabilité. Le désordre que je m’impose au quotidien en est la preuve. Je comble le vide visuel en posant un livre sur une table, une pile de linge propre sur une étagère, du courrier sur le plan de travail de la cuisine. Mais j’ai beau le savoir, je ne fais strictement rien pour changer cela parce que le vide m’angoisse.

– Ces limites, vous vous les imposez, Eero, ajouté-je. La seule personne qui vous empêche de vivre votre vie comme vous le souhaitez, c'est vous-même. En prendre conscience est déjà une étape en soi.

J'ai mis longtemps à le comprendre moi-même en collant mon désarroi sur le dos de mes parents. C'était facile. Rassurant peut-être… parce qu’à mes yeux, il n’y avait pas d'autres responsables. Mais c'était faux bien-sûr. J'avais fait le choix de les écouter, de les croire… Et pourtant, rien ne m'empêchait de me réveiller, surtout une fois devenue adulte et indépendante.

– Concernant les pâtisseries, je vous crois sans peine. Un jour j'ai eu l’idée de m’essayer à l’art des macarons… Ce fut un carnage. Mon four ne s'en est jamais remis, pouffé-je avec plus de légèreté avant de me concentrer sur la suite.

Je suis plutôt triste de l’entendre exprimer son ressenti envers les autres. Personne ne devrait jamais avoir l'impression d'être gênant et encore moins encombrant. Je comprends qu’il lutte constamment contre lui-même, mais je suis certaine qu’ils sont bien peu nombreux à penser cela de lui.

– Je ne suis pourtant pas différente des autres… Et je ne pense pas de telles choses à votre propos, précisé-je. Et je suis convaincue que ce n’est pas non plus le cas des personnes qui vous entourent et qui vous aiment. Cette impression vient uniquement de vous, Eero. Parce que vous êtes persuadé que vous ne méritez pas leur attention. Mais… S’ils vous aiment, malgré tout… Ce n’est certainement pas sans raison.

Cette fois, je ne résiste pas et saisis sa main. Je l’enserre doucement dans ma poigne comme pour essayer de le marquer, de lui faire comprendre que même s’il pense le contraire, il mérite amplement leur affection.

– Je me le répète chaque jour … À chaque fois que je doute, que j’ai peur…Je me dis que je suis seule maîtresse de mon évolution. Et puis surtout… J’ai appris à me tenir loin de tout ce qui me fait souffrir.

Avec mes parents, j'ai instauré une certaine distance. Je ne les ai que très rarement au téléphone et, chaque fois, nous nous contentons d’échanger quelques banalités. Rien de plus. Avec mes frères, c'est différent. L’un d’eux m’indiffère tandis que l'autre se montre bien plus ouvert et patient. Pour le meilleur comme pour le pire, j’accepte que mes amitiés et mes amours restent éphémères. Enfin … j’essaie.

– Mais il y a une grande différence entre les liens qui nous rapprochent et ceux qui nous retiennent prisonniers, conclus-je avant de relâcher sa main. Il est essentiel de faire la différence pour espérer voir les choses correctement… et se préserver de la toxicité de certains. Si un lien vous met mal à l’aise, c'est qu'il est toxique…

Contrairement à lui, je ne cuisine que pour moi. À dire vrai, il ne s’agit pas là d’une volonté de ma part, mais seulement d’un triste constat. Je n’ai jamais eu le loisirs de partager les repas préparés par mes soins avec quiconque. Enfin… Cela ne me gêne pas vraiment en réalité, en tout cas aujourd’hui. C'est comme “ça”, c’est tout. Je m’y suis habituée.

– Je cuisine généralement les mêmes choses, même s’il m’arrive d'innover en testant de nouvelles recettes, que je réponds en songeant que cela fait belle lurette que je n’ai plus vraiment tenté la nouveauté. J’aime beaucoup la pâtisserie, mais j’évite d’en faire trop souvent… Je déteste faire les boutiques et cela m’ennuierait de devoir racheter des vêtements parce que je ne rentre plus dans les miens.

Cette phrase n’est en rien anodine puisque je viens ainsi d’avouer ma grande solitude, même si, contrairement à d’autres, je ne subis pas vraiment cette dernière. Au contraire, j’ai plutôt tendance à la rechercher. J’aime le calme et la sécurité octroyés par cet isolement volontaire.
La question qui suit me déstabilise quelque peu, bien que celle-ci ne soulève aucune découverte. J’ai déjà parfaitement conscience de ma piètre estime de soi et de ce manque de confiance qui me pousse à rejeter les sentiments des autres. Du moins, ceux portés à mon encontre.

– Non, lâché-je sans détour, mon sempiternel sourire toujours flanqué sur les lèvres. J’en suis totalement incapable.

Je le dis sur le même ton que si je venais d’annoncer que j’arrêtais de fumer. Il n’y a pas de regrets dans ma voix, seulement une vérité des plus neutres que j’ai appris à accepter. Je n'attends plus rien des autres et s’il m’arrive encore de m’ouvrir à certain, je ne le fait que pour moi. C'est peut-être bizarre, mais je suis ainsi faite.

– À vrai dire, ce n’est plus aussi difficile qu'autrefois. Avant j'avais des remords, des regrets … Aujourd'hui, mon coeur se ferme à la moindre blessure. Je tire un trait sur tout ce qui me fait souffrir. Il m'arrive également de changer d’environnement pour simplement recommencer ailleurs. Débuter sur une page blanche. Je ne dis pas que c’est la meilleure chose à faire, c'est seulement ma façon de fonctionner.

Je n’ai pas de recette magique. La relaxation, le sport ou autre défouloir, je les laisse aux autres. Je n’ai jamais su en user pour me soulager. Si je cours, c'est uniquement parce que j’aime cela… Et parce que cela me permet de réfléchir sur des sujets autrement plus concrets.

– Tous les moyens sont bons pourvu qu’ils collent à votre personnalité. Ce qui fonctionne pour untel, ne fonctionnera pas forcément pour vous. C'est à vous de trouver l’exutoire qui vous correspond. Cela peut aller de la danse, à la boxe en passant par l’écriture, la peinture ou même le théâtre.

La suite de ses allégations me pousse à sourire davantage. Je peux comprendre son raisonnement. Après tout, il reste focalisé sur son état psychologique sans réellement prêter attention à la force des autres. C'est dommage…

– Hm… Et si, au lieu de penser que vous pouvez les entraîner vers le bas, vous leur laissiez la possibilité de vous entraîner vers le haut ? lui demandé-je en haussant les sourcils. Vous semblez croire que les relations humaines sont à sens unique et que vous êtes seul responsable de leur issue, mais c'est faux. Alors, la prochaine fois qu’on vous tend la main, essayez de vous laisser aller. Vous verrez que l’impulsion ne vient pas de vous…

Je ne saurais dire pourquoi il prend cette mine attristée chaque fois qu'il parle de s’exprimer. L’idée d’expliquer à ses proches qu'il se sent émotionnellement instable n'est pourtant pas si mauvaise.

– Au contraire, allez-y, parlez-leur de vos émotions. Dites-leur que vous vous sentez mal, expliquez-leur pourquoi. Je sais que cela fait peur et c'est parfaitement logique … Mais comment voulez-vous qu’ils vous acceptent s'ils ne savent rien de vous ? Alors certes, ce n’est pas facile …Mais c'est comme pour les macarons, parfois il faut juste oser se lancer.

Il est toujours délicat d’encourager une personne à faire ce qui est juste quand on en est soi-même totalement incapable. “Fais ce que je dis, pas ce que je fais”. C'est tellement hypocrite après tout. Je sais pertinemment que je ne suis pas un modèle à suivre, bien au contraire. J'ai moi-même de très nombreuses failles contre lesquelles je lutte plus ou moins efficacement. Se tenir aussi loin que possible de ses problèmes fonctionne peut-être durant un temps, mais la fuite n’est pas une solution viable sur le long terme. J’en ai conscience et c'est bien pour cela que je veille à ne surtout pas l’inspirer à faire de même.
Ses peurs, je les comprends parfaitement, parce que je ressens exactement les mêmes. Malgré ma franchise et mon honnêteté, j'éprouve toujours la crainte de trop m’imposer et de déranger les autres. C'est probablement pour cela que tisser des liens avec autrui m’est aussi difficile. Je ne me livre jamais entièrement. Je reste vague. Je me protège en quelque sorte et ce… Par peur d'être déçue. Le rejet, l’abandon, j'évite de m’en préoccuper même si ce n’est jamais agréable. Je vis pour moi en limitant autant que possible les interactions que je juge inutiles. Je n’ai pas besoin d'eux. Ils n’ont pas besoin de moi … Et même si je suis totalement incapable de tourner le dos à une personne en détresse, je veille à préserver cette distance invisible. Des relations de surface, voilà tout. Des amitiés fugaces, à usage unique dont on se débarrasse facilement sans éprouver le moindre regret. Je m’en satisfait comme je peux… Du moins, j’essaie…
Mais avec de telles convictions, comment aider ce jeune homme qui aspire à des relations bien plus réelles. Eero souhaite évoluer avec les autres et non pas en marge comme moi je le fais. Il veut être aimé, soutenu et accepté… Alors, que pourrais-je lui répondre ?

– C'est peut-être une question ridicule mais … avez-vous essayé d'écrire une sorte de journal intime ? Il est parfois plus aisé de se confier de cette manière puisque nous n’attendons pas de réponse particulière. Ou des lettres que vous adresseriez à vos proches sans pour autant les envoyer si vous ne le souhaitez pas.

Je me suis moi-même prêté à ce dernier exercice durant mes études, même si le sens différait grandement… Juste après la rupture de mes fiançailles, j’ai écrit une lettre à toutes les personnes m'ayant blessé un jour. J’y exprimais mes sentiments, mais surtout tous les reproches que je n’osais formuler à voix haute. Une fois rédigées, je les ai brûlé, l’une après l’autre et je dois bien avouer que cela m’a fait le plus grand bien. Me détacher ensuite fut bien plus aisé. Néanmoins, je suppose que l’on peut adapter la symbolique avec d’autres émotions… Ou simplement oser se confier à travers ces plis pour ensuite l’offrir à la personne à qui l’on le destinait.

– Vous n'êtes pas cassé, soufflé-je. Abîmé, peut-être … Ébréché, sans doute… Mais certainement pas brisé. Vous avez encore la possibilité de vous consolider.

Sa dernière question m’arrache un fou rire… Me voilà prise au piège avec mon hypocrisie. Pour autant, je ne me sens pas capable de lui mentir. Hors de question…

– Non. A vrai dire, j’ai plutôt tendance à me renfermer sur moi-même lorsque je ne vais pas bien. Ce n'est pas non plus la meilleure chose à faire. Alors ne faites surtout pas ça. En revanche, j’essaie autant que possible de transformer mon mal-être en quelque chose de plus positif. Je dessine par exemple. Ce n’est pas spécialement constructif, cela ne m'apporte aucune solution… Mais ça me permet de refouler mes émotions en les couchant sur papier.

Cela me défoule, il est vrai. C'est ainsi que j’entame mes petites introspections qui, parfois, parviennent à me soulager. Mais c'est un leurre, une échappatoire qui ne m’aide pas à affronter la situation de manière saine et viable.

– L’ennui, c'est que je ne fais confiance en personne…

Je vois que nous avons la fuite en commun, même si cette dernière revêt une forme différente de la mienne. Il fuit ce qu’il est, l'image qu’il se renvoie à lui-même. Rejeter son propre reflet n’est jamais anodin. C'est même le premier acte qui mène à l’autodestruction.

– Comment voulez-vous que les autres vous acceptent si vous êtes incapable d’accepter ce que vous êtes ? lui demandé-je avant de cueillir un brin d’herbe. Je l’observe quelques secondes avant de le lui tendre. Même coupé , même arraché à la terre, cela reste de l’herbe… Je pourrais la couper en petit morceaux, la hacher menue, cela ne changerait strictement rien à sa nature… C'est valable pour vous, c'est valable pour moi et pour chacun de nous. Avant toute chose, vous restez un être humain, Eero. N’essayez pas de voir autre chose que cela pour l’instant.

Notre environnement joue peut-être sur notre construction, mais c'est encore à nous d’influencer notre propre évolution. Ne voir que les blessures, c'est rejeter l'humain pour se focaliser sur des cellules lésées, meurtries. De la chair, rien de plus… bien loin de tout ce que peut représenter l’esprit humain, bien plus complexe et intéressant qu’un vulgaire morceau de viande mutilé. Il y a du bon dans toute chose. C'est une histoire d’équilibre. Une notion simple en apparence mais qu'il est parfois nécessaire de creuser un peu… de gratter la surface pour voir ce qui se cache dessous.

– Il y a tant de choses qui vous définissent en dehors de vos souvenirs douloureux. Recherchez-les, essayez de vous les approprier et puis… Acceptez d’être ce que vous êtes sans vous préoccuper des attentes des autres…

En songeant à certaines de mes œuvres, je réalise que je n’aurais probablement pas dû utiliser le terme “positif”. Tous mes dessins ne sont pas joyeux. Ceux produits sous l’impulsion d’une émotion douloureuse sont même particulièrement sombres. N’étant pas destinés à être un jour exposés, je ne me suis jamais préoccupée de la technique. Par conséquent, la plupart sont à l’image du fouillis qui règne dans ma tête.

– Je ne suis pas particulièrement expansive lorsqu’il s’agit de moi. Disons que je n’éprouve pas le besoin de me confier, dis-je sur le ton de la réflexion.

Les autres m’ont certes déçu, mais je ne me souviens pas avoir un jour ressenti le besoin de m’exprimer sur un quelconque trouble. Il faut être courageux pour cela… Et je ne le suis malheureusement pas. Parler c’est accepter l’existence d’une problématique que je réfute. Je me réfugie dans un silence aussi oppressant que réconfortant. Je me détourne de la difficulté. Je la range dans une boîte que j’enterre quelque part dans mon esprit tout en ayant conscience, qu’un jour ou l'autre, la boîte finira forcément par s’ouvrir… L’image de ce jouet m’apparaît soudainement, le diable surgissant de sa jolie boîte à musique colorée. Ouais… C'est probablement ce qui m’attends. Mais pour l’heure, j’évite tout simplement d’y penser.

– Je suis une fuyarde après tout… pouffé-je brusquement. Non, personne. Et cela me convient parfaitement.

Malgré mes phases de doutes, j’ai toujours su qui j’étais. Je n’ai jamais essayé de lutter contre ma nature profonde, quand bien même refusais-je tout ce qui provenait de l’extérieur. Dès lors que j’ai enfin pu réaliser la toxicité de mes parents, j'ai tout fait pour m'en défaire. Hors de question pour moi de me construire selon leurs attentes et leurs espoirs. Ma vie n'appartient qu’à moi, comme il m’appartient de faire mes choix et de les assumer. Cela, je l’ai compris en constatant qu’à chacune de mes chutes, de mes erreurs, je ne trouvais jamais la moindre main tendue. Au contraire, je bénéficiais plutôt de réprimandes, de reproches. Personne n'était jamais là pour me soutenir ou m’aider à me relever. À la place, l’on me servait plutôt des “je te l’avais dit !”, “c'est bien fait pour toi !” “tu es vraiment une bonne à rien” et autre “tu aurais dû m’écouter”. Rien de bien constructif donc, alors… autant m’en passer.
Je me suis rebellée en choisissant la traumatologie à un cursus chirurgical. Je me souviens encore de la réaction de mon père et du sourire triomphant que j'affichais alors. Par ce simple fait, j’avais réussi à l'atteindre, à le blesser dans son orgueil et j’en ai tiré une grande satisfaction, même si, là encore, il refusait de me soutenir. Tant pis. J'ai travaillé dur pour financer mes études. Je n’ai pas toujours fait les bons choix, mais chacun d’eux m’a mené vers une nouvelle étape de mon existence. Finalement, j’en ai tiré la certitude que rien n’arrive jamais sans raison. Que la vie est une véritable partie de poker et qu’il n’appartient qu’à nous de tirer notre épingle du jeu. Personne ne le fera jamais pour nous, même lorsque l’on est entouré et soutenu. Notre évolution dépend des choix que nous prenons quand nous nous retrouvons face à une difficulté. Même avec un jeu pourri, nous sommes entièrement responsables de notre devenir.

– Non, pas tout le monde, heureusement. Certaines personnes n’attendent rien des autres et c'est probablement ce qui rend les relations plus saines. Vous ne pouvez pas offrir plus que vous avez, cela va de même pour les autres. En attendre plus serait même très égoïste…Enfin, à mon sens.

Nous venons tous avec notre lot de bagages. Certains sont lourds et encombrants, d’autres beaucoup plus légers. Quoiqu’il en soit, ces derniers n’appartiennent qu’à nous et nous sommes libres de les partager ou non. Il en va de même pour autrui. Je suis convaincue qu’attendre des autres qu’ils nous apportent quelque chose est totalement grotesque. Pourquoi ne pas seulement accepter ce qu’ils nous offrent d’eux-mêmes ? Pourquoi exiger toujours plus ?

– Je suis assez bien placée pour affirmer que si une personne doit partir, elle le fera. Ils sont totalement libres de faire ce choix. Vous ne pourrez pas les retenir, c'est impossible. Même si ces personnes vous soutiennent, elles ne sont en aucun cas responsables de vos attentes. Commencez plutôt par combler vos manques par vous-mêmes à travers des moyens qui vous ressemblent… Et qui ne sont ni dangereux, ni douloureux, ni toxiques…

S'il persiste à se considérer comme un enfant, autant le pousser à grandir un peu.

– Quand une personne attend de l’autre plus que ce qu’elle a réellement à offrir, c'est que cette dernière ne l’aime pas pour ce qu’elle est, mais pour ce que l’autre voudrait qu’elle soit, ajouté-je, l’index relevé. Ce n’est peut-être pas très clair, mais je tiens à vous faire comprendre que les relations humaines, même si elles sont complexes, ne doivent pas être difficiles. Évidemment, tout le monde doit apprendre à mettre un peu d'eau dans son vin. Parfois il faut savoir faire des sacrifices… Mais jamais plus que ce que vous êtes réellement capable de faire. Personne ne peut offrir plus que ce qu’elle possède.

Ses questions suivantes m'arrachent un rictus amusé. À dire vrai, je n’avais jamais envisagé la chose sous cet angle. La fuite fait effectivement partie de moi. C'est ainsi que je parviens à vivre malgré les bagages encombrants. J’arrive même à me délester de certains en partant. Pas tous, évidemment… Mais quelques-uns sont plus faciles à laisser derrière moi.

– Aucune idée. Mais c'est le meilleur moyen que j'ai trouvé pour continuer à avancer en évitant de m’encombrer l'esprit, pouffé-je. Mais je persiste à dire que ce n’est pas forcément la meilleure solution.

J’assume totalement cette partie de moi et ce, même s’il m’arrive de souffrir de la solitude. C'est rare, mais cela arrive malgré tout.

– Je vous en prie. Sentez-vous libre de venir me voir quand vous en ressentez le besoin. Je vous ai laissé ma carte. Je trouverai toujours du temps pour discuter avec vous, assuré-je en souriant franchement.